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Chapitre IV : Le manager face aux problèmes et à l'environnement

Fiche 02 : L'approche analytique : le " noeud borroméen "

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  • Publié le 1 déc. 2017
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8 chapitres / 64 fiches

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Équilibrer réalité, symbolique et imaginaire

En résumé

Le modèle (RSI) - Réalité, Symbolique, Imaginaire - est inspiré de ce que Jacques Lacan a appelé le " noeud borroméen ". Utilisé par les psychanalystes lacaniens, il peut l'être aussi par les managers. Ce modèle permet de réaliser un audit des points forts et des points sensibles sur les trois dimensions de l'entreprise : la Réalité, le Symbolique et l'Imaginaire.

Par le recueil d'informations et d'observations effectué dans l'entreprise, le modèle permettra d'analyser :

  • l'acceptation par l'entreprise des Réalités qui l'entourent (forces exogènes ou endogènes) ;
  • ses possibilités de créer et de faire vivre de l'Imaginaire, notamment par le travail du manager ;
  • la relation aux codes de l'entreprise (le Symbolique), le Symbolique créant le lien et permettant l'intégration des personnes.

Le modèle promeut l'équilibre entre les 3 cercles RSI.


Pourquoi l'utiliser ?

Objectif

Ce modèle est un outil pour analyser le fonctionnement d'une organisation autour de trois grandes dimensions :

  • La Réalité : l'entreprise capte-t-elle la réalité de son fonctionnement, de son environnement ?
  • L'Imaginaire : dans ce modèle, l'Imaginaire est celui que l'on donne au personnel par les projets, l'ambition des objectifs.
  • Le Symbolique : fait référence aux codes existants dans l'entreprise, et à tout ce qui est de l'ordre du lien.

Contexte

Inspiré par Jacques Lacan, ce concept du noeud borroméen peut être utilisé par les managers pour réaliser l'audit de l'entreprise ou de leur service en visant l'équilibre entre les trois cercles du modèle.

Comment l'utiliser ?

Étapes

C'est la technique de l'entretien et le recueil des faits observables qui permettra au consultant de réaliser l'audit de l'entreprise :

  • Le cercle Réalité. C'est voir et accepter les choses telles qu'elles sont, ne pas masquer les problèmes, avoir mis en place les réseaux de veille nécessaires (veille concurrentielle, veille sociologique).
  • Le cercle Symbolique. C'est ce qui crée le lien entre les individus. Les personnes ne peuvent vivre ensemble que parce qu'elles respectent les mêmes codes. Chaque entreprise a sa symbolique, ses codes, son langage.
  • Le cercle de l'Imaginaire. Vivre son Imaginaire dans l'entreprise :

    • c'est se projeter dans l'avenir, s'identifier à l'image positive de son entreprise, à son prestige ;
    • avoir des projets, des objectifs ambitieux, des politiques de recherche et développement ;
    • c'est aussi le charisme du manager, l'image des dirigeants.

    Dans la dernière étape, le manager doit constater l'équilibre des 3 cercles. Les dysfonctionnements étant :

    • la négation de la Réalité : on ne veut pas voir les changements ;
    • l'hypertrophie du Symbolique : trop d'importance donnée aux codes (le bureau, la place de parking, la voiture de fonction...) ;
    • l'hypotrophie de l'Imaginaire. Si les maîtres-mots de l'entreprise sont " plan social " ou " réduction des coûts " : pas moyen de créer de l'Imaginaire !

Méthodologie et conseils

Au cours de la présentation de la synthèse, votre équipe se montrer susceptible, notamment lors de l'analyse du cercle " Symbolique ". Certains peuvent avoir du mal à accepter que leur soit démontré leur syndrome de la moquette, leur hypertrophie du Symbolique et se prennent pour leur rôle sans recul, sans distance.

Avantages

  • Ce modèle est encore peu connu des managers ; il vous fera donc apparaître comme original.
  • Il est facilement compris par les dirigeants et par les divers personnels.

Précautions à prendre

  • Il faut recueillir les informations en faisant preuve du plus d'objectivité possible.
  • Pour éviter l'effet boomerang, présenter ce modèle comme une perception et non une vérité en soi !

Comment être plus efficace ?

Le modèle RSI demande une certaine finesse d'analyse de la part du manager. Celui-ci devra se méfier des discours ou autres injonctions des personnes interviewées. Seule une véritable analyse de contenu et une observation des rites de l'entreprise lui permettra d'avoir une vue juste des trois dimensions.

Observer les rites de l'entreprise

La dimension de la Réalité :

  • L'entreprise confond-elle la réalité avec sa propre perception ? Sait-elle voir la Réalité en face et telle qu'elle est ?
  • Appréhende-t-elle la réalité de l'environnement, le marché, les produits, les consommateurs, le métier, les problématiques de son secteur ?
  • L'entreprise est-elle dans la même perspective que ce fabricant de bougies qui, voyant arriver l'électricité, se dit : " ça ne marchera jamais ". On parlera alors de négation de la Réalité.

La dimension du Symbolique :

  • Identifier les symboles de l'entreprise, les codes. Repérer tout ce qui crée du lien, du sentiment d'appartenance. Il faut repérer si les codes sont porteurs d'énergie, d'attitudes réactionnaires, ou de tranquillité passive...
  • À quoi servent les réunions, les conventions, les divers discours des dirigeants ? Que disent les locaux, les bureaux sur le trop ou trop peu de symbolique ?
  • La dimension de l'Imaginaire :
  • Le manager doit savoir où se situe l'Imaginaire de l'entreprise. Les produits, l'organisation, le manager lui-même, est-il porteur d'Imaginaire ? Les objectifs, les modes de management, les signes de reconnaissance, les systèmes de récompense contribuent-ils à l'Imaginaire des personnels ?
  • Partant du principe que l'on ne peut vivre sans Imaginaire et que l'on vit dans l'entreprise un nombre raisonnable (ou irraisonnable) d'heures, on se posera la question du manager créateur d'imaginaire individuel ou collectif.

Rechercher l'équilibre

Pour l'entreprise, pour un département ou un service, rechercher l'équilibre entre la Réalité, le Symbolique et l'Imaginaire est une nécessité.

  • Réalité : regarder la réalité en face. Ne pas avoir peur des indicateurs de performance, des outils d'évaluation, des méthodes de benchmarking, des mises en place de veilles technologique, etc.
  • Imaginaire : créer de l'imaginaire. Avoir des projets, fixer des objectifs ambitieux, développer les compétences, potentialiser les personnes.
  • Symbolique : créer du lien. Avoir des codes, des rites permettant de renforcer le sentiment d'appartenance, le lien social. Se méfier des codes qui rigidifient les rôles. Prendre du recul par rapport à son propre rôle : ne jamais se prendre pour son rôle.

Jacques Pilhan, conseiller de F. Mitterrand, puis quelque temps de J. Chirac, soulignait l'importance de ce modèle et regrettait l'hypertrophie du Symbolique chez nos présidents et principaux dirigeants.

L'utilisation de ce modèle n'a rien d'automatique, il demande doigté et finesse.

CAS : Vivendi/Jean-Marie Messier

Cf. " Une boîte à outils lacanienne au service du conseil ", P. Stern, in L'Expansion management review, mars 2009.

L'Imaginaire est présent, l'ambition existe, une vraie vision se manifeste. Mais le terrain n'est pas prêt à accepter la pertinence, l'impertinence du projet jugé trop ambitieux.

Ce terrain ayant longtemps vécu dans un contexte franco-français, semble se contenter du " Parc des Princes ", alors que J.-M. Messier veut jouer dans la cour des grands. C'est le Madison Square Garden qu'il vise ! L'imaginaire, vécu comme démesuré, se déconnecte du terrain.

Sur le Symbolique, certains bien évidemment pour Jean-Marie Messier parlent de l'hypertrophie du Symbolique, notamment lors de sa luxueuse installation à Manhattan. Nous pensons que, si cela a sans doute rendu jaloux les plus médiocres membres du conseil d'administration, cela n'a pas eu d'impact réel.

Ce qui a eu un impact, c'est bien au contraire l'inexistence du Symbolique, ou pour le moins, un Symbolique fracassé. Trop d'entités vendues, trop de fusions, trop d'acquisitions ont cassé les liens entre les personnes. Vivendi a un nom, mais en aucun cas n'a créé un quelconque sentiment d'appartenance. Les liens, la reconnaissance des codes entre les différentes entités n'existent pas. Chacun se demande s'il sera là demain et quel type de croissance externe viendra signifier sa fin !

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