Les SMS s'imposent
Il paraît que c'est la plus grande invention dans le domaine de la communication depuis la généralisation des téléphones portables : les opérateurs de téléphonie ont réussi à recréer le fonctionnement du Minitel sur le mobile. Avec le SMS Plus, on peut proposer des services sans se préoccuper de la manière de les facturer, des prestations sans abonnement, payables à l'unité. Et la mobilité devient l'axe d'un bon nombre de projets dans le marketing direct, la promotion et les services.
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La mobilité est un sujet à la mode. Dans tous les secteurs qui s'adressent
au grand public, on parle de la communication mobile comme d'un canal
prometteur et presque d'un Eldorado. Mais qu'est ce que cette mobilité nouvelle
dont on ne pourrait plus se passer ? A-t-on vraiment réinventé la roue ?
Premier constat : la mobilité, ce n'est pas quelqu'un qui bouge. Ce n'est pas
un consommateur qui flane devant les vitrines. Ce n'est pas non plus le
commercial, dans sa voiture, avec l'oreillette du portable vissée à demeure sur
le crâne. La mobilité, c'est quelqu'un tranquillement assis dans un fauteuil.
Mais ce quelqu'un est nomade : chez lui ou au bureau, ou chez un client, ou
ailleurs, peu importe. On ne sait pas à l'avance où il se trouve. L'essentiel
est qu'il puisse vous joindre, vous demander les informations dont il a besoin
de toute urgence. Et que l'on puisse les lui communiquer, et aussi le contacter
à d'autres occasions pour lui faire des offres, etc. Naturellement, le
téléphone portable apparaît comme le plus petit dénominateur commun de toutes
ces situations. En fait, on attendait cette mobilité plus tôt. On pouvait lire,
en 2001, dans Centres d'Appels n° 25 : “Selon plusieurs études, dès la fin
2003, la majorité des accès à Internet se réalisera à travers des terminaux
mobiles et non plus à travers des PC, comme c'est le cas aujourd'hui”. Il est
aujourd'hui évident que cela ne sera pas le cas. En partie parce que les
terminaux mobiles n'offrent pas toutes les capacités requises pour accéder à
Internet, bien que cet argument technique apparaisse comme secondaire. Mais
surtout, et c'est l'essentiel, parce qu'en situation de mobilité, on n'a pas
besoin des mêmes informations que lorsque l'on surfe à partir de son PC. Les
conditions ne se prêtent pas à un surf statique, quand on parcourt
confortablement des dizaines de pages avant de trouver l'information. Sur le
téléphone mobile, c'est plutôt un échange de questions et de réponses, les plus
courtes possibles, taille de l'écran oblige. Ici, pour toucher le consommateur,
il faut d'abord réinventer le langage de communication. Pour ce qui est des
accès internet, les ordinateurs portables communicants et autres PDA restent
toujours de mise. Mais ce sont des outils assez lourds et surtout coûteux,
réservés de ce fait aux entreprises ou bien aux individus qui en font un usage
mixte, professionnel et privé. Le surf “mobile” sur téléphone portable, même
s'il est avantagé par la généralisation des accès GPRS, reste limité par la
taille de l'écran du téléphone. Et, comme nous sommes allés dans le sens de la
miniaturisation des équipements, il serait assez difficile de s'attendre à
avoir un écran trois fois plus grand que le téléphone lui-même. Comment caser
un maximum d'informations sur une surface étriquée ? La solution passe,
peut-être, par le courrier. Pas le courrier électronique mais l'échange des
messages déjà prévu sur tous les téléphones portables. Dans le domaine grand
public, l'heure est à la communication écrite sur le téléphone mobile. Des SMS
(Short Messages Services) revisités, et assortis d'un nouveau mode de
facturation par palier, dit “SMS Plus”. Car ce qui manquait à la communication
mobile, c'est bien cet outil de paiement… issu du vieux Minitel ! On n'a encore
rien inventé de mieux comme instrument de facturation et de reversement, selon
l'avis des professionnels.
Un univers de micro-paiements
Vous envoyez un SMS Plus à un numéro spécifique,
cet envoi est facturé avec un supplément. Le texte du message est simplifié, un
simple chiffre 1 pour dire oui, et 0 pour dire non. L'ensemble signifie “Je
souhaite recevoir telle information” ou “J'accepte votre offre” ou “Je veux
connaître le solde de mon compte”, etc. En retour, le prestataire du service
vous envoie l'information requise par un SMS ordinaire. Et l'opérateur de
téléphonie lui reverse une dîme. Les paliers tarifaires vont de cinq centimes à
1,50 euro par message envoyé. Ce n'est pas le 36 15, mais ça y ressemble ! On a
inventé le support, mais on n'a pas réinventé la logique du kiosque. Les
professionnels estiment que la facturation de 1,50 euro par acte est un maximum
raisonnable pour des services mobiles consommés à l'unité. Au-delà, les mêmes
services devraient être proposés sur abonnement. Inutile de chercher à facturer
des sommes plus importantes, la communication mobile est un univers de
micro-paiements. Le marché de la mobilité suscite un tel intérêt, que les trois
opérateurs de téléphonie mobile ont réussi à s'entendre sur un standard
universel de SMS Plus : même numéro, même grille tarifaire, même reversement
quel que soit l'opérateur. Une prouesse en soi ! Pour les grands comptes, la
mobilité doit apporter l'équivalent du marketing direct classique en version
mobile : acquisition, jeux, publicité, etc. Pour les services clients, y
compris la logistique et le SAV, la mobilité est un canal de communication qui
véhicule les informations habituelles : la demande de catalogues, la
confirmation de la commande, le déroulement de la livraison. Ici, le Texto
remplace le mail mais avec une couverture très supérieure. Enfin, la mobilité
est un vecteur de diffusion des informations à distance, pour la météo, les
services bancaires, etc. Là, le SMS vient en complément du mail. Les médias
mettent en place des services d'information sur la base de ce type de message.
Qui est déjà devenu un outil d'interaction et de vote. A noter qu'il n'était
pas nécessaire d'attendre l'apparition des SMS Plus. On pouvait déjà imaginer
une requête d'informations faite, par le biais d'un centre d'appels ou d'un
SVI, sur un numéro surtaxé : “Je demande à recevoir tel type d'information sur
mon mobile, je vous donne mon numéro”. Mais avec le SMS Plus, la démarche est
devenue plus conviviale. Les opérateurs de téléphonie mobile ont eux-mêmes
inauguré la promotion et le marketing direct par ce canal à destination de
leurs propres clients. Mais, d'autres s'y mettent : Carrefour et Gillette ont
réalisé le lancement d'un nouveau rasoir avec un jeu à travers des Textos
surtaxés, souvent à destination d'une cible jeune. « Son avantage est dans la
réactivité, très supérieure à celle des e-mails. Parfois les clients
réagissent en dix secondes », explique Catherine Livernet, responsable du
développement multicanal chez Prosodie.
Fidéliser ses clients avec la communication mobile
Ce canal est quand même souvent utilisé
en complément d'une campagne classique. Les Galeries Lafayette envoient des SMS
pour annoncer leur promotion de la semaine. Demain, elles le feront avec des
messages MMS (Multimedia Message Services, un SMS enrichi avec des images et du
son) qui offrent plus de possibilités. Mais on imagine mal une entreprise
réaffecter ses budgets de communication traditionnelle vers le SMS. Pas dans
l'état actuel des choses. Côté relation client, les financiers ont été les
premiers à apprivoiser la communication mobile à des fins de fidélisation. En
effet, c'est un moyen de connaître son solde, d'avoir le relevé de ses
opérations, de recevoir des alertes quand son compte est à découvert. Les
banques ont une vision complète de leurs clients. Elles connaissent leurs
habitudes grâce aux informations en provenance de l'agence et du centre
d'appels. Elles connaissent, aussi, le plus souvent leurs numéros de téléphone
portable. Les conditions sont alors réunies pour intégrer le canal SMS. Le
téléopérateur du centre d'appels bénéficie, ainsi, d'une vision globale des
contacts avec le client. Mais l'objectif final des banques est d'inciter leurs
clients à souscrire de nouveaux produits. Pour cela, le mobile est l'outil qui
peut les orienter vers l'agence. Une autre fonction SMS, type service d'alerte,
peut être mise en place par des compagnies de téléphone, par exemple, pour
prévenir le client que son forfait est épuisé. Le service Home Shopping de M6
utilise la communication mobile pour confirmer la réception du paiement et le
départ de la livraison. Aujourd'hui, cette entreprise est en train de
construire, en partenariat avec Prosodie, une base de données comportant les
numéros des mobiles, et réfléchit à des services enrichis. La RATP, pour sa
part, a mis en place le service “Paris Trafic”. Un SMS, sur abonnement, pour
avertir les usagers des incidents et des perturbations sur son réseau.
L'exemple de la RATP peut être reproductible à la SNCF. C'est le cas pour les
trains Thalys. Les usagers reçoivent des messages concernant leur trajet ou
autre. Les compagnies aériennes réfléchissent, elles aussi, à la généralisation
de tels services, pour prévenir leurs passagers d'éventuels retards de vols.
L'envoi de SMS comme piqûre de rappel
L'alerte SMS
n'intéresse pas que les grandes entreprises. « L'envoi d'un message n'est pas
plus cher qu'un coup de fil, estime Marc-Henri Magdelenat, directeur marketing
de Screen Tonic. C'est rapide, fiable et surtout peu intrusif. Ce n'est pas
comme devoir répondre au téléphone quand on est en train de faire autre chose.
Cela peut concerner beaucoup de professionnels. » Et de citer le cas des
dentistes qui souffrent de l'absentéisme de leurs patients, avec en moyenne un
client par jour qui oublie de venir. Pourquoi ne pas utiliser le SMS pour
envoyer des rappels de rendez-vous : “Comme prévu, je vous attends demain !”.
Un dentiste à qui nous avons soumis ce projet s'est montré optimiste, avec des
réserves : « Ce n'est pas une personne par jour mais plutôt une ou deux par
semaine qui oublient leur rendez-vous. N'empêche que ce rappel peut être utile.
Seulement, il ne faudrait pas que je sois obligé de taper chaque message ou
même de penser à l'envoyer. Cela doit se faire de manière la plus automatique
possible. Quant au coût de 0,15 euro par message, il ne me paraît pas excessif
comparé à ce que je perds avec un rendez-vous raté : entre trente et cinquante
euros. » A noter que le coût de l'outil TraficTonic de ScreenTonic, pour
l'envoi des SMS, s'élève à 500 euros de droit d'accès, plus environ 100 euros
par mois. Quant à la facture de consommation des SMS, elle peut descendre à dix
ou douze centimes par message pour des envois en nombre important. Mais ce
serait déjà la consommation d'une entreprise, pas celle d'un dentiste.
Quelle est la cible de la communication mobile ?
Une
entreprise, qui fait de l'animation commerciale, utilise des SMS pour
communiquer avec sa force de vente sur le terrain, soit plusieurs milliers de
personnes. Les messages servent à confirmer des rendez-vous, des plannings, à
envoyer des convocations pour une réunion. Dans le domaine grand public, la
fonction d'alerte va trouver de nombreuses applications. Un constructeur
automobile peut prévenir son client : “Votre voiture aura bientôt 20 000
kilomètres, je vous attends pour la révision !”. Une fois le véhicule révisé,
le garagiste envoie un message : “Votre voiture est prête, venez la chercher”.
Une entreprise de vente à distance, quant à elle, pourra avertir son client :
“Le produit commandé n'est pas disponible, nous allons le recevoir sous huit
jours”. « A travers le téléphone mobile, ce ne sont pas des personnes en
situation de mobilité que l'on vise. On cherche surtout à toucher des
individus, par opposition aux canaux traditionnels de communication qui
s'adressent aux foyers », analyse Benoît Corbin, Dg d'Ocito, spécialiste en
conception et réalisation de services marketing interactifs. Selon lui, « cela
permet de s'adresser à tout le monde. Penser que les SMS sont destinés
uniquement aux jeunes est une erreur ! » Peut-être. Mais il vaut mieux être
initié au “langage SMS”, sinon on risque de ne pas savoir épeler le nom de
l'entreprise de Benoît Corbin. Autre travers possible, lorsque l'on cherche à
toucher le consommateur n'importe où, cela signifie aussi, le plus souvent,
n'importe quand. Comme le message arrive instantanément, contrairement à une
lettre ou un e-mail, le moment de l'envoi doit être étudié comme pour le
marketing téléphonique. On peut envoyer une promotion un samedi en début
d'après-midi, quand son client s'apprête à aller en ville faire des courses.
Mais va-t-on l'encombrer avec des messages aux heures de bureau, quand il a
peut-être besoin de son portable pour téléphoner ?
La nécessité des bases de données
Le grand frein à la mobilité, c'est qu'il y a peu
de numéros de portables proposés à la location, avec le “permission marketing”.
Lors de la collecte des informations, il faut penser à inclure systématiquement
la case “permission” dans les formulaires. Et, quand on loue des adresses ou
plutôt des numéros, le coût d'envoi se situe entre 0,3 et 0,40 euro. Les
entreprises qui utilisent régulièrement des SMS sont celles qui ont déjà leurs
propres bases. L'analyse de l'historique de la communication électronique et de
la “nouvelle économie” permet de poser une condition à la réussite d'un projet
de “mobilité”, celle d'un intérêt réciproque indispensable. Pour le
consommateur c'est : “Je m'inscris parce que cela m'intéresse de recevoir des
messages”. Pour l'industriel, c'est : “J'envoie des SMS parce que je vais faire
venir mes clients en magasin”. Si ces deux contraintes sont continuellement
respectées, alors la “mobilité” est promise à un bel avenir.
Le PDA : réservé à un usage professionnel
Quand on parle de la mobilité en entreprise, on ne peut pas exclure les PDA (Personal Digital Agenda). « Cet outil facilite le travail et pourrait remplacer progressivement l'ordinateur portable car plus léger et moins encombrant. Il accompagne les techniciens de maintenance, les visiteurs médicaux… », énumère Patrice Raimbaud, responsable de l'offre CRM Finances chez Logica CMG. En effet, ce dernier est convaincu de l'intérêt de cet équipement. Même s'il admet que certains métiers ne peuvent passer au PDA car ils ont besoin de gérer des fichiers trop volumineux, par exemple des catalogues. A noter, la solution qui consiste à utiliser un PDA communiquant par GPRS, et à charger uniquement les pages nécessaires à chaque consultation. Un peu comme sur le Web où les pages sont affichées à la demande. Sauf que sur le Web le transit des données est gratuit, et que sur les réseaux GPRS, il est payant. Cela revient à enrichir l'opérateur du réseau qui facturera aux forces de vente chaque consultation de leur propre catalogue. Le PDA ne cesse d'évoluer. Bientôt il intégrera le téléphone et aussi l'appareil photo. On ne sait pas encore quelle utilisation sera faite de ces accessoires, mais on peut déjà parier que le PDA restera un outil à destination professionnelle, équipant les effectifs des entreprises, forces de vente ou techniciens, et surtout pour des missions où l'on attend une forte valeur ajoutée.
Darty.com confirme ses livraisons par SMS
Le distributeur d'électroménager vient de mettre en place un système d'alerte par SMS pour les utilisateurs de son site de commerce électronique. « Depuis quelques mois, nous utilisons des SMS sur le site darty.com, confirme-t-on au siège de l'enseigne. Ce site bénéficie de la même structure logistique, des mêmes entrepôts régionaux et des mêmes stocks disponibles que les magasins de l'enseigne pour des articles lourds livrés habituellement au domicile de l'acheteur, les réfrigérateurs, machines à laver, etc. En revanche, pour les articles proposés à emporter dans les magasins, sèche-cheveux, rasoirs, etc., il a fallu réinventer la logistique. » Ces produits sont envoyés au domicile du client par Colissimo moyennant une participation aux frais de transport pour des pièces dont le prix de vente est inférieur à 50 euros. Désormais, le client qui a indiqué son numéro de portable sur le site au moment de l'achat sera averti par SMS du départ de sa commande. Le client a d'ailleurs le choix entre indiquer un numéro de portable ou un numéro fixe. Cette prestation n'est pas mentionnée sur le site mais offerte tacitement. « Les clients sont agréablement surpris par le message. La vente à distance étant par nature anxiogène, ils perçoivent ce message comme un facteur rassurant qui les incitera au réachat », estime-t-on chez Darty. A noter que, pour l'instant, les numéros de portables ainsi collectés ne servent que pour cette unique confirmation de livraison. Ils ne seraient pas stockés dans les bases de données consommateurs de l'enseigne, pas plus que les adresses de livraison et ce, quel que soit le circuit. Ce qui évite en principe de demander aux consommateurs au moment de l'achat l'autorisation de réutiliser ces informations.