Assedic : le plus grand réseau virtuel de France
L'organisme en charge du régime de l'assurance chômage déploie sur le territoire depuis le début 2000 son projet d'accueil traitement téléphonique (ATT). Un programme qui devrait s'achever fin 2001 et aboutir à la mise en réseau virtuel de l'ensemble des 758 sites d'accueil.
«C'est un succès ! C'est comme lorsque l'on ouvre son robinet et que l'eau
coule. Nous avons mis en place le système et il a fonctionné », se félicite
Mickaël Bourgin, architecte NTIC de l'Unedic. L'homme en charge du dossier ATT,
pour Accueil Traitement Téléphonique, peut s'enorgueillir du résultat. La
solution mise au point fonctionne et a permis d'économiser quelques centaines
de millions de francs. « Les constructeurs et autres spécialistes, comme France
Télécom, Alcatel, Matra Nortel ou encore Cegetel, nous proposaient des
solutions pour environ 500 MF. Nous en avons déployé une qui aura coûté près de
cinq fois moins cher », indique l'architecte NTIC. Le postulat de départ
paraissait pourtant difficile à surmonter. Comment faire coopérer le maximum de
personnes, réparties entre plusieurs sites, à l'accueil téléphonique ? Tout en
sachant que l'idée directrice était d'opérer au téléphone ce que les agents
effectuent déjà en face-à-face. C'est-à-dire le traitement front-office des
dossiers. La notion de BAT (Bureau Accueil Traitement) impliquait une mise en
réseau virtuel. La création d'un centre d'appels étant exclue pour des raisons
de gestion du personnel. Dès lors, deux choix d'architecture furent étudiés. Le
premier correspond à une installation de type téléphonique où PABX, SVI, CTI se
retrouvent physiquement sur chaque site. Une solution proposée par les grands
du marché mais bien trop coûteuse (plus de 700 agences à équiper) et compliquée
en termes de gestion locale des outils informatiques. Mais un mode de
fonctionnement préconisé depuis toujours, où le couplage entre la téléphonie et
l'informatique ne s'envisage pas sans une liaison physique entre les deux
systèmes. Pourtant, après réflexion, il a semblé que ce lien n'était pas
nécessairement indispensable.
Les agents maîtrisent leur activité
La solution finalement choisie se veut virtuelle et
centralisée. Centralisée parce qu'un seul serveur CTI, regroupant l'ACD, le
screen-pop, l'automate d'appels sortants, gère l'ensemble du réseau d'agences.
Flanqué en amont de SVI commutateurs mutualisés, le tout est implémenté chez
Prosodie. L'opérateur a apporté son expertise en tant que développeur et
intégrateur du système en interfaçant, notamment, le serveur CTI aux SVI.
Prosodie met également à disposition de l'Unedic ses numéros Ecofil (prix appel
local) à coût partagé. De son côté, MG2/NetCentrex a déployé sa nouvelle
solution pour centres d'appels virtuels Saga 800 en client léger. L'appel
entrant est qualifié au niveau des SVI, identifié et routé sur un poste agent à
partir du serveur CTI qui de son côté a transmis une requête au système
d'information permettant la remontée du dossier. « La réalisation du système a
été possible grâce au réseau IP que nous avons développé depuis deux ans »,
précise Mickaël Bourgin qui ne peut pourtant pas indiquer le coût d'une telle
infrastructure et la part qu'elle occupe dans le développement du réseau
virtuel. De leur côté, les agents disposent d'une certaine marge de manoeuvre.
Sur chaque poste informatique, un bandeau téléphonique permet de maîtriser sa
propre activité. Outre les données qualifiantes de l'appel, l'agent décide de
se mettre en attente, en pause ou en traitement dossier. Quel que soit le
numéro terminal composé, le contact parvient sur le bureau d'un agent
"planifié" en accueil téléphonique disponible sur le territoire couvert par le
numéro d'appel. Un tableau de pilotage permet alors d'identifier les agents en
communication et ceux qui ne le sont pas. Un poste de supervision étant
disponible sur chaque site. En cas de saturation, l'appelant peut être contacté
à partir de l'automate d'appel qui, dès qu'un agent se rend disponible, met en
relation les deux parties. Aujourd'hui, 22 Assedic sont équipées de la
solution, dont 1 500 agents opérant quotidiennement au téléphone. Fin 2001,
l'ensemble du réseau, soit 52 Assedic pour 8 000 agents, pourra traiter la
totalité des appels des demandeurs d'emploi.