Un sinistre combattu grâce aux scénarios de crise
Le centre d'appels Stream, spécialisé dans le support technique, a été
victime d'un sinistre en août dernier. Un incendie dans l'entreprise voisine du
centre a provoqué des dégâts collatéraux - les pompiers ont dû arroser le mur
mitoyen dans le local du PABX, ce qui a endommagé les câbles d'entrée et de
sortie, aussi bien ceux de la transmission voix que ceux du réseau local LAN et
la fibre optique. L'intervention en elle-même n'a pas provoqué l'arrêt des
activités du centre qui a gardé, grâce aux câblages doublés, environ 50 % des
postes opérationnels. Mais la coupure d'électricité à la suite du sinistre
s'est avérée fatale : les batteries de secours ont tenu une douzaine d'heures,
ensuite l'équipement a plongé dans le coma. Qui plus est, les assurances ont
demandé la fermeture du centre pour deux jours afin d'établir l'état des lieux.
Face à cette avalanche de malheurs, Stream a décidé de faire appel aux
procédures d'urgence. « Nous avons développé ces procédures au niveau mondial,
ce qui m'a permis d'utiliser les ressources disponibles en dehors de la France
», explique Jacques Pitel, directeur général de Stream. Une partie des appels -
ceux jugés critiques - a été prise en charge par l'équipe francophone du site
multilingue à Amsterdam. Une autre partie a été reroutée vers les équipes
anglophones du centre d'appels de Londonderry, une troisième vers le centre
Stream aux Etats-Unis. « L'absence ici d'opérateurs parlant français n'a pas
été un obstacle majeur, estime Jacques Pitel. Un administrateur réseau parle,
d'habitude, plus ou moins bien l'anglais. S'il a un vrai problème avec ses
installations, il sera bien content d'avoir en ligne quelqu'un capable de le
dépanner en anglais, plutôt que de n'avoir personne. » Certains clients ont
aussi vu débarquer les techniciens de chez Stream, venus assurer le support
technique directement à partir du siège de l'entreprise concernée. Pendant ce
temps, dans les locaux du centre sinistré, les techniciens se mettaient au
travail. « L'incendie a eu lieu jeudi, dans la soirée. Vendredi matin, nous
avons décidé d'arrêter le centre. Vendredi, samedi et dimanche, les équipes ont
travaillé jour et nuit sans relâche », se souvient Jacques Pitel. Les
directeurs ont été rappelés de vacances. Les responsables techniques, en
vacances également, ont été sollicités pour des interventions à distance. Sur
place, il a fallu refaire une bonne partie des câblages. Certaines pièces
endommagées manquaient à l'appel - à chaque fois, il a fallu trouver les moyens
de contourner le problème. Les efforts des stakhanovistes ont été récompensés :
lundi matin, le centre a rouvert avec des équipes renforcées pour palier le
prévisible surplus d'appels. Jacques Pitel en garde le souvenir de la tâche la
plus pénible qu'il ait eu à accomplir : « Appeler les clients, l'un après
l'autre, pour leur dire "on arrête". Et ensuite, accueillir les équipes le
lendemain matin et leur dire "rentrez chez vous". C'est une expérience qu'un
patron d'entreprise ne voudrait jamais vivre. » Mais l'histoire lui a aussi
laissé de bons souvenirs. « Surtout la mobilisation de tous. Des équipes, des
prestataires, des clients. J'ai trouvé cela remarquable. Même parmi les
clients, pas un seul n'a râlé, pas un seul n'a dit "y a qu'à mettre plus de
moyens". Non, au contraire. Ils se sont tous dits "cela pourrait m'arriver à
moi aussi". Mon sentiment est aujourd'hui partagé. Non, je ne voudrais jamais
revivre ça ! Mais cette histoire a quand même été une excellente expérience et
j'en garde un bon souvenir. »