« Le centre d'appels est un positionnement par défaut »
Comment vous positionnez-vous sur le marché des centres d'appels ?
Le marché du centre d'appels en tant que tel ne nous
intéresse pas. Nous n'avons pas développé une approche par packages, avec une
solution pour les centres d'appels, une autre pour le Web, une autre pour la
vente... Notre vocation, c'est de mettre en place dans les entreprises des
process métiers liés à la relation clientèle, indépendamment des canaux. Si un
process métier doit s'adapter à un centre d'appels, alors nous proposerons les
connecteurs centres d'appels nécessaires.
Quelle est la cible de Chordiant ?
Ce sont d'abord les grands comptes. Parmi les 1 000
premiers grands comptes mondiaux, 100 sont nos clients. Mais nous nous
intéressons à toutes les sociétés qui veulent réellement investir dans le
contact clientèle et qui savent investir. Nous allons répondre aux besoins des
entreprises en termes d'applicatifs. Ensuite, nous allons montrer à nos
interlocuteurs que tout ce que nous avons mis en place est réutilisable pour
d'autres applications en matière de points de contact. Le centre d'appels est
en fait un positionnement par défaut et non un positionnement initial. Nous
utilisons les mêmes process applicatifs sur l'ensemble des canaux, ce qui
permet de migrer très facilement du téléphone vers le Web ou inversement.
Qu'est ce qui vous différencie sur ce marché très occupé des solutions CRM ?
Premièrement, contrairement à beaucoup d'éditeurs,
Chordiant vend des produits sans imposer un modèle de base de données. Ensuite,
nous sommes capables de mettre en place des processus de communication CRM
compatibles avec des applications call center existantes, qu'elles soient
Genesys, Siebel ou autres. Enfin, toutes nos applications sont sous Java XML.
Tout cela est capital pour les grandes entreprises. Nous sommes à mi-chemin
entre ceux qui ont compris que le package les rendrait trop intrusifs et ceux
qui savent que le développement spécifique les mènerait à la catastrophe.
Quels sont vos concurrents les plus directs ?
Ce sont
davantage des compétiteurs de fait que des compétiteurs directs.
Indéniablement, aujourd'hui, nos concurrents sont PeopleSoft et Siebel. Mais,
si l'on regarde la partie applicative, Siebel n'est pas indépendant des bases
de données, nous le sommes. Siebel ne s'appuie pas sur des bibliothèques de
produits Java, il est seulement compatible Java. Siebel propose des packages
professionnels complets par canal, ce qui n'est pas notre cas. En fait, nous
sommes l'alternative à Siebel.
Il n'y pas un éditeur qui dise autre chose...
Et tous ont raison d'un point de vue marketing. Mais, en
ce qui nous concerne, quand nous disons que nous sommes l'alternative à Siebel,
ce n'est pas sur le centre d'appels ou sur le SFA. C'est sur
l'infrastructure.
Avez-vous conscience d'être très mal identifiés par les entreprises en France ?
Oui. En France et en Europe du
Sud, Chordiant en est à ses débuts. Nous sommes mal identifiés parce que la
plupart des entreprises sont entrées dans un monde occupé par des fournisseurs
connus qui vont régler leurs problématiques centres d'appels ou contacts
clients via le téléphone. Mais le téléphone est un canal parmi d'autres, qui
perdra peut-être de sa puissance. Le canal le moins coûteux, celui qui sera
utilisé à bon escient par les entreprises est celui qui leur permettra de
réussir dans le commerce. C'est écrit pour les 10 et 15 années qui viennent.
Dans un contexte des plus chaotiques, la destinée d'une société mal identifiée, face à quelques concurrents bien installés, n'est-elle pas de se faire racheter ?
Contrairement à des entreprises qui sont arrivées
plus tôt que nous, qui ont cru que le marché allait exploser, qui ont embauché
et qui maintenant sont en train de dégraisser, Chordiant France est une filiale
qui se porte bien. Nous sommes autonomes depuis octobre 1998 et allons faire en
2001 un chiffre d'affaires proche de 40 MF à 17 personnes. Nous embauchons en
faisant très attention. La société est gérée par la ligne du bas et pas par les
budgets. Nous portons une extrême attention aux retours sur investissements.
Nous travaillons sur les partenariats, sur les technologies. Le principal dans
le CRM, c'est de durer. Pour durer, il faut avoir la techno, garder la tête sur
les épaules et construire avec des gens de valeur. A partir de là, dans un an,
dans deux ans, dans trois ans, le jour où le marché explosera, nous aurons
constitué un noyau qui pourra se développer. Je vois mal, sauf problèmes
financiers, et si ce noyau a de la valeur, qui pourrait le racheter.
Et la croissance externe ?
Nous allons aussi nous
développer par croissance externe, racheter des technologies, racheter des
niches, développer les partenariats avec les grands intégrateurs.
Comment voyez-vous le marché évoluer ?
Aujourd'hui, je
compte quatre ou cinq acteurs grand maximum sur le marché du CRM : PeopleSoft,
Siebel, SAP, Chordiant. Les autres sont sur des niches. Ceux qui resteront sont
ceux qui ont la vocation à pouvoir fédérer les différentes approches.