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"Le développement du text messaging va exploser"

Selon Vanessa Boudin-Lestienne, co-fondatrice de l'agence The Social Client, l'application Facebook Messenger va permettre aux entreprises de davantage communiquer avec leurs clients en one-to-one. Retour avec elle sur les autres tendances qui vont impacter le relation client sur les médias sociaux.

Publié par Claire Morel le | Mis à jour le
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'Le développement du text messaging va exploser'

Que propose The Social Client aux entreprises en matière de stratégies social media ?

Depuis sa création il y a cinq ans, nous accompagnons les entreprises dans leurs stratégies relationnelles sur le digital, ainsi que dans leurs stratégies digitales plus globales : content marketing, community management, social business, marketing social. A partir du social listening et de l'écoute clients sur l'ensemble des canaux sur lesquels les consommateurs s'expriment - notamment au travers des activités d'Acticall et maintenant de Sitel - , nous recueillons de nombreux insights.

Sachant que 90% des commentaires exprimés par les consommateurs sur le Web sont spontanés, nous disposons d'une matière très riche sur leurs attentes par rapport aux marques et aux sujets relatifs à celles-ci. Cette spontanéité est une mine d'or et nous permet de travailler autour de l'engagement client qui est au coeur de notre ADN à l'agence.

En s'attachant à comprendre les usages des clients sur le digital nous identifions les leviers de différenciation et de développement de valeur pour chaque marque et des clients. Nous travaillons toute la chaîne de valeur, de l'acquisition à la fidélisation et sur toutes les expressions digitales du desktop aux objets connectés.

Vous venez d'annoncer la mise en place du bouton " Message us " sur les pages web de vos clients qui renvoie vers Facebook Messenger. Pourquoi cette initiative ?

Le développement du text messaging va exploser dans les prochains mois. Ce nouveau mode d'interaction s'adapte totalement à l'usage du mobile dont le trafic croît très rapidement. Le text messaging est le pendant du tchat sur le Web. Plus naturel et plus simple, il répond parfaitement aux usages des consommateurs sur leur smartphone.

C'est d'ailleurs pour cette raison que Facebook a lancé Messenger for Business en mars 2015. Son service de messagerie one-to-one va permettre aux marques d'échanger en mode privé avec les clients qui ne souhaitent pas passer par le téléphone. Il faut savoir que 50% des flux de contacts sur Facebook passent déjà par la messagerie privée. Nous l'avons déployé avec Canal Plus Overseas (Afrique) et Dimelo. L'Afrique est d'ailleurs un continent totalement prêt à utiliser ce service, dans la mesure où les consommateurs utilisent davantage le mobile qu'un ordinateur.

Facebook Messenger va enrichir les fonctionnalités au fur et à mesure. La firme américaine propose déjà un onglet " Nous contacter ", avec un système de badge attribué aux marques dont le taux de réponse de moins de 5 minutes atteint 98%. David Marcus, ancien patron de Paypal, en charge de Facebook Messenger, devrait également développer le paiement sur la plateforme. Ce n'est que le début : de nombreuses fonctionnalités devraient voir le jour.

Et qu'attendre de WhatsApp ?

Etant donné sa vitesse de déploiement et d'équipement, l'application - rachetée par Facebook en février 2014 - devrait avoir un rôle à jouer à l'avenir. Mais pour l'instant, rien n'a été annoncé. Il reste encore beaucoup de restrictions. Il n'existe pas d'API pour enrichir les interactions existantes. Les premières opérations avec les marques sorties à date sont des " coups marketing ou de communication ". Le modèle économique reste pour le moment sur les interactions peer to peer.

L'application chinoise d'appel et de messagerie, Wechat, est beaucoup plus en avance. Quelles leçons en tirer pour l'avenir ?

Je pense que ce qui se passe avec WeChat en Chine préfigure un pan entier de nos espaces conversationnels de demain. L'observation de cet écosystème fermé me semble très enrichissant pour anticiper ce qui se passera demain dans le monde occidental. Cette application mobile existe depuis 2011, elle compte aujourd'hui plus de 600 millions d'actifs par mois en chine et dans le monde (notamment en Inde).

Les asiatiques ont tout de suite accédé aux interactions mobiles sans passer par les cases d'évolution que nous avons connues sur notre marché. Ils ont tout de suite eu l'accès au haut débit. L'application mobile a un fort potentiel marketing pour les marques mais aussi pour les jeux ou encore le M-commerce. Ses utilisateurs sont partout poussés à la transaction. WeChat est une plateforme multiservice. On l'utilise aussi pour jouer aux jeux vidéo, gérer son compte bancaire, s'envoyer des étrennes pour le Nouvel An ou même cotiser pour son assurance-santé.

Un modèle économique, fondé sur l'accumulation de micro-paiements, est amené à se développer sur ces plateformes Chaque utilisateur de WhatsApp rapporte à l'entreprise 1 dollar par an, ce montant s'élève à 7 dollars pour les utilisateurs fidèles de WeChat, d'après des estimations de l'institut Financier japonais Nomura Holdings.

Le modèle de WeChat, également pratiqué par l'application japonaise Line, commence à faire des émules à l'extérieur de l'Asie.



L'année 2015 a été marquée par l'émergence des communautés de clients. Un sujet sur lequel vous travaillez depuis plusieurs années avec quelques marques dont PMU. Quels seront vos prochains projets ?

Le principe de communauté peut également s'appliquer à l'interne. Chez Accor, par exemple, nous avons déployé Voice of the Guest, une plateforme recueillant et centralisant tous les feedbacks clients. Ils sont diffusés aux hôteliers qui peuvent également échanger avec leurs pairs sur des bonnes pratiques, partager des conseils et s'entraider.

En parallèle, nous nous intéressons de très près aux avis clients. Au sein de l'agence nous travaillons en permanence autour de " l'engagement client " et développons pour les marques les stratégies et les outils pour capitaliser sur les avis.

Quand un client est satisfait, il n'a pas le réflexe de le crier partout. Alors qu'en cas d'insatisfaction, vous êtes certains que c'est dit sur la Toile rapidement. Les avis clients ne sont donc pas toujours représentatifs. L'enjeu est d'activer la population silencieuse via des programmes de reconnaissance, dans lesquels les clients donnent leur avis, partagent des photos, etc.

Avez-vous déjà déployé des programmes de reconnaissance ?

Depuis un an et demi, nous travaillons sur un programme de clients promoteurs. Nous avons déployé ce projet pour SFR, dont les clients rencontraient des difficultés à utiliser leur box. Nous nous sommes inspirés des magasins, où les conseillers donnent rendez-vous aux clients pour des ateliers d'utilisation. Sur le site, c'est un personnage qui joue ce rôle. Il demande ensuite au client s'il a bien compris, lui propose de donner une note et ensuite de rédiger un avis. Un système de gamification récompense le client avec des points : s'il va jusqu'à rédiger un avis, il gagne davantage de points que s'il répond juste à la question " Avez-vous bien compris ? ". Grâce à ce dispositif, la note de satisfaction est passée de 3/5 à 4,7/5. Un dispositif qui combine à la fois une démarche de service de la part de la marque et l'engagement du client.

Quels bénéfices représentent l'acquisition et l'animation d'une communauté de clients ?

Ils sont nombreux. Enrichir la relation avec ses clients en leur fournissant des contenus accessibles 24/24 et créer de la rayonnance pour sa marque. Contrairement au marketing traditionnel, l'efficacité de ces dispositifs ne se mesure pas en % de couverture d'une cible mais en taux d'engagement de sa communauté.

Les communautés permettent d'être au coeur des mécaniques d'engagement. Comme nous le disons continuellement à nos clients : " feedback is a gift " c'est-à-dire être au plus proche des attentes clients en mettant en place un dialogue autour de sa marque. Ce sont des dispositifs puissants qui viennent également nourrir le référencement SEO, car l'actualité est constante.

Chaque marque peut-elle créer sa communauté ?

Oui. Par contre, il faut que les marques acceptent de lâcher prise et que le dialogue se construise dans le temps. Un dispositif communautaire se nourrit des interactions et d'une histoire à raconter et à partager.

Les marques peuvent avoir des difficultés à appréhender ces deux derniers points, car elles ont des attentes différentes à court terme. Il faut qu'elles acceptent de commencer le dialogue et d'inscrire l'activation de leur communauté dans la durée.

La grande question qui se pose aujourd'hui pour la plupart des entreprises, c'est qui gère les réseaux sociaux ? De votre côté, qui sont vos interlocuteurs ?

Il existe une vraie problématique de gouvernance, les réseaux sociaux et plus précisément le numérique étant un sujet transverse qui impacte tous les métiers au sein des entreprises. Nous sommes donc en contact avec plusieurs fonctions : marketing, communication et relation client.

Avec l'arrivée du digital et la multiplication des canaux, les directeurs de la relation client ont pris conscience que le marketing des différents points de contact est un axe différenciant. Avant, ils s'interrogeaient sur leur présence sur ces canaux et les outils à utiliser. Désormais, ils réfléchissent à la façon de créer un parcours cohérent pour une expérience client simple. Ce genre de projet s'inscrit d'ailleurs dans le plan stratégique de certaines marques.

La montée en puissance des canaux digitaux (réseaux sociaux, tchat, etc.) a induit en erreur les professionnels qui s'attendaient à une réduction des volumes de contact sur le téléphone. Ces nouveaux points de contact ouvrent la discussion avec des clients, qui jusqu'ici ne communiquaient pas avec les marques. Le digital a, en effet, permis de toucher des consommateurs avec lesquels certaines marques n'avaient pas de contact. C'est le cas par exemple, d'un fournisseur d'eau qui traite en direct avec les syndics, mais qui peut désormais prévenir les usagers d'une coupure d'eau via Twitter.

Comment réintégrer les données clients issues des médias sociaux aux autres données existantes dans le CRM ?

La technologie nous permet maintenant de consolider un profil unique entre les réseaux sociaux d'un client et le CRM. Les cas d'intégration complète sont encore rares, car cela nécessite de faire évoluer les outils CRM existants.

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