Boulanger teste l'impression 3D des pièces détachées
Le spécialiste de l'électroménager et du multimédia réinvente le SAV avec l'impression 3D. Comment? En permettant au consommateur de se connecter sur sa plateforme Happy 3D pour y télécharger la pièce à changer et la produire à l'aide d'une imprimante 3D.
Le bouton du lave-vaisselle est cassé? Le cache de la télécommande s'est brisé? Plutôt que de racheter ces articles dont les pièces détachées sont souvent introuvables, Boulanger propose à ses clients de les réparer eux-mêmes à l'aide de pièces détachées fabriquées en impression 3D. Pour ce faire, l'enseigne a initié une démarche Open Source et mis sur pied une plateforme baptisée happy 3D. En cas de panne, le client peut rechercher, sur Internet, la pièce qu'il lui faut et consulter les plans ainsi que les préconisations de paramétrage d'impression.
Il n'a plus qu'à utiliser une imprimante 3D, chez lui (s'il en est équipé) ou chez un particulier possesseur de ce genre d'équipement. Boulanger propose même à ses clients de les mettre en relation avec des propriétaires d'imprimantes 3D. Grâce à ce dispositif, les clients un peu bricoleurs gagnent en autonomie et peuvent se dépanner sans délai, et sans faire appel au SAV de l'enseigne. Au passage, Boulanger, qui vend des imprimantes 3D, permet au grand public de tester "en vrai" les avantages de cette technologie encore méconnue du grand public. Plus fort encore, "on peut imaginer qu'en devenant producteur de ses pièces de rechange, le consommateur ait envie de personnaliser ce qu'il imprime", affirme Gaële Wuilmet, directrice des services & de l'innovation chez Boulanger et directrice de B'Dom. De quoi accroître encore la satisfaction-client...
Une base de pièces disponibles de plus en plus fournie
Happy 3D a été développé en partenariat avec Cults 3D, une marketplace de modèles 3D. Il a été testé en conditions réelles dans la région Hauts de France. Pour l'heure, il ne concerne que les gammes des MDD Boulanger, Listo et essentielB, soit une centaine de pièces détachées (boutons de plaques de cuisson, embouts d'aspirateur...) applicables à 130 produits. Mais l'enseigne encourage l'ensemble de ses fournisseurs à rejoindre Happy 3D, afin d'enrichir cette base de fichiers téléchargeables, avec leurs propres pièces détachées. "Ce type de plate-forme d'impression 3D à la demande répond à une vraie demande du consommateur, qui ne tient pas forcément à racheter tout l'appareil dès qu'il dysfonctionne et en tout cas, tant qu'il est réparable, affirme Philippe Heinrich, CEO de Préférence 3D, société et conseil et de formation sur les nouvelles technologies. Clairement, la démocratisation de l'impression 3D passera par le service et la relation client. Et au niveau sociétal, c'est un premier pas vers la fin de l'obsolescence programmée."
Les avantages sont aussi évidents pour le distributeur. "Pour Boulanger, cela résout le problème du stockage des pièces: on ne stocke plus des pièces mais des fichiers informatiques. On produit en flux tendu, en fonction des besoins, ce qui permet de réduire la main-d'oeuvre et de diminuer les coûts de stockage", analyse-t-il.
Le consommateur producteur
Reste que même si le processus d'impression 3D s'est considérablement simplifié au fil du temps, il nécessite tout de même quelques compétences, comme la connaissance des matériaux sur lesquels on imprime. "Certaines particules émises par les impressions peuvent être dangereuses si elles sont inhalées", avertit Philippe Heinrich. Il est également indispensable de savoir se réagir en cas de dysfonctionnement de la machine, plus délicate à utiliser qu'une imprimante traditionnelle.
Une réalité bien prise en compte par l'enseigne, qui a donc prévu des formations spécifiques via B'Dom, sa société de services et de prestations spécialisée dans les nouvelles technologies. Pour les clients séduits par l'initiative et prêts à s'équiper d'une imprimante 3D, un expert se déplace à domicile, installe, initialise et explique le fonctionnement de cette innovation. Boulanger a également conçu des tutoriels à destination du grand public.
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