La délocalisation gagne du terrain
Le phénomène de délocalisation vers les pays à moindre niveau de développement gagne le marché des centres d'appels. C'est une tendance nouvelle, encouragée par le développement et la déréglementation des télécoms. Et face à laquelle il est urgent de réagir.
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Il est, par exemple, facile de rerouter les appels en quelques secondes
vers le Maroc. Transcom le fait déjà quand le flux d'appels sur le service
clients de son client Tele 2 devient trop important. Autre société, autre
délocalisateur : Webhelp. Ce prestataire spécialisé dans la gestion des
contacts web (mail ou chat) s'est installé, entre autres, en Roumanie. Les
agents : des bacs + 4, censés répondre et orienter vers des sites appropriés.
Parmi les clients de Webhelp, l'entreprise de prêt à porter Du Pareil Au Même.
De son côté, Call Center Alliance étudie la possibilité de s'installer à l'Ile
Maurice. Le groupe a déjà signé un partenariat avec un outsourcer au Mexique,
d'où il couvre ses besoins sur le marché espagnol. British Airways dispose pour
sa part d'un centre d'émission de billets à Bombay. S'exporter, surtout dans
les pays pauvres, est un bon moyen d'augmenter ses marges en agissant sur la
baisse des coûts imputés aux salaires, à la fiscalité, à l'immobilier et aux
charges sociales qui se négocient directement avec le pays concerné. Mais un
tel modèle économique pose des problèmes en matière de ressources humaines. Il
faut former davantage et les services, du moins au départ, doivent être
simplifiés au maximum afin d'éviter que le consommateur ne prenne conscience
qu'il parle à quelqu'un à l'autre bout du monde. La formation est d'autant plus
aisée que l'histoire a forgé des liens de proximité. Aujourd'hui, beaucoup de
Maghrébins parlent notre langue sans accent, ce qui présente un avantage dans
une relation par téléphone. La délocalisation à l'étranger est relativement
aisée pour les web call centers. Pas de relation en direct, pas d'accent, donc
rien qui ne s'oppose à ce développement.
BUCAREST, OU LA MONDIALISATION RENTABLE
« Nous recrutons des conseillers à niveau
bac + 4. Nous les formons et ensuite ils sont opérationnels. Des compétences de
ce niveau sont impossibles à trouver en France. Quant à la rémunération, nous
les payons au Smic, mais notre grille salariale est supérieure à la grille
roumaine », explique Arnaud Breitwiller, chargé de développement de Webhelp. La
société vient d'ouvrir un nouveau centre à l'Ile Maurice, dans la Zone Franche.
Une fois de plus, les précurseurs dans cette optique controversée ont été les
Américains. Une fois de plus, la France copie. Eric Dadian, président de
l'Association française des centres de relation client (AFRC), s'insurge contre
ce phénomène qui, selon lui, « va à l'encontre de la qualité et ternit une fois
de plus l'image de la profession ». Certes, les entreprises françaises n'ont
pas encore intégré la mondialisation jusque dans ses extrêmes. Lorsque des
centres d'appels américains s'installent en Inde, les entreprises dépêchent des
Etats-Unis des professeurs dans les universités locales pour inculquer aux
agents l'accent texan ! Il ne faut pas s'étonner que l'un des principaux
outsourcers américains, vCustomer Corp, spécialisé dans les services conso et
le support technique, ouvre à Mumbai en Inde un centre de 28 000 m2 avec
possibilité d'extension à 56 000 m2, pour 1 300 positions et plus de 4 000
téléopérateurs. Cet opérateur espère ouvrir trois nouveaux centres cette année
en Inde. Pour cela, il investit 11 millions de dollars. Une politique qui
risque de faire florès. Nombre de centres d'appels se sont déjà installés en
Inde : General Electrics, Amex, British Airways, Deluxe... Et pour cause. Le
salaire de départ pour un agent non qualifié en Inde s'échelonne de 1 100 à 1
600 francs en fonction de la localisation du site. Selon le CFCE, les villes où
il fait le moins bon travailler étant celles de Chennai et Ahmedabad, puis de
Delhi et Gurgaon. Les salaires les plus élevés se pratiquant à Mumbai. Face à
ces prémices de mondialisation, la France se doit donc d'adopter rapidement des
moyens efficaces et de mettre en place de véritables mesures comme une
meilleure législation sociale, des défiscalisations.