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Comment ne pas être victime de son succès

La saturation gagne la province, c'est du moins le discours aujourd'hui convenu. Que d'aucuns contestent. Et que les collectivités peuvent contredire pour peu qu'elles s'en donnent les moyens.

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Aujourd'hui, la plupart des grandes villes de province (Lille, Lyon, Le Mans...), qui avaient remporté un vif succès il y a quelques années, commencent à être délaissées au profit d'agglomérations de taille moyenne. Et pour cause, une majorité d'entre elles commencent à afficher complet les unes derrière les autres parce qu'elles accueillent de très gros centres d'appels ou parce qu'elles en accueillent en trop grosse quantité. La saturation ne concerne donc plus uniquement la région Paris Ile-de-France. Il faut distinguer à cet égard deux comportements : on trouve ainsi d'un côté, les villes conscientes d'une saturation proche ou déjà effective qui font preuve de raison en clamant haut et fort qu'elles n'acceptent désormais plus d'implantations (Lille, Lyon, Poitiers...). Citons également le cas de la ville du Mans, qui, après un mois de décembre 2001 plus qu'excellent (avec l'installation de deux centres d'envergure), ne dispose plus pour l'heure de capacités d'accueil excédant la centaine de personnes. Les raisons tiennent principalement à une pénurie immobilière mais également à un bassin d'emploi qui commence à considérablement se vider. Le Comité d'expansion économique de la Sarthe affirme, par la voix de Sylvie Cognart, assistante commerciale de la direction, être effectivement en attente de livraison immobilière et avoir demandé à plusieurs candidats de patienter jusqu'à la fin de l'année en cours. « Ensuite, nous devrions pouvoir encore accueillir au maximum deux centres de 300 à 400 personnes sans souci de bassin d'emploi. Au-delà, cela ne serait plus raisonnable », confirme Sylvie Cognart. Et de l'autre côté, certaines villes refusent d'admettre qu'elles connaissent un tel phénomène ou qu'elles le connaîtront prochainement. Une ville arrivée à saturation et qui continue néanmoins à accepter les centres d'appels expose ces derniers à des problèmes de recrutement puisque le bassin d'emploi ne suffira plus, à court ou moyen terme, à alimenter les entreprises présentes sur place. En outre, on aboutira inévitablement à des problèmes de turn-over et de surenchère des salaires, ce qui est loin d'être souhaitable. Certains considèrent qu'il y a saturation lorsque 3 % de leur population active est employée par la profession. Parmi les villes pour lesquelles le mot "saturation" est quasiment tabou, nous trouvons Amiens. « La saturation, connais pas », martèle Joël Peron, chargé du développement économique de la ville. Il considère en effet que le jour où l'on parlera de saturation, ce sera tout simplement parce qu'il n'y aura plus de chômage. « Il n'y aura jamais saturation sur Amiens car nous avons prévu les flux de formation suffisants », précise-t-il. D'autres encore se sont très sagement fixé un seuil au-delà duquel elles n'acceptent plus d'installations. Une gestion plutôt raisonnée et raisonnable. C'est notamment le cas de la région Midi-Pyrénées. « Dès lors que 1,5 % de la population active locale travaillera en centres d'appels, nous considérerons avoir atteint notre seuil de saturation et nous refuserons par conséquent toute nouvelle installation, car ce serait prendre le risque d'exposer nos centres d'appels à des difficultés de recrutement et donc de les perdre. Notre potentiel d'accueil se monte aujourd'hui à 10 000 téléacteurs, pour le moment nous en employons 4 500 », reconnaît sagement Philippe Baylet, chargé de mission de la région Midi-Pyrénées Expansion.

Christelle Levasseur

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