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"Mettre en lumière les réussites féminines pour encourager le changement", Catherine Barba

À l'occasion de la Journée internationale des femmes, qui a lieu le 8 mars, la serial entrepreneuse et spécialiste du retail Catherine Barba fait le point sur la situation des femmes dans la tech et l'entrepreneuriat.

Publié par Stéphanie Marius le - mis à jour à
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'Mettre en lumière les réussites féminines pour encourager le changement', Catherine Barba

Est-ce que vous constatez une progression dans la féminisation du secteur digital?

Je mesure cette progression au nombre de dossiers d'investissement que je reçois [Catherine Barba est également business angel] de la part de femmes. J'en vois plus qu'avant, en proportion du nombre total de dossier. En revanche, les montants levés par les projets féminins et les équipes mixtes restent désespérément bas. 15% des entrepreneurs sont des entrepreneuses mais seulement 7% des fonds levés vont aux entreprises dirigées par des femmes ou des équipes mixtes, [selon le Baromètre StarHer-KPMG 2018].

Les postes à responsabilité de CIO, CTO, responsable de la transformation voient arriver davantage de femmes mais le top level et les entreprises du CAC 40 dessinent un portrait contrasté [100% des p-dg du Cac 40 sont des hommes]. Il reste un très long chemin à faire pour changer les habitudes.

Quels sont les obstacles encore présents pour une parité parfaite (accès aux postes de direction, salaire, formation, accès aux métiers du digital) dans le secteur?

Des indicateurs sont en place: l' "Index de l'égalité femmes-hommes", la loi Copé-Zimmermann depuis 2011 [obligation de respecter un quota minimum de membres de chaque sexe afin d'assurer une représentation équilibrée des femmes et des hommes au sein des conseils d'administration et des conseils de surveillance des entreprises]. Il ne s'agit pas seulement d'une avancée concernant les femmes mais toute la "diversity" ["minorités", NDLR], ceux qui ne rentrent pas dans les stéréotypes du leader: gens de couleur, des quartiers populaires, porteurs d'un handicap... Il y a des équilibres à recréer. Il importe de mettre en lumière toutes ces personnes pour encourager le changement.

En tant que cofondatrice de la Journée de la femme digitale, comment vous impliquez-vous dans la cause des femmes en entreprises?

J'ai également lancé le Win Forum New York, son pendant américain. J'organise cet événement depuis quatre ans pour encourager les femmes et tous ceux qui se disent "ce n'est pas pour moi" à entreprendre. La prochaine édition a lieu le 22 mai à New York. Le sujet est "Innovation, inclusion and impact start with I".

J'investis également mon patrimoine dans des start-up et essaie d'équilibrer mes investissements en pariant sur des business de femmes et mixtes, comme Pop Shop, Euveka. Lorsque je reçois un dossier provenant d'une femme ou d'une équipe mixte, dans lequel je ne veux pas investir, je m'efforce de les contacter par téléphone pour leur indiquer pourquoi je ne vais pas plus loin. J'ai toujours à coeur de leur communiquer un message positif. J'ai également tourné des émissions TV, "Entreprendre c'est grandir", sur M6, pour mettre en lumière des profils d'entrepreneuses.

Constatez-vous un retard de la France par rapport aux États-Unis?

Absolument pas. Aux États-Unis, nous avons un effet de volume: il existe beaucoup de lobbys, d'événements... Pourtant, parmi les entreprises du Fortune 500, on ne voit pas beaucoup plus de femmes qu'au sein du CAC 40. On rencontre toujours peu de femmes développeurs. Je m'attendais à une avancée que je n'ai pas trouvée aux États-Unis. Le sujet des quotas divise: hormis en Californie, les gens sont assez farouchement opposés à cette solution, qu'ils jugent artificielle. Pourtant, c'est un facteur indéniable de rééquilibrage.

Au cours de votre carrière, tournée vers le retail et l'entrepreneuriat, quelles difficultés avez-vous dû surmonter liées à votre statut de femme?

Paradoxalement, je n'en ai pas rencontré. C'est en devenant administratrice que j'ai découvert qu'il existait un regard discriminant sur les femmes. Il s'agit de biais inconscients. Je me considère comme une "advocate" [ambassadrice, NDLR], ma démarche ne repose pas sur une souffrance. J'ai connu une trajectoire qui m'a fait grandir en tant que femme et je souhaite la faire partager.

De quelle réussite êtes-vous le plus fière?

De mon couple et de ma famille: je n'ai jamais perdu de vue l'essentiel. L'équilibre entre vie privée et vie professionnelle ne s'est jamais réalisé au détriment de ma famille.

Quelles sont les femmes que vous admirez?

La première femme qui m'a marquée était Viviane Pratt, qui dirigeait il y a 20 ans OMD, l'agence média du groupe Omnicom. C'est elle qui m'a recrutée pour développer le département interactif de OMD Interactive. Elle possédait une autorité inspirante. Je suis également inspirée par Katherine Randolph, au sein de Microsoft. J'ai admiré sa capacité à mener une réunion et à agir en tant que leader. Aujourd'hui, je citerais Virginie Morgon, CEO d'Eurazeo. Elle comprend tout des marques et s'investit également au sujet des femmes.


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