Paradoxe
@ (c) Marc Bertrand
François Rouffiac, directeur de la rédaction
Comme à l'accoutumée, le classement des outsourceurs français - huitième du nom - est révélateur des tendances qui affectent en profondeur le secteur. En tout premier lieu, il est significatif de son dynamisme. Une nouvelle fois, les cinquante premiers acteurs ont enregistré une croissance à deux chiffres: + 15% en chiffre d'affaires cumulé par rapport à 2005. Une croissance tirée, notamment, par le haut du classement; les dix premiers étant à + 18%, avec de belles progressions individuelles. Tout en sachant que ces dix premiers représentaient près de 70% du marché 2006 les cinquante, contre quelque 60% du périmètre 2005 pour le top dix de l'époque. On voit ici la traduction directe de plusieurs autres tendances. Telles rue l'importance de plus en plus prégnante des grosses structures sur le marché de la relation client externaiisee et la concentration dont certains effets sont de nouveau visibles pour cette édition. Et l'on sait d'ores et déjà que le futur classement 2007 ne saurait également y échapper. Enfin, inévitablement, l'influence de l'activité off-shore, sur laquelle la quasi-totalité des grands noms du secteur s est rapidement déployée, au-delà de celui qui s'est construit sur ce créneau. Influence à l'évidence sur la croissance en termes de chiffre d'affaires, dont elle constitue une part non négligeable pour certains, mais aussi influence au niveau de la marge, dont on sait qu'elle constitue le talon d'Achille de la profession. Si l'off-shore permet à certains acteurs de compenser, au moins, la dégradation enregistrée en la matière sur le marché hexagonal, on peut légitimement se poser la question de savoir jusqu'à quand. Quant à ceux qui ne sont pas présents hors de nos frontières, leur situation n'en paraît que plus fragile, surtout s'ils n'ont pas choisi le créneau de la spécialisation. On se trouve donc face à un paradoxe: une activité clairement dynamique, dans une mouvance porteuse, qui, par ailleurs, est sur la voie du progrès en termes de qualité, de pratiques sociales - même si tout n'est pas encore parfait... -, et dont certains acteurs, et pas forcément les moindres, peuvent être menacés de disparition. Espérons donc que la sensibilisation effectuée par le syndicat professionnel, SP2C, auprès du gouvernement porte ses fruits. Mais surtout que les relations donneurs d'ordres -outsourceurs - sujet récurrent s'il en est - soient enfin placées sous le signe de l'équilibre.