La loi des impondérables
Sans doute plus que tout autre, le secteur des transports implique une gestion très "serrée" de la relation client. Face à des flux de contacts entrants, au mieux saisonniers, au pire imprévisibles, le dimensionnement des centres d'appels est le souci majeur des managers. Avec la formation, qui reste peut-être la seule chose qu'ils puissent véritablement programmer.
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Dans le monde des transports, la relation client est devenue un enjeu
stratégique important qui réclame des installations opportunes, des moyens
techniques perfectionnés, un personnel formé... D'autant que les secteurs
ferroviaire, aérien ou routier présentent chacun leurs spécificités. De par la
nature même des sociétés et par leur culture d'entreprise, où l'influence des
organisations syndicales demeure très forte, de par celle des produits
distribués. Ou encore de par la gestion des ressources humaines que tout cela
implique. Pour toutes ces raisons, le call center de la RATP est en phase de
déménagement. Le vieil immeuble de la rue Caumartin à Paris ne suffit plus. Le
centre d'appels doit s'installer dans de nouveaux locaux, à l'Est de Paris,
près du cours de Vincennes. « Le volume d'appels est trop important. Le
personnel est à l'étroit, indique Alain Le Picaud, responsable de la relation
client à la RATP. D'autant plus que, au-delà de sa fonction d'aide aux
déplacements en Ile-de-France, le Centre d'Information Téléphonique devrait
aussi assurer une fonction de portail vers les divers services de la RATP
(gestion des abonnements, aide aux personnes à mobilité réduite, réclamations,
suivi des infractions...). Cette nouvelle structure devrait voir le jour
courant 2002. » Une relation clientèle qui a sensiblement évolué au fil des
années, conférant au plateau téléphonique de nouvelles prérogatives. En 1975,
la RATP innove et propose, en un seul ticket, la possibilité de cumuler le
transport urbain parisien et le réseau de banlieue de la SNCF. La Carte Orange
est née. Un Centre d'Information Téléphonique (CIT) est alors mis à la
disposition des usagers. Ils sont quatre chauffeurs de bus à s'improviser
téléopérateurs. L'opération ne doit durer que quelques mois, le temps
d'expliquer la nouvelle carte. Mais très vite, la direction décide de prolonger
la période de validité du numéro d'appel et renforce l'équipe en place. Au
début des années 80, la brigade de quatre machinistes passe à 20. Il n'y pas
vraiment de stratégie claire, ni de formation proposée. C'est l'époque du
papier, du crayon et du combiné.
DE L'INFORMATION, RIEN QUE DE L'INFORMATION
Aujourd'hui, ils sont vingt-six salariés à officier
dans l'immeuble gris du IXe arrondissement de Paris. Mais le matériel a changé
: PC, logiciels d'aide à la prise de décision, téléphonie en réseau. La RATP
s'est dotée d'un ACD CS Telecom, de serveurs vocaux Ferma et, pour la sécurité,
tous les dispositifs sont doublés : deux serveurs vocaux, deux lignes France
Télécom. Une équipe restreinte est chargée de répondre à 3 000 appels par jour
provenant d'un numéro à 2,21 francs la minute. La moitié des renseignements
portent sur les itinéraires et entre 20 et 30 % ont trait à de l'information
sur l'état du trafic. Les autres demandes sont prises en charge en amont, au
niveau du serveur vocal. La RATP a également mis en place un disque, mis à jour
en temps réel et qui ne procure que les données sur les éventuelles pannes ou
retards... Mais le service gère aussi quelque 150 e-mails hebdomadaires. « Ici,
on ne fait pas de vente mais on rassure le client, on lui apporte un service
supplémentaire, note Alain Le Picaud. Nous disposons du Plan Indicateur Virtuel
d'Itinéraire, que nous baptisons PIVI, disponible également sur ratp.com. Grâce
à cet outil, nous prenons par la main le voyageur. Il nous indique simplement
le lieu où il se trouve et ou il désire se rendre. Nous lui exposons un
circuit, c'est-à-dire les rues à emprunter, la station la plus proche, les
correspondances et le temps de trajet. Un véritable guide personnalisé, une
"canne blanche" virtuelle en quelque sorte. Nous procurons également des plans
de ville, des idées de sorties pas chères, des concerts à moins de 50 francs.
Nous cherchons à étoffer notre service au-delà des attentes des usagers. »
SNCF : 80 000 APPELS PAR JOUR
Autre entreprise
nationale, autre stratégie. La SNCF s'est différenciée par une exploitation
plus commerciale et multicanal de la relation client. L'entreprise dispose
aujourd'hui de son site internet (150 000 connexions par jour) et d'un numéro
unique à 2,21 francs la minute. Ce dernier fournit des informations horaires
concernant le service Grandes Lignes, les conditions de circulation et assure
la mise en relation avec un agent de la compagnie si le client le souhaite. Le
service reçoit 80 000 appels quotidiens. Ce, sur les 38 sites que compte le
réseau Ligne Directe. Un flux traité par 1 300 télévendeurs répartis
géographiquement en neuf zones Audiotel, toutes dotées d'un ACD et toutes
accessibles à partir d'un numéro Audiotel. « Cela fait vingt ans que la SNCF
fait de la vente en ligne et est en relation avec ses usagers », affirme Yann
Le Tilly, adjoint au directeur de la stratégie. La société nationale a profité
à plein de son expérience du Minitel pour lancer la vente en ligne de billets
via son site sncf.com, puis via voyages-sncf.com. Dès 2000, sur le Net, on
pouvait réserver et se faire envoyer gratuitement les billets à domicile. Les
consommateurs, hésitants au départ, ne rechignent plus désormais à utiliser la
Toile. Les files d'attente au guichet se sont réduites et les clients semblent
satisfaits du gain de temps.
AIR FRANCE : UNE VOCATION AUSSI COMMERCIALE
Commercial, le site d'Air France l'est ouvertement.
Bien sûr, airfrance.fr fournit également des informations variées, sur la météo
dans le monde, les vaccins obligatoires, les formalités administratives de
départ, mais dans le but de transformer l'information en acte de vente. Il faut
dire que la compagnie n'évolue pas dans un univers monopolistique comme la RATP
ou la SNCF. Jusque deux heures avant le départ, le client peut appeler le
centre d'appels et réserver son vol. Le numéro de sa carte de paiement lui sert
alors de référent. Ensuite, il n'aura qu'à se présenter au comptoir, tendre sa
carte de crédit, et le billet d'embarquement lui sera délivré. Simple et
efficace. Mais ce système implique en coulisse une machine bien réglée. Le
centre de Montreuil, le plus important du réseau Air France, gère une double
activité : le grand public et les clients Club. Avec 200 positions de travail,
400 employés et une gestion de la relation client multicanal : Internet,
Minitel et téléphone.
LA FORMATION, CONDITION SINE QUA NON
En attendant 2002, date à laquelle un serveur frontal
proposera un numéro unique, Air France dispose actuellement de deux numéros
d'accès : un Numéro Indigo à la disposition du grand public 7 jours sur 7 de 6
h 30 à 22 h 00 ; un numéro noir ouvert 7 jour sur 7 et 24h sur 24 réservé à la
clientèle privilégiée du Club. « Les "Clubs" constituent notre cible
privilégiée, précise Carmen Lopez, responsable vente à distance du centre
d'appels d'Air France à Montreuil. Nous devons les chouchouter. Les appels
proviennent du monde entier et le centre d'appels se met en quatre. Il opère
toute la nuit. Le taux de décroché est de 92 % alors qu'il n'est que de 86 %
pour les appels grand public. » Air France reçoit environ 700 000 appels par
mois sur son Numéro Indigo. Le site de Montreuil en traite 31 %, soit environ
210 000 appels. Dont 40 % à des fins d'information, 60 % donnant lieu à la
création d'un dossier et seulement 16 % débouchant sur une vente. A terme, Air
France espère améliorer le taux de concrétisation commerciale et décharger au
maximum ses antennes locales pour leur permettre de se concentrer vers des
fonctions plus lucratives comme la vente de packages avion + hôtel + location
de voiture. Quelle que soit la finalité du centre d'appels, la formation est un
pilier essentiel dans le secteur des transports. Bertrand Delamarre, transfuge
de Fréquence Plus, le programme de fidélité d'Air France, a fondé cet été AD
Marketing, société d'outsourcing spécialisée dans les transports (voir p. 50).
Pour lui : « Que ce soit pour les compagnies aériennes, les tour operators ou
les agences de voyages, on vend du rêve. Cela suppose une très forte
implication des agents. Le client attend beaucoup du contact téléphonique. Il
faut être très professionnel. Les agents de voyages doivent savoir vendre, mais
ils doivent également pouvoir se prévaloir d'une culture du voyage. Et cette
culture ne peut s'assimiler qu'après un passage prolongé chez un voyagiste ou
une compagnie aérienne. La formation professionnelle se substitue de fait à la
formation théorique nécessaire. » Néanmoins, pour la grande majorité des
centres, les candidats sélectionnés sont des BTS tourisme.
BEAUCOUP D'EMBAUCHES EXTERNES, D'ABORD SOUS CDD
Tout comme chez Air France,
qui passe depuis longtemps des accords avec les écoles de tourisme. Même si, à
cause de la pénurie de main d'oeuvre - notamment en région parisienne -, la
compagnie aérienne doit faire preuve de davantage de souplesse dans ses
critères d'embauche. « Air France est un nom qui sonne et qui offre des
évolutions intéressantes puisque les agents sont assimilés en tant que
personnels de l'entreprise, avec l'ensemble des avantages que cela implique »,
souligne Carmen Lopez, qui emploie surtout des BTS. Les agents Air France sont
recrutés principalement en février. Beaucoup d'embauches externes se font
d'abord sous la forme de CDD. Histoire de tester les aptitudes sans prendre de
risque. La moyenne d'âge n'excède pas 30 ans. Les futurs "agents de voyages"
(ils dépendent de la convention collective du Syndicat National des agents de
voyages, Snav) de la compagnie aérienne doivent impérativement parler l'anglais
et maîtriser l'outil informatique. En deuxième lieu, Air France s'appuie sur
l'expérience d'un psychologue qui affine la sélection finale (ce que ne font ni
la SNCF ni la RATP qui préfèrent recruter en interne quand cela est possible).
Les élus sont, par la suite, envoyés à l'Ecole des Ventes d'Air France où une
formation théorique de trois semaines leur est dispensée. Cette formation
initiale à la culture maison permet l'acquisition des connaissances minimales
sur la tarification, les techniques de vente, la qualité de l'approche client,
l'apprentissage des codes des différents aéroports dans le monde... Puis les
promus enchaînent par trois semaines sur le terrain. Un plateau junior les
accueille sous l'oeil vigilant des "experts métiers". « C'est un espace
protégé. Ils ne doivent pas ressentir le stress. Les futurs agents apprennent
en temps réel à répondre, à donner des informations », souligne Carmen Lopez.
La SNCF a également développé une école de vente interne. Mais l'enseignement y
est plus global. Les futurs commerciaux n'y sont pas formés spécifiquement pour
travailler sur les centres d'appels et la vente à distance. Ils pourront être
affectés au guichet, dans les gares ou dans les agences. Pour ceux qui
souhaitent intégrer un centre d'appels, ils devront suivre deux jours
supplémentaires de formation afin d'appréhender spécifiquement ce métier. Un
peu court !
CINQ SEMAINES POUR ASSIMILER CORRECTEMENT UN GDS
La maîtrise des logiciels de GDS (Global Distribution System)
aériens comme Sabre, Galileo, Amadeus pour les plus connus, ou encore Socrate
pour la SNCF, nécessite une formation longue et coûteuse. « Il faut en moyenne
cinq semaines de formation pour assimiler correctement l'utilisation d'un GDS
», affirme Bertrand Delamarre. Cet investissement en matériel et en hommes est
la clef de voûte du système et du bon fonctionnement d'un centre d'appels dans
l'univers des transports. « Si le turn-over est trop élevé, on court à la
catastrophe », poursuit le patron d'AD Marketing. Le centre d'appels représente
plus qu'un simple lieu de contacts entre un appel entrant et un récepteur. Il
doit être une véritable agence de voyages, employant des personnes qui sauront
communiquer, appréhender les besoins du client et proposer le cas échéant des
solutions de rechange. Devant la multiplication des partenariats passés dans
l'univers du tourisme, les opérateurs doivent faire preuve d'une très grande
réactivité. Gérer la réservation d'un vol, d'un hôtel, d'une voiture. Et ce, en
travaillant avec un écran sur lequel plusieurs fenêtres s'affichent. Et en
étant capables de souplesse au point d'anticiper un refus tout en proposant un
autre produit.
UNE GÉNÉRATION MOINS MANIABLE ET MOINS FIDÈLE QUE SON AÎNÉE
Bref, quand les compagnies aériennes embauchent, elles
misent sur le long terme. Un agent de voyages coûte cher en investissement
initial. Il ne doit pas partir au bout de quelques mois. Chez Air France, la
formation continue s'étalera tout au long du contrat de trente mois que l'agent
signe avec l'entreprise, avec des étapes successives de développement
concernant les compétences complémentaires à la VAD, les activités connexes à
la vente : Internet, l'émission de billets... D'où la nécessité pour les
employeurs d'apporter une réelle plus value à la fonction. D'autant que la
jeune génération est moins maniable et moins fidèle à l'entreprise que son
aînée. « C'est donnant-donnant, affirme Carmen Lopez. Les conseillers passent
un contrat avec la compagnie. Il s'agit d'une population jeune qui sait ce
qu'elle veut. En l'occurrence évoluer vers les autres entités de la maison. En
contrepartie, ils sont très impliqués et s'adaptent très vite. L'informatique
ne leur pose pas de problème et ils sont opérationnels rapidement. Alors, il
faut alimenter, enrichir les tâches, proposer des stages complémentaires. »
C'est pourquoi, au bout d'un an, les agents d'Air France sont formés à gérer la
relation avec la clientèle Affaires ou Club : des clients difficiles, pressés,
qui demandent beaucoup de disponibilité et qu'il faut satisfaire toujours
davantage. Il faut, par conséquent, maîtriser parfaitement le produit, réagir
avec tact et souplesse, mais surtout savoir anticiper, proposer des
alternatives. Au bout de trente mois, certains choisissent de rester, d'autres
changent de voie et se dirigent vers les Hubs comme Orly ou Roissy Charles de
Gaulle, les comptoirs, les agences, l'émission de billets... Très peu quittent
l'entreprise.
UN SCHÉMA D'ACCÈS RELATIVEMENT STANDARD D'UNE SOCIÉTÉ À L'AUTRE
Cette mobilité en interne est spécifique aux compagnies
de transport. Leur taille et la multiplicité de leurs services offrent des
perspectives d'évolution non négligeables. Un téléopérateur ne se voit pas
condamné à travailler toute sa carrière dans un centre d'appels, à devenir
fatalement superviseur, puis chef de plateau... La stabilité du personnel
permet aussi aux entreprises d'enrichir leur besoin en main d'oeuvre sur
d'autres fonctions et d'afficher un turn-over faible. Contrairement aux centres
d'appels classiques où l'accession à des postes à responsabilité se fait le
plus souvent en allant travailler pour la concurrence, la promotion vers
d'autres métiers en interne est un atout indéniable que mettent à profit les
grandes entreprises de transport afin de garder leurs meilleurs éléments. Dans
les grandes entreprises du transport, le schéma d'accès aux services clients
est bien souvent le même. On a tout d'abord un numéro unique qui permet de
joindre un serveur vocal interactif (SVI). Si la demande ne peut être traitée
automatiquement, le client est orienté sur un agent de voyages qui réserve en
direct sur un GDS. En temps réel, l'opérateur sait exactement si les places que
le client désire acheter sont disponibles. Une proposition est faite. La
demande doit ensuite se réaliser et la vente se confirmer. Mais la réelle
difficulté pour Air France, la SNCF ou n'importe quelle autre compagnie de
transport, ne réside pas tant dans la formation du personnel aux techniques
informatiques ou téléphoniques, que dans le dimensionnement de leurs centres.
Avant l'avènement des 35 heures et des portables, les volumes d'appels étaient
prévisibles et relativement linéaires. Aujourd'hui, les modes de consommation
changent. La courbe de présentation d'appels s'est modifiée suite aux
changements d'habitudes des clients (RTT dans les entreprises et utilisation
accrue du téléphone mobile), impliquant un réaménagement dans la planification
des effectifs. Chez Air France, les horaires ont été réorganisés afin de mieux
couvrir la demande au sein de la journée et en fonction du poids de chaque jour
de la semaine. « Il n'existe pas de logiciel sur le marché permettant d'établir
des plannings horaires intégrant nos contraintes sociales, souligne Carmen
Lopez. Aussi l'étude a-t-elle été faite en interne. Différentes hypothèses ont
été établies avec pour objectif de perdre moins d'appels sans pour autant faire
dériver les coûts de fonctionnement. Ces hypothèses répondaient à la fois aux
attentes des vendeurs en matière d'organisation personnelle et aux objectifs
commerciaux et économiques du service. La principale difficulté étant que les
attentes des personnels étaient et sont toujours très contradictoires. » Même
constat à la SNCF. Le poids des syndicats et la lourdeur administrative ne
facilitent pas les aménagements rapides. Que de difficultés à la SNCF pour
réduire le nombre de sites, chez Air France pour aménager des horaires
flexibles inhérents à cette activité. Ainsi, toujours selon Carmen Lopez, « des
hypothèses d'organisation ont été présentées aux organisations syndicales qui
les ont critiquées. Des aménagements ont été faits au fur et à mesure des
négociations, sans perdre de vue l'objectif premier de mieux couvrir les
appels. Un consensus s'est dégagé à l'issue de ces négociations qui ont été
perçues comme très constructives par les partenaires sociaux. »
GRÈVES, INTEMPÉRIES, ACCIDENTS, ATTENTAT...
Les
nouvelles grilles horaires sont mises en place depuis septembre dernier. Une
adaptation des outils de gestion a été nécessaire, avant la fin des
négociations sur l'application des 35 heures, pour permettre à l'ensemble du
système de fonctionner. Ce qui se traduit par le fait que les vendeurs peuvent
s'échanger leurs horaires au travers d'une bourse de l'emploi accessible sur
leur poste de travail. Autre caractéristique propre aux transports : les
centres d'appels sont souvent amenés à faire face à des situations de crise :
grèves, intempéries, accidents... Quand les machinistes du métro manifestent
dans les rues, le centre de la RATP fonctionne à plein. Pas question d'être
solidaire avec les collègues. La présence est obligatoire. En cas de préavis de
grève, la RATP déploie ce qu'elle appelle le "Plan vert d'information". Des fax
préparés sont envoyés la veille aux entreprises afin de les prévenir des
conséquences du préavis de grève. « Il ne sert à rien que les nombreux employés
de La Défense attendent le train sur le quai alors que le trafic est interrompu
pendant 1 heure ou 30 minutes, affirme Alain Le Picaud. Nous mettons en place
un serveur vocal et des écrans dans les stations. Nous mettons à disposition un
Numéro Vert 24 heures avant le débrayage. Ce sont des moments de grande tension
car nous recevons environ 400 000 appels dans la journée que nous traitons à 90
%. » La SNCF éprouve des difficultés à mettre en place un tel service en cas de
grève et ne propose rien de particulier si ce n'est une information basique sur
l'état du trafic. Pourtant, dans ces situations, le nombre d'appels reçus
avoisine les 800 000. En revanche, en cas d'accident, la SNCF active un plateau
avec un prestataire, et un Numéro Vert est ouvert. « Heureusement, nous ne
l'avons activé qu'une seule fois en trois ans. C'était pour la gare d'Orsay »,
glisse Claudine Escure, animatrice du réseau Ligne Directe. Air France dispose
également d'une cellule de crise en cas de crash afin de rassurer le plus
rapidement possible les familles qui attendent dans l'angoisse de savoir si,
oui ou non, un de leurs membres se trouvait à bord de l'avion. Pour gérer ces
situations hyper sensibles, pas d'outils spécifiques. D'ailleurs, les centres
d'appels dans l'univers des transports sont finalement assez peu technophages
(voir p. 53), au regard de la dimension impliquante des produits vendus, de la
précision requise dans la prestation et de la diversité des offres connexes
proposées.
Air France : 12 millions d'appels mensuels
La vente à distance chez Air France est prise très au sérieux et les moyens sont proportionnels à l'entreprise. Une activité que l'entreprise a décidé d'internaliser presque totalement, à l'exception d'une partie de son programme Fréquence Plus, sous-traitée par Bertelsmann Services. Pour la vente à distance, il existe un numéro unique, le 0820 820 820 qui enregistre en moyenne 700 000 appels par mois et 12 millions d'appels entrants par an. Pour la bonne gestion d'un tel flux, Air France dispose de 1 300 agents répartis sur 10 centres d'appels en France. Quatre gros centres : deux à Paris, un à Lyon, un à Strasbourg (150 à 200 positions de travail par centre). Deux centres de taille moyenne : Toulouse et Marseille (60 à 100 positions de travail par centre). Quatre petits centres : à Nice, Bordeaux, Ajaccio et Bastia (moins de 50 positions par centre). Les horaires d'ouverture sont les mêmes quelle que soit la région. Les clients Club (2000, Fréquence Plus) sont privilégiés. Ils peuvent appeler 24 h/24, 7 jours sur 7. Pour les autres, les agents de voyages répondent de 6 h 30 à 22 h 00, 7 jours/7. Le centre de Montreuil, l'un des plus importants avec celui de Cachan, prend le relais quand les autres cessent leur activité.
La SNCF développe le multicanal
La SNCF transporte chaque année plus de 300 millions de voyageurs. Il est normal qu'elle ait mis au point, non sans difficulté, les moyens nécessaires pour faciliter les réservations, que ce soit via le guichet, le téléphone, Internet ou le Minitel. Après les 600 millions de francs récoltés en 2000 grâce à la vente en ligne sur son site sncf.com, elle compte atteindre le milliard de francs en 2001, grâce notamment aux avancées technologiques et à la diversification des points de contacts avec la clientèle. Cette approche multicanal permet à l'entreprise de répondre plus facilement à la demande, surtout pendant les périodes de fêtes, de vacances ou le pic de voyageurs est considérable. Rien que sur le premier week-end du mois d'août, les gares parisiennes doivent absorber trois millions de voyageurs. Les centres d'appels de la SNCF traitent entre 60 000 et 80 000 appels quotidiens en moyenne, (jusqu'à 600 000 les jours de grève).