Compubase : Trois bonnes raisons de ne pas s'inquiéter
L'unité de l'entreprise, la difficulté de recruter du personnel compétent sur place, enfin la taille du centre d'appels, insuffisante pour tirer parti des avantages locaux : voici trois raisons qui ont poussé Compubase à garder son centre en France.
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Compubase a décidé de ne pas délocaliser sa plate-forme téléphonique. Cette
société gère une base d'information européenne sur les prestataires
informatiques, réseaux et télécoms, les constructeurs, les revendeurs, etc. :
environ 100 000 acteurs du monde informatique et télécoms référencés en Europe,
dont 18 000 en France, 15 000 en Allemagne et autant en Grande-Bretagne, 10 000
en Italie... Son centre d'appels de quarante postes couvre dix langues parlées
dans une quinzaine de pays, avec uniquement des agents de langue maternelle. Le
personnel du centre est à 65 % non français, dont 16 % d'anglophones. A
priori, le profil de Compubase incitait à l'expatriation. Comme l'admet
volontiers Jack Mandard, son P-dg, qui s'est déjà penché sur la question il y a
deux ans : « Notre centre d'appels développe une activité européenne et nos
clients sont essentiellement dans les domaines informatique et télécoms. Tout
nous prédisposait à aller nous installer quelque part en Irlande. Mais nous
avons choisi exactement le contraire. Nous ne voulions pas porter atteinte à
l'unité de l'entreprise, c'est une valeur qui n'a pas de prix. » Première
raison évoquée par Jack Mandard : l'effet "tasse à café", avec des discussions
qui naissent spontanément dans les couloirs et autour de la machine à café. «
Aujourd'hui, c'est un poste de profit pour l'entreprise. Si l'on délocalisait
le centre d'appels, la communication avec la direction qui reste au siège, à
Paris, deviendrait un centre de coûts. » La comparaison des tarifs
téléphoniques aujourd'hui ne lui paraît plus aussi intéressante qu'elle pouvait
être, il y a quelques années. « En revanche, le coût de la main-d'oeuvre est
toujours plus intéressant en Grande-Bretagne et en Irlande, constate Jack
Mandard. Mais, en délocalisant, on doit affronter des difficultés de
recrutement du personnel de qualité. En Irlande, on a surtout affaire à du
personnel de passage, tandis que nous recherchons des compétences sur la durée.
En comparaison, en France, il y a beaucoup d'étrangers en situation stable,
tandis qu'en Grande-Bretagne ou en Irlande, on recrute surtout des étudiants.
Les centres, qui se délocalisent facilement en Irlande, pratiquent généralement
le travail taylorisé. »
ECONOMIES FISCALES ET FACILITÉS LOCALES
Compubase, au contraire, annonce des investissements dans
la formation du personnel. Or, parmi les salariés, quasiment aucun ne voulait
déménager en Irlande, pour des raisons essentiellement familiales. « Quant au
recrutement sur place, certaines villes d'Irlande comptent déjà beaucoup de
centres d'appels. Les gains théoriques sont vite consommés par la surenchère »,
ajoute Jack Mandard. Le facteur de coût des locaux en Grande-Bretagne, avec des
baux plus longs et moins souples, apparaît aussi comme une contrainte. « Mais,
à côté, vous avez des économies fiscales, moins de contraintes administratives
et les facilités locales, poursuit Jack Mandard. Il y a deux ans, au moment où
nous étudiions la question, les villes et régions anglaises étaient très
dynamiques. Elles se proposaient de supporter le dossier, de s'occuper de
l'étude économique, des locaux et même des avocats qui allaient traiter notre
dossier. En tout, cela pouvait représenter une économie de 150 000 à 200 000
francs par an. » Les dirigeants de Compubase ont fait différentes estimations
et ont conclu que, pour un centre de moins de cinquante postes, cela ne valait
pas la peine de s'engager dans la délocalisation. D'après leur analyse, cette
démarche devient économiquement acceptable pour un centre entre cinquante et
quatre-vingts postes. Et à plus de quatre-vingts postes dans le centre, c'est
très intéressant. Ces chiffres tiennent compte des différents effets de seuil.
Par exemple, les frais fixes, ceux du standard, etc. A partir de trente postes,
il devient rentable d'avoir une équipe technique sur place, et cela revient à
moins cher que la sous-traitance. « Aujourd'hui, je pense que, l'euro aidant,
la compétition entre les pays va provoquer un lissage des tarifs, conclut Jack
Mandard. Il n'y aura pas de gains substantiels à long terme. »