Témoignage Chronopost : « Le seul moyen de calculer la rentabilité du service serait de le fermer. »
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La rentabilité d'un centre d'appels interne n'est pas facile à estimer.
Surtout quand le centre fait de l'information avant-vente et que la vente
elle-même se passe ailleurs. C'est le cas de Chronopost qui vient d'ouvrir son
troisième centre de service clients. Dans la diffusion des informations pour
les petits et moyens comptes, tout comme dans l'avant-vente pour le grand
public, le rôle de ces centres est évident. Comment le quantifier ? Jean-Louis
Carrasco, directeur des services clients chez Chronopost, n'a pas encore trouvé
de réponse : « Les responsables des services à destination du grand public me
disent que depuis 1996 ils ont augmenté les ventes. Je leur réponds que depuis
1996 nous avons un service clientèle. La courbe des ventes a augmenté de façon
synchrone avec le développement de ce service. Quelle est sa part effective
dans cette hausse ? Il n'y aurait qu'un moyen de le savoir, fermer le service
clients et en attendre les effets. » Le métier de messagerie express, c'est le
transport non seulement de colis, mais aussi de l'information. Chez Chronopost,
le suivi des colis se fait aujourd'hui sur le Minitel, sur le Web et sur les
centres d'appels. L'entreprise a mis en place un système de reconnaissance
vocale pour restituer au client l'historique de son colis - il a été livré à
telle heure, à telle personne. « Nous constatons une croissance annuelle de 40
à 45 % en nombre d'appels, pour une croissance des activités de transport de 12
% sur la même période, poursuit Jean-Louis Carrasco. Cependant nous sommes
considérés comme une ligne de coûts, sans profits directs. Alors la rentabilité
passe par la fidélisation. Dans notre métier à forte concurrence, au moindre
ratage, le client s'en va chez un autre transporteur. Pour fidéliser et garder
les mécontents, nous avons instauré un système de remboursement en ligne des
livraisons hors délai garanti. Pas besoin d'envoyer des lettres recommandées,
vous appelez le centre et si l'opérateur constate que le délai indiqué par le
système informatique a effectivement été dépassé, le coût de l'envoi est
immédiatement remboursé. Il suffirait d'arrêter ce système pour voir le taux de
"mortalité" des clients. »
COÛT DU CENTRE D'APPELS DE CHRONOPOST : 2,4 % DU CHIFFRE D'AFFAIRES
Depuis un an et demi ces centres
programment aussi les enlèvements des colis sur demande au niveau national. Le
client n'est plus obligé d'appeler les quarante dépôts un par un pour organiser
ses envois. Et avec la programmation des enlèvements sur le centre d'appels,
nous avons multiplié les ventes de ces services par trois. Le coût du service
clients est égal à 2,4 % du chiffre d'affaires de Chronopost. Combien
rapporte-t-il ? Même pour un service intégré dans l'entreprise, il est
difficile de suivre le taux de transformation d'une information commerciale en
une vente, surtout quand il s'agit du grand public. Et d'une entreprise de
taille nationale. « Nous voudrions bien instaurer un système de bons de
réduction pour suivre un peu mieux l'évolution de la clientèle, témoigne
Jean-Louis Carrasco. Mais imaginez, il faut équiper 14 000 bureaux de poste
pour la réception de ces bons, former 65 000 guichetiers... Pourtant, tout le
monde chez Chronopost sait aujourd'hui par expérience qu'on ne peut pas se
passer de nous. Il y a quelque temps, nous avons subi une "congélation" des
effectifs qui n'augmentaient plus à la même vitesse que le nombre d'appels. Au
bout de quatre mois, les opérateurs du centre ne pouvaient plus suivre, les
lignes étaient occupées à la longueur du temps. Alors les téléphones ont
commencé à sonner chez les directeurs commerciaux, chez le PDG, partout. Les
chargés d'affaires passaient une bonne partie de leur temps à répondre au
téléphone au lieu de développer les ventes. »
DEUX BAROMÈTRES DE SATISFACTION
Aujourd'hui ce problème est dépassé. Le service
client suit une courbe de croissance normale et augmente sa rentabilité interne
par la mise en place d'un système d'information vers d'autres services. A la
clé, un gain de productivité important que l'on peut désormais quantifier,
comme l'explique Jean-Louis Carrasco : « Nous avons deux baromètres de
satisfaction des clients. Le premier avec des appels mystères, porte sur la
forme - comment accueille-t-on, etc. Le deuxième mesure les processus du SAV,
son efficacité et sa rapidité. Le client peut pardonner une erreur, mais ne
pardonnera jamais le retard dans la correction. L'information doit être
véhiculée le plus vite possible, avec le moins de ressaisies possible entre les
services. Nous voulons casser les processus manuels. L'impact de ce système
d'information est dans le raccourcissement des délais de traitement et la
réduction des coûts. Il permet surtout à Chronopost d'éponger la hausse des
appels sans gonfler proportionnellement les effectifs. Par exemple, face à
l'accroissement des appels de 40 %, les effectifs du service clients n'ont
augmenté que de 25 % seulement. Le reste a été couvert par l'amélioration de la
productivité. » De plus, le système d'information intégré a facilité
l'amélioration de la qualité des services rendus par l'entreprise grâce aux
rapports sur les causes principales du mécontentement fournis par le service
clients.