Télédiagnostic en réseau
Pour traiter 4 000 demandes par jour, le distributeur-intégrateur fonctionne sur un schéma multisite en réseau avec distribution intelligente des fiches d'incident. 70 % des dossiers sont traités à distance. Explications du directeur du service client.
Comment fonctionne le service clients d'Alcatel Réseaux d'Entreprise ?
Le service clients s'organise autour de trois sites
principaux : Colombes, Nantes et Lyon. Tous ont atteint leur taille critique,
ce qui signifie que nous avons une homogénéité de fonctionnement sur l'ensemble
de ces sites. Le service est ouvert 24 heures/24. Mais les horaires
d'accessibilité au service dépendent aussi du contrat passé. Dans notre jargon,
les différents niveaux de contrats sont appelés support basique, support plus,
support premier et support total. Seul le site de Colombes est ouvert la nuit.
En revanche, par souci d'équité, nous répartissons les astreintes entre les
trois sites. Sur chacun d'entre eux, nous avons distingué l'accueil du
diagnostic. Il s'agit de deux métiers différents. Pour la partie expertise,
nous travaillons avec des techniciens en ligne, spécialisés par gamme et par
ligne de produits. Par exemple, sur l'une des lignes de produits (Omni-touch,
OmniPCX) de la gamme PABX. Cette spécialisation n'empêchant pas certains
techniciens de passer, en fonction du trafic, d'une ligne de produits à une
autre.
Cela représente combien de personnes ?
Actuellement nous employons 180 techniciens de haut niveau, et une cinquantaine
d'agents d'accueil, ce qui porte les effectifs à près de 230 personnes sur
l'ensemble de nos trois sites, pour 250 positions. Nous recevons chaque jour 4
000 appels, 200 fax (principalement des demandes de modification, par exemple
sur les postes installés chez le client).
Les trois sites sont organisés en réseau virtuel ?
Nous avons un Numéro Indigo unique
(0825 030 020). Lorsqu'un client appelle de Marseille, il peut très bien être
réceptionné par un agent de Nantes ou de Colombes. Nous sommes sur des
plates-formes hardware Alcatel Omnitouch 4 400. Nous avons un CTI Genesys et
sommes sur du Siebel pour le front-office. Quant à l'ERP, nous sommes en train
de migrer de SAP à JD Edwards. Les Omnitouch distribuent automatiquement les
appels via le CCD. Le système supervise le réseau, identifie l'ensemble des
agents présents et oriente l'appel en fonction de la disponibilité, ou de ce
que nous appelons le PLTR, le "plus long temps de repos". Les superviseurs au
niveau des équipes d'accueil surveillent la distribution des appels à travers
notre outil de supervision, le CCS. Nous avons mis en place un coaching assez
rapproché pour les équipes d'accueil afin de gérer en temps réel la
disponibilité des agents.
Pourquoi avoir privilégié ce modèle de fonctionnement plutôt que des sites autonomes ou régionaux ?
Ce
modèle nous permet d'avoir une meilleure gestion des compétences sur les trois
sites, de réduire le nombre des appels perdus et de garantir une qualité de
service. Après chaque résolution de problème, nous adressons au client, par
fax, un questionnaire de perception de la prestation fournie. Le taux de retour
est de 30 %, ce qui est énorme et qui nous permet d'élaborer des statistiques
mensuelles. Pour le mois de juin, par exemple, 90 % des clients sont
satisfaits. Nous gardons nos clients en moyenne sept ans. Aujourd'hui, le
centre de contacts gère encore des clients qui sont équipés de matériel
Thomson.
Précisément, quel est le cheminement d'une demande client ?
L'appelant tombe sur un agent d'accueil, qui ouvre
systématiquement une demande de service, c'est-à-dire un numéro d'incident.
Ensuite, il y a deux cas de figure. Soit le client n'a pas de contrat de
service et il sera routé vers notre service télévente, où on lui fera une
proposition de contrat de service. Soit le client a signé un contrat, et sa
demande de service est alors routée vers le groupement de techniciens
spécialisés dans la ligne de produit concernée.
En quoi consiste alors le travail des techniciens ?
Un technicien va pêcher la
demande de service dans le système d'information et rappeler le client pour se
connecter sur le produit, un PABX par exemple, afin de checker l'installation.
Bref, il élabore un télédiagnostic, tout en restant en ligne avec le client. Ce
qui peut facilement prendre plusieurs heures. Il essaiera ensuite de mettre fin
au problème. Nous arrivons à résoudre 70 % des 2 500 demandes de
téléintervention enregistrées chaque jour. Il n'y a même pas dix ans, lorsque
le client appelait, on envoyait un technicien. Le fait d'avoir un centre de
contacts nous permet donc de traiter à distance plus de 70 % des appels. Quand
ça n'est pas possible, on envoie la fiche vers une équipe de planification qui
programmera l'intervention d'un technicien sur le terrain. Lorsque nous n'avons
pas de liaison modem, comme c'est le cas avec la Datar, nous sommes obligés de
reproduire le phénomène sur maquette ou d'envoyer un technicien sur site. Nous
avons donc des niveaux de résolution beaucoup plus faibles.
Quelles sont les normes de qualité de service en vigueur ?
Notre objectif,
c'est de faire un décroché avant 15 secondes. Le temps moyen de délai de rappel
est de 30 minutes. Avec une priorisation liée à la nature des contrats de
service passés avec les clients. Nous avons 150 000 clients au total sur
l'ensemble du territoire, dont 100 000 clients sous contrats rattachés à nos
cinq grandes régions.
Rencontrez-vous des difficultés dans le recrutement des techniciens ?
Non. Nous recrutons en interne et
par les accords que nous avons passés avec les universités et les écoles
d'ingénieurs. Nous travaillons également en pépinière et en contrats
d'alternance. Nous recherchons des bac + 2 avec option Gestion Télécoms et
Réseaux. Ainsi que des DEUST, population sur laquelle, par exemple, nous
travaillons beaucoup avec l'université de Jussieu. Nous embauchons également
des ingénieurs. Quant au profil des agents d'accueil, il s'agit de bac + 2,
action commerciale avec connaissance de l'environnement informatique et qui ont
une expérience sur une plate-forme. Chez les techniciens, on trouve une grande
majorité d'hommes. La moyenne d'âge se situe autour de la trentaine. Entre 25
et 30 côté accueil. Plutôt entre 35 et 40 ans pour la partie technique.
Certains techniciens ont plus de 50 ans.
Quel est le turn-over sur les plateaux ?
En pourcentage, je ne peux pas vous répondre. Il
est très faible et très lié à des mouvements en interne.
Comment motivez-vous vos équipes ?
La motivation des techniciens se fait
sur deux axes : l'intéressement et l'incentive. Nous avons mis en place un
système de challenges portant sur le qualitatif et le quantitatif. Le
qualitatif s'évalue d'une part sur la base de la remontée des remarques
clients, d'autre part sur la force de proposition des techniciens quant à
l'amélioration de notre organisation. Tous les deux mois, et dans la lignée des
séminaires de management, nous les intégrons, par panels représentatifs des
trois sites, ainsi que les partenaires sociaux, à des ateliers de réflexion sur
des thèmes précis : comment monter le plan d'intéressement, comment construire
le plan d'incentive ? Nous attribuons ensuite des points en fonction des
suggestions proposées lors de ces ateliers et remettons des chèques cadeaux
tous les trimestres.
Quel est le salaire moyen d'un technicien ?
Je ne peux pas répondre à cette question. Il y a des variantes,
de l'ancienneté, de l'intéressement. Mais nous sommes dans les valeurs marché.
L'intéressement est de 20 KF par an pour les techniciens en ligne et 25 KF pour
les certifiés.
Et les perspectives de carrière ?
Nous
avons mis en place un système de certification des techniciens avec nos
partenaires, comme Cisco, avec Alcatel sur les différentes lignes de produits.
Car le service client fonctionne sur un modèle d'escalade. Lorsque le
diagnostiqueur n'arrive pas à trouver une solution au problème du client, il
remonte le dossier vers l'expert certifié. Nous avons des experts côté data et
côté PABX. Et ceux-ci peuvent également escalader vers le constructeur ou le
partenaire.
A partir de combien de temps considérez-vous qu'un technicien est autonome ?
L'autonomie, nous la mesurons en termes
de productivité. Je considère qu'un technicien, par rapport à nos process, est
autonome en moyenne au bout de six mois. C'est-à-dire qu'au bout de six mois,
il peut traiter tel volume de dossiers. Sachant que dans cette période, il aura
suivi de nombreuses formations. Nous consacrons 2 000 jours/an à la formation
de nos techniciens. A raison de 180 personnes, cela représente 5 % de leur
temps de présence. C'est largement au-dessus de la moyenne.
Avez-vous recours à l'externalisation ?
Jamais. Lorsque
nous avons besoin de renforts, nous observons en premier lieu l'optimisation
des ressources terrain au niveau de nos différentes régions. La chaîne
technique, sur le terrain et sur le centre de contacts, est la même. Ce cas de
figure peut se présenter en période d'orages ou lors d'éventuels incidents
techniques - mais ces derniers sont rares du fait de notre système de
sauvegarde. De plus, l'expérience d'une année sur l'autre nous permet de
toujours anticiper afin de ne jamais être vraiment pris au dépourvu.
Quel est le schéma hiérarchique ?
En tant que directeur
national des centres de contacts clients, j'ai à chapeauter deux branches. Une
branche technique avec un responsable des techniciens en ligne. Une branche
accueil et télévente avec son responsable. Côté technique, chaque site a un
responsable de plate-forme. Ensuite, on trouve les team leaders. Côté accueil,
chaque site a un superviseur. De même que l'équipe télévente, basée à Colombes,
qui est éga-lement placée sous la responsabilité d'un superviseur.
Et le Web, les mails, le chat ?
L'intégration des
aspects web va nous permettre d'aller plus loin dans l'optimisation du service.
Avec les e-mails, le chat, le co-browsing. Nous avons lancé une expérimentation
sur notre site : il est possible de nous contacter par mail, chat ou via
demande de call back. Mais notre site est avant tout informatif. La prochaine
étape consistera dans l'ouverture d'Extranets, dès le début septembre. Les
clients pourront avoir accès à des espaces réservés d'où ils pourront gérer
l'état de résolution de leur problème ou encore l'avancement de leur demande
commerciale. Pour nous, c'est aussi une manière d'absorber un certain volume de
demandes. Il y a de fait un nombre colossal de demandes commerciales qui
peuvent être automatiques. Demandes qui aboutissent aujourd'hui sur le centre
de contacts parce que nous ne communiquons que sur un numéro et que nous
mentionnons ce numéro un peu partout. Ces appels étant traités par nos agents
d'accueil.
Biographie
Daniel Diego, 47 ans, entre dès sa sortie d'école de commerce comme ingénieur commercial chez Thomson. Chef de vente, directeur d'agence à Limoges, il prend ensuite en charge l'animation nationale et régionale depuis le siège. En 2000, il devient directeur commercial pour les PME. Début 2001, il est nommé directeur du centre de contacts clients d'Alcatel Réseaux d'Entreprise.
Alcatel Réseaux d'Entreprise
Alcatel Réseaux d'Entreprises (ARE), filiale d'Alcatel, est le premier distributeur et intégrateur de solution de communications e-business en France. Domaines d'application : réseaux voix, data et réseaux convergents ; applications voix (postes de travail fixe et mobile, messageries, SVI...) ; GRC ; administration et sécurité des réseaux ; facilities management. La société, organisée en cinq grandes régions, dispose d'un réseau d'agences animé par 1 500 ingénieurs et techniciens, d'un centre d'intégration de 200 consultants et d'un centre de contacts clients de plus de 250 personnes. ARE compte 150 000 clients, dont 100 000 sous contrat.