Relativiser
Le débat de la conférence plénière, ouvrant la remise des Prix des Casques
d'Or 2003, dans le cadre du dernier SeCA, fut, pour le moins, animé. Il est
vrai que le thème, “Délocalisation off-shore : peut-on y échapper ?” était, et
reste, articulièrement d'actualité. Un thème sur lequel nous revenons, de façon
plus posée peut être, dans ce numéro. Sur la même tribune, partisans” et
“déçus” de “l'off-shore” - terme devenu quelque peu générique, même si l'on
peut discuter de son bien-fondé - ont confronté leurs expériences et arguments.
Engendrant également des réactions de la salle dans laquelle avaient pris place
des restataires “locaux” de cette délocalisation, défendant la qualité de leurs
prestations, quelque peu controversées par certains. Ce débat - tout comme
aujourd'hui notre dossier - n'avait pas la prétention d'apporter des réponses
définitives et manichéennes. D'ailleurs peut-il y en avoir ? Si l'argument
“coûts”, auquel on peut ajouter celui de la gestion des RH, est une réalité qui
pèse de tout son poids dans certaines décisions de délocalisation au-delà de
nos frontières, cette dernière n'est sans doute pas la seule alternative à
l'exploitation rentable d'un centre de relation client. La province française,
par exemple, n'ayant vraisemblablement pas encore délivré tout son potentiel.
Et, de toutes façons, il convient de relativiser sensiblement le phénomène qui,
pour être largement médiatisé dans le monde des call centers, et même au-delà,
ne touche finalement qu'un très faible pourcentage des centres de contacts
internalisés. A aujourd'hui, ce sont clairement les outsourcers qui sont les
principaux moteurs de ce phénomène. Mais l'on sait aussi que leur part de
marché n'est “que” de l'ordre d'une vingtaine de pour cent et que tous leurs
clients ne vont pas franchir mers et océans dans les semaines qui viennent. A
relativiser également la notion du “tout délocalisable”. Même si, et c'est
logique, certains outsourcers en font un de leurs chevaux de bataille. Mais la
plupart des expériences en cours, y compris celle de E Capital Bank,
interviewée ce mois-ci, militent davantage pour un partage de tâches
omplémentaires. Quoi qu'il en soit, la délocalisation off-shore ne s'improvise
pas. Et ne peut, du jour au lendemain, résoudre tous les problèmes. Mais, s'il
est un facteur à ne pas relativiser, c'est bien la notion de partenariat
donneur d'ordres-prestataire qui, loin d'être seulement une condition
suffisante, s'avère être une vraie condition nécessaire.