« Nous sommes des pionniers »
Avaya est né en 2000 à grands renforts de médiatisation, sans que tout le monde comprenne forcément de quoi il s'agit. Quels sont précisément les liens entre Avaya et Lucent ?
Un petit retour en arrière. Le
1er octobre 1996 naît Lucent Technologies. En quatre ans, le premier
équipementier télécoms mondial affiche un chiffre d'affaires de 39 Md$. En
octobre 1999, le groupe annonce qu'il renonce à son organisation par métiers
pour adopter une structure par marchés, par clients. Il passe par la même
occasion de 11 à 4 business units : opérateurs, entreprises, services,
micro-électronique. En mars 2000, il est décidé de rendre autonome l'activité
entreprises au plus tard le 1er octobre 2000. Avaya est une entreprise à part
entière, en Bourse depuis le 2 octobre 2000, et qui n'a plus aucun lien
juridique ni fiscal avec Lucent Technologies, si ce n'est une prise de
participation qui ne dépasse pas les 5 %, le reste étant détenu par des fonds
de pension américains et des particuliers.
Pourquoi cette séparation ?
Il s'agissait de se rendre beaucoup plus réactif sur
le marché des entreprises, c'est-à-dire le marché des utilisateurs de solutions
et services télécoms. C'est un marché très spécifique, sensiblement différent
de celui des opérateurs, avec des préoccupations différentes, des
interlocuteurs différents qui sont souvent des directeurs généraux ou des
directeurs marketing. En la matière, nous avons été pionniers. Plusieurs
concurrents, comme Nortel, Alcatel, Cisco, se sont aujourd'hui réorganisés dans
ce sens, en séparant l'activité entreprises.
Quel est votre positionnement ?
Notre cible se répartit sur cinq segments : les
centres d'appels, le CRM, les convergences (réseaux, voix, data), la messagerie
unifiée, la connectivité (câblage). Nous sommes de moins en moins
équipementiers et de plus en plus fournisseurs de solutions globales. Nous
avons d'ailleurs commencé à externaliser la production. Aujourd'hui, deux
centres sur quatre dans le monde sont outsourcés. Le conseil prend une place
grandissante, tout comme les applicatifs prennent le pas sur le matériel. L'une
de nos premières décisions a été d'augmenter de 50 % le budget recherche et
développement. Il y a par ailleurs des marchés sur lesquels nous avançons avec
plus de force, comme celui des ASP pour lequel nous avons lancé une solution
clés en main. Enfin, nous savons que nous ne pourrons pas tout faire seuls.
C'est pourquoi nous avons amorcé une politique de partenariats. Nous avons
récemment annoncé une alliance de poids avec Siebel, afin de préparer des
offres intégrées. De même, nous avons signé des accords avec Microsoft,
Accenture...
Quels sont aujourd'hui, en matière de centres d'appels, les clients en France dont Avaya peut se prévaloir à part entière ?
Il faut savoir que nous conservons l'héritage de Lucent
Technologies et que nous en reprenons la base installée. Soit plus de 100 000
systèmes de petite et moyenne capacité pour PME et plus de 600 systèmes
Definity. Mais, au titre en propre d'Avaya, nous avons signé avec Quali-Phone,
Europcar, le Crédit Lyonnais ou encore la Banque de France.
Quels sont les résultats d'Avaya ?
Aujourd'hui, Avaya, c'est 7,6 Md$ de
chiffre d'affaires. Nos résultats au premier trimestre sont en augmentation de
plus de 15 %. Notre ambition pour 2001 n'est pas de faire une croissance
phénoménale. Nous misons davantage sur la profitabilité, puisque notre objectif
est de valoriser la société via des acquisitions.
Et la Bourse ?
Nous nous sommes introduits à 18 dollars, nous en sommes à 15
environ. Ce qui est plutôt bien au vu de la conjoncture.
Eclips, pour le tout IP
Avaya lance Eclips (Enterprise Class IP Solutions), une gamme de solutions de convergence voix et données IP, allant des serveurs de communication IP aux téléphones IP en passant par les solutions d'infrastructure et d'administration de réseau IP. « Ici, comme ailleurs, notre approche est très pragmatique, explique Jean-Philippe Sloves, directeur du marketing et de la communication d'Avaya. Certains de nos concurrents (Cisco, ndlr) revendiquent une technologie de rupture, reléguant le PABX aux oubliettes et misant tout sur l'informatique. Nous considérons que la voix n'est pas une application comme les autres, qu'elle est indispensable et qu'il faut lui apporter un soin particulier. C'est pourquoi nous continuons de faire le lien entre voix et data, avec des cartes IP, avec l'IPBX. »