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Ingvar Kamprad, fondateur d'Ikea, une success story européenne

Le créateur d'Ikea a bâti un empire en partant de rien. Sa stratégie : un modèle de développement audacieux qui fait toujours école aujourd'hui. Son parcours est inspirant pour tous les dirigeants.

Publié par Mickaël Deneux le - mis à jour à
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Ingvar Kamprad, fondateur d'Ikea, une success story européenne
© Inter IKEA Systems B.V. 2018

Une détermination à toute épreuve

Résilience, audace et travail. Ces trois termes définissent la trajectoire épousée par Ingvar Kamprad, fondateur d'Ikea, devenu numéro un mondial de la vente de meubles et une des plus grosses fortunes du globe, avant son décès en janvier 2018.

Une réussite entrepreneuriale façonnée avant tout par un sens quasi inné des affaires. Tout commence modestement. Fils d'agriculteur, le Suédois grandit dans une région pauvre du pays. Ses parents possèdent une petite ferme familiale où, enfant, il travaille du matin au soir quand il ne se trouve pas à l'école.

Bien qu'il n'effectue pas d'études supérieures, Ingvar Kamprad attrape très vite le virus du commerce. Dans son village reculé, il n'existe pas d'épicerie et les agriculteurs locaux sont obligés de faire plusieurs kilomètres pour obtenir des denrées de premières nécessités. Une opportunité que l'apprenti chef d'entreprise va saisir.

Il comprend vite que les habitants ne rechigneront pas à payer plus cher des produits livrés à domicile. Au culot, il se lance dans la vente d'allumettes, en enfourchant son vélo et en démarchant les villageois. Préalablement, il emprunte de l'argent à sa tante pour acheter une centaine de boîtes. Ingvar Kamprad n'a alors que cinq ans.

Contrairement au conte d'Andersen, le petit vendeur d'allumettes va vite prospérer. En parallèle de l'école et de son travail à la ferme, il crée, en 1943, sa première entreprise dès l'âge de 17 ans. Il conçoit même un catalogue de fortune pour démarcher sa clientèle. Il y vend des vêtements, de la vaisselle ou encore des semences. Et s'aménage un petit entrepôt devant la ferme familiale.

Sur la devanture, il y inscrit ses initiales, Ingvard Kamprad, le lieu-dit Elmtaryd, et la commune Agunnaryd. Soit Ikea en abrégé.

Une manière innovante de vendre

L'entrepreneur commence à vendre des meubles en 1947, quatre ans après la création de son activité de négoce. Le succès est au rendez-vous si bien que son enseigne se spécialisera uniquement dans la vente de mobilier dès 1951. Le créneau est porteur : à l'époque, les grands magasins d'ameublement ne s'aventurent pas dans les campagnes reculées de Suède.

Le dirigeant s'assure un circuit d'approvisionnement court. Sa région d'origine étant forestière, il contracte des accords avec les scieries locales pour concevoir ses meubles en bois. La firme scandinave va surtout être au coeur d'une innovation : la création du meubles en kit dès 1956. L'entrepreneur se rend vite compte que l'on peut livrer des meubles démontés qui peuvent tenir dans un carton. Moins cher à produire, à transporter et surtout plus pratique pour le client pour acheminer son achat à domicile.

Ce système permet également de supprimer les coûts de livraison et d'optimiser la gestion du stock. Un meuble en kit, facilement empilable dans un entrepôt, prend en moyenne huit fois moins d'espace que sa version montée.

L'entreprise connaît une croissance rapide dans l'après-guerre et double son chiffre d'affaires chaque année. Elle va définitivement prendre son envol en 1965, avec l'ouverture de son premier grand magasin dans la banlieue de Stockholm, à Älmhult.


Pour ce faire, Ingvar Kamprad s'inspire directement de l'architecture du musée Guggenheim de New York. Un établissement à la forme circulaire où chaque visiteur est obligé de passer devant toutes les oeuvres avant de sortir. Le dirigeant va simplement dupliquer le modèle pour son magasin et établit un circuit fermé où les clients doivent obligatoirement effectuer un passage devant chaque produit au cours de la visite.

Dernier signe caractéristique de la patte Ikea : le client n'emporte sa marchandise dans les entrepôts qu'en fin de parcours. Il ne se trouve pas encombré de cartons au cours de ses allées et venues dans le magasin, ce qui renforce l'expérience d'achat. Par ce biais, l'entrepreneur suédois s'inspire également du libre-service dans le domaine de la grande distribution.

Hormis la forme circulaire du bâtiment, toutes ces innovations seront conservées dans l'ensemble des magasins et constitueront la marque de fabrique de l'entreprise suédoise.

Le développement d'une marque mondiale

Ingvar Kamprad a su aussi mettre en place une stratégie d'internationalisation raisonnée. Dans un premier temps, sa firme va s'implanter à Oslo en Norvège, au sein d'un pays limitrophe de la Suède. Puis viendront l'Europe et le monde. Par la suite, l'entreprise base son développement sur une limitation du nombre de magasins. Il y a à ce jour 355 magasins Ikea de par le monde (dont 34 en France), au travers de 29 pays.

L'entrepreneur a misé sur l'implantation de très grands magasins dans lesquels une réelle expérience client est garantie. Pour preuve, la présence d'un restaurant où le visiteur peut se nourrir de mets suédois. Cette promotion de la culture suédoise s'observe également dans la dénomination du moindre article qui porte le nom de rivières, de lacs ou de forêts de la région natale du fondateur.

Dernier élément significatif dans la construction de sa marque, le catalogue. Diffusé à des millions d'exemplaires chaque année, il est devenu un phénomène de société et un des ouvrages les plus distribués dans le monde. Avec une particularité : être similaire quel que soit le pays. A l'image des meubles proposés...

Cet article s'inspire de l'ouvrage Les entrepreneurs de légende, de Sylvain Bersinger, disponible chez Enrick Editions.

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