RELATION CLIENT: UNE FILIERE DYNAMIQUE ET INNOVANTE
Depuis la signature de l'accord-cadre en 2009
Premier enseignement de ce baromètre publié en décembre 201 1: la bonne santé économique de la filière se confirme malgré un ralentissement. 56 % des responsables de centres de contacts (contre 61 % en février) déclarent que l'activité de leur établissement va augmenter au cours des six prochains mois, seuls 8 % pensent le contraire. 35 % parient sur une stabilité. Fabrice André, président de la Mission nationale de la relation client, explique ce dynamisme par la concurrence: «Les secteurs comme la téléphonie, Internet, les banques et l'énergie, qui utilisent le plus les centres de contacts, sont engagés dans une guerre de position où chacun essaie de prendre des clients à ses concurrents et de conserver les siens». 49 % des dirigeants interrogés pensent accroître leurs effectifs au cours du prochain semestre, contre 58 % six mois plus tôt. L'augmentation des effectifs représenterait, en volume, 7 % des effectifs salariés actuels, sans changement par rapport à février 2011. Deuxième enseignement du baromètre: la diversification des canaux de communication. Même si le téléphone reste, de loin, le principal canal de contact (95 %) , deux tiers des centres utilisent Internet et les courriers électroniques ; une progression de cinq points en six mois. L'étude d' Ipsos révèle surtout une percée des nouveaux canaux: 13 % des établissements les emploient en priorité, soit six points de plus qu'au mois de février 2011. Les centres de contacts se servent déjà des applications mobiles (36 %) , de la visio (23 %) , du tchat (19 %), de la géolocalisation (16 %), de Facebook (15 %) , de Twitter et des agents virtuels intelligents (7 % chacun) . L'adoption de ces nouveaux outils promet d'être rapide: par exemple, plus d'une entreprise sur deux utilise ou prévoit d'utiliser les applications mobiles d'ici un an. 72 % des responsables interrogés déclarent que le développement du cross canal va entraîner une adaptation des conseillers. Fabrice André souligne que ce changement permet de diversifier leur travail et de moduler son intensité.
FABRICE ANDRE (MISSION NATIONALE DE LA RELATION CLIENT)
Les secteurs qui utilisent le plus les centres de contacts sont engagés dans une guerre de position où chacun essaie de prendre des clients à ses concurrents.
Une filière trop souvent mal perçue
La Mission nationale de la relation client souligne que la valorisation de la filière doit être poursuivie. Plusieurs facteurs nuisent encore à l'attractivité du métier. Les sondés évoquent l'image globale de la filière (58 %) ; le niveau des rémunérations (43 %, en baisse de six points par rapport au mois de février 201 1) ; les perspectives de carrière (39 %) ; les horaires/le temps de travail (30 %, soit six points de moins) ; les conditions de travail et la pénibilité (25 %, soit une baisse de 13 points). 46 % des responsables de centres externalisés considèrent le télétravail comme une solution intéressante. Dans les faits, sa mise en place s'avère plus complexe. «Il existe des freins techniques, managériaux et sociaux, explique Fabrice André. Comment faire lorsque le conseiller a besoin du soutien de son manager? Comment ce dernier peut interagir avec lui ou intervenir? De plus, le Code du travail s'applique au domicile comme au bureau, y compris les affichages légaux! Nous devons discuter avec les partenaires sociaux pour parvenir à des modalités raisonnables et réalistes.»
LAURENT UBERTI président du SP2C
XAVIER BUROT secrétaire fédéral CGT en charges des centres d'appels
Réactions
«La diversification des canaux de contact devient une réalité»
Les résultats du baromètre sont dans la droite ligne de l'étude Bearing Point-SP2C
«Nous n'avons pas d'inquiétudes sur l'activité de la filière»
Ces résultats sont différents de notre étude
La profession a mis l'accent sur la formation en interne
Dans ces conditions, les centres de contact ont du mal à trouver de bons candidats. 53 % des responsables interrogés déclarent toujours rencontrer des difficultés pour embaucher. Deux causes sont mises en avant: l'inadéquation des compétences des candidats au poste (64 %), et le nombre insuffisant de candidatures (30 %). «Nous constatons que la plupart des régions ne permettent pas de répondre aux besoins. Nous devons à la fois augmenter le nombre de formations et la qualité. Aujourd'hui, celles-ci sont très orientées sur la vente des produits alors que c'est avant tout un métier de contact au téléphone», explique Fabrice André.
La Mission nationale de la relation client travaille actuellement avec les partenaires sociaux et les organismes de formation professionnelle sur le projet Campus pour pallier cette carence. En attendant, la profession a mis l'accent sur la formation en interne (65 %): dans pratiquement deux tiers des centres de contact à distance, la moitié des salariés a bénéficié d'une formation au cours des 12 derniers mois. Pour l'ex-directeur de la relation client France chez Orange, en charge des pays émergents, les conditions de travail sont appelées à évoluer: «C'est un métier tellement jeune que nous n'avons pas encore identifié toutes les bonnes pratiques.»