Pour Bercy, la "modernité" commence à Lille
"Modernisation". Si ce terme plutôt anodin produisait il y a seulement
quelques mois dans les couloirs du ministère de l'Economie et des Finances
l'effet d'un petit séisme, grèves et démission du ministre du Budget Christian
Sauter à la clé, il n'en demeure pas moins l'un des objectifs du nouveau
gardien de Bercy. Objectif auquel Laurent Fabius se montrerait même très
attaché. Mais, puisque l'histoire apprend la prudence, les choses vont cette
fois-ci se mettre en place doucement, si possible sans effet d'annonce. Et
l'amorce de cette politique progressive de modernisation pourrait bien avoir
pris la forme d'un centre d'appels, de petite dimension, installé à Lille dans
le cadre d'une première année d'expérimentation. L'objectif étant d'apporter
aux contribuables tous les renseignements nécessaires à la compréhension de
leur relation avec l'administration fiscale. Accessible depuis le 18 décembre
dernier via le 0820 32 42 52 (numéro Indigo, 0,78 franc/minute), le service mis
en place par l'administration de Bercy, s'il est disponible depuis n'importe où
en France, n'a pas fait ni ne fera l'objet d'une campagne nationale de
communication. Il s'agit en effet d'une entité dont le champ de prestation
voudrait demeurer prioritairement concentré sur le Nord de la France. Du moins
le temps d'en mesurer la pertinence.
Plusieurs hypothèses de développement
« A terme, plusieurs perspectives peuvent s'ouvrir,
précise Pierre Tomazek, directeur divisionnaire des impôts. Soit nous déployons
la plate-forme lilloise pour pouvoir répondre aux demandes émanant de tout le
territoire ; soit nous multiplions les structures de renseignement, pourquoi
pas en les interconnectant. » Autre développement imaginable : l'intégration et
l'accès par CTI d'une base de données recensant les dossiers personnels des
contribuables. Car, pour l'heure, le centre d'appels de Lille est
essentiellement un pôle de renseignements fiscaux généraliste et non
personnalisé. Dès le mois de mars, le call center élira domicile dans ses
propres murs, au sein de la Cité administrative de Lille. Pour un
investissement en aménagement et en téléphonie de 1,5 million de francs. Les
jeux conjoints des appels à candidature, des contraintes liées aux marchés
publics, et de la volonté affirmée de Laurent Fabius d'ouvrir ce service avant
Noël 2000 a obligé l'administration des impôts, conseillée et accompagnée par
l'APIM (agence de développement de Lille Métropole) à opter pour une première
solution d'hébergement, dans les locaux et sur l'infrastructure technologique
de Safig. En revanche, l'équipe du centre d'appels a été exclusivement
constituée sur la base d'un recrutement interne à l'administration fiscale :
trois inspecteurs des impôts, huit contrôleurs et cinq agents, ainsi qu'un chef
de plateau. Un recrutement à l'échelle nationale, auprès de personnes
volontaires pour travailler dans le cadre de plages horaires particulière. Le
service est ouvert de 8 à 22 h du lundi au vendredi et de 9 à 19 h le samedi.
La modernité passe aussi par là. Au lendemain de l'ouverture, ces dispositions
n'avaient semble-t-il pas suscité d'émoi rédhibitoire au sein de
l'administration concernée. Pour son premier jour d'activité, le service a reçu
250 appels. « Nous avons eu beaucoup de candidatures pour venir rejoindre le
service, affirme Pierre Tomazek. En revanche, les syndicats n'ont pas, c'est
vrai, marqué d'enthousiasme débordant. » Ce qui n'empêchera pas le centre
d'appels d'élire domicile, dès mars, dans des locaux jusqu'alors en partie
occupés par... le Syndicat Unifié des Impôts.