Les serveurs vocaux au service des téléconseillers
Entre la qualification des appels et la gestion des tâches répétitives, les serveurs vocaux interactifs ont gagné la réputation d'outils souples et disponibles 24 heures sur 24. A l'avenir, ils sauront aussi gérer les communications à l'intérieur des réseaux regroupant plusieurs centres d'appels.
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Avant, leur rôle se limitait à la gestion intelligente du temps d'attente.
Les serveurs vocaux et les centres d'appels en France étaient pénalisés par le
développement du Minitel. Mais aujourd'hui, ils sont incontournables. « Nous
assistons à une mutation du rôle des serveurs vocaux dans les entreprises
françaises, grâce notamment à la synthèse vocale qui a profondément modifié le
fonctionnement de la messagerie et de l'accueil, estime Jean-Luc Rotger,
directeur général d'Integro Telecom. Cela a sensibilisé les clients
professionnels aux vertus des SVI. En même temps, le couplage
téléphonie-informatique a révolutionné les centres d'appels en donnant un
nouveau rôle aux serveurs vocaux interactifs. Les entreprises sont de plus en
plus réceptives à ce moyen d'accueil ». Les réseaux téléphoniques acceptant la
numérotation en fréquence vocale, celle qui permet d'envoyer les signaux DTMF
avec les touches du combiné, ont offert à tous les Français la possibilité de
communiquer à distance avec les serveurs interactifs.
Un impératif économique
Le serveur vocal interactif a désormais dépassé la
dimension d'un standard automatique avec des fonctions de triage. Ses capacités
de réponse personnalisée et d'exécution des opérations basiques de gestion du
compte ont fait cristalliser des besoins sous-jacents. Quel que soit le
secteur, le centre d'appels traite toujours un grand nombre de requêtes
répétitives représentant des demandes simples, à faible valeur ajoutée. Dans la
banque, ce sont les demandes de la position du compte ou d'un virement. Dans la
téléphonie mobile, cela concerne typiquement le solde du forfait mensuel. Le
traitement de ces demandes est dévalorisant pour les téléconseillers, mais
c'est essentiellement par des considérations économiques que les serveurs
vocaux interactifs sont venus se substituer ici au personnel en chair et en os.
Le coût du fonctionnement d'un SVI serait inférieur à 20 F de l'heure tandis
que pour un agent, il se situerait entre 200 et 300 F de l'heure. Le SVI
représente une diminution des coûts de 10 à 15 fois par rapport au traitement
humain. Mais cette économie potentielle pose la question de la bonne
répartition des appels entre le SVI et les opérateurs. Où se trouve le
compromis entre la diminution des coûts et la baisse de la qualité de
traitement ? Autre argument en faveur des SVI : leur capacité de réaliser la
préqualification de l'appel afin de libérer le temps des téléconseillers.
Préqualification de l'appel
Cette opération permet de
faire remonter le dossier du client, mais aussi de déterminer le niveau de
service auquel il a droit ou même, la langue qu'il parle. La préqualification
et le prétraitement demandent un transfert du contexte de l'appel et du dossier
vers l'agent. Le couplage téléphonie-informatique (CTI) reste le moyen le plus
connu mais aussi le plus cher pour s'acquitter de cette tâche. Il existe aussi
des procédés moins sophistiqués, comme l'affichage du numéro appelant ou bien
du compte client sur le cadran du téléphone de l'opérateur. Dans ce cas,
l'opérateur doit saisir à nouveau ce numéro sur le clavier pour voir le dossier
client apparaître sur son écran. Mais cette solution est réputée faire perdre
du temps. On estime en général que la préqualification d'appel et la remontée
du dossier par le CTI participent à parts égales dans la réduction du temps de
traitement. Cela signifie qu'en obligeant l'agent à ressaisir les identifiants
de l'appelant pour accéder à son dossier, on perd le temps que l'on vient de
gagner grâce au serveur vocal. Pour simplifier la démarche d'identification du
client appelant, certains centres d'appels opérant pour le compte des
opérateurs de téléphonie mobile ont mis au point une procédure en trois étapes.
Ou bien le réseau transmet le numéro du portable du client ou encore le serveur
vocal demande au client de s'identifier, ou en dernier recours, c'est le
téléconseiller qui s'en chargera. En aucun cas, la non-identification ne peut
constituer un obstacle à l'acheminement de l'appel.
Aiguillage en amont
Le traitement des demandes sans valeur ajoutée et la
préqualification des appels sont deux innovations majeures dans l'utilisation
des serveurs vocaux interactifs, surtout dans les installations construites
l'année dernière. D'ici peu de temps, ces fonctions vont se généraliser
naturellement. Mais pour rester toujours à la pointe, il faut considérer
l'avenir : il est aux plates-formes multicentres avec l'aiguillage en amont.
Ces réseaux intelligents assureront une meilleure interconnexion en fonction
des ressources effectivement disponibles. Les opérateurs des centres d'appels
constatent généralement que le nombre d'agents effectivement opérationnels ne
correspond pas à la capacité affichée d'un centre. Il faut encore tenir compte
des pauses déjeuner, cigarette, etc. D'où le besoin d'une gestion dynamique
pilotée par les informations sur l'état de saturation en provenance des centres
eux-mêmes. Mais quand l'appel est transféré, par exemple, d'un centre situé à
Evry vers un centre de débordement situé à Toulouse, cela génère des coûts de
communication supplémentaires. Plus tôt on fera la préqualification, moins cher
coûtera le téléphone. Pour répondre à ces besoins, Prosodie, un des
fournisseurs des services en SVI, envisage déjà de se convertir au métier
d'opérateur des télécoms. La compagnie pourra alors utiliser ses SVI à
l'intérieur des réseaux télécom pour faire de la préqualification et envoyer
l'appel vers la ressource la plus adaptée à travers son propre réseau de
communications. D'un côté, cela permettra de choisir parmi les téléconseillers
spécialisés celui qui propose la meilleure réponse, plus de disponibilités ou
le traitement le moins cher. Mais d'un autre côté, cela représente un risque
majeur pour le métier des centres d'appels : celui de la délocalisation des
centres avec l'utilisation des connexions téléphoniques IP sur Internet. On
envisage dans ce contexte une délocalisation des centres vers des pays d'Asie,
notamment pour les secteurs où l'accent de l'agent ne présente pas un obstacle.
Typiquement, il s'agit des services d'assistance informatique et de toute autre
prestation business to business. Cependant le grand public serait susceptible
de refuser ce genre de transfert, ce qui laissera encore un grand champ
d'applications pour les centres d'appels en France.
RATP : SVI externes et internes
Plusieurs dépôts de bus de la RATP se sont équipés des serveurs vocaux interactifs de Ring! pour diffuser les informations à l'attention des usagers, notamment pour les informer des heures de permanence du service commercial. Les SVI équipent tous les numéros d'appel affichés sur les poteaux d'arrêt de bus. Le responsable commercial de chaque centre manipule le serveur sans aucune aide extérieure. L'objectif de cette installation est d'assurer la qualité de l'accueil, et à ce titre, elle participe à la démarche de qualification AFNOR. Un autre SVI de la même marque assure désormais l'accueil interne au service Habitat social. « Le personnel de ce service est très sollicité, explique Christian Perret, responsable maintenance micro-informatique et bureautique à la RATP. Le serveur vocal nous aide à gérer leurs disponibilités téléphoniques par roulements. Tous les jours, les six salariés du service se partagent les trois fonctions. Deux vont faire de l'accueil téléphonique, deux se consacreront uniquement au traitement des dossiers et deux derniers seront aussi préposés aux dossiers mais viendront donner un coup de main à l'accueil téléphonique en cas de débordement. Le matin, le chef du service procède aux attributions - qui fera l'accueil téléphonique, qui lui viendra en aide, etc. Il remplit les cases correspondantes dans le tableau de dispatching et ensuite, le serveur prend le relais pour gérer les appels entrants suivant le planning du jour. »