Les centres d'appels emploient 0,7 % des actifs français
La troisième édition de l'étude cartographique menée par le cabinet Cesmo,
en collaboration avec le site centres-appels.com et l'Association française des
centres de relation clientèle recouvre cinq grands volets : les ressources
humaines, l'implantation, les missions, l'équipement, les projets
d'investissement des centres d'appels en France. Le rapport publié par les
trois partenaires recense plus de 2 900 centres d'appels de plus de 10
positions. Dont près de 800 dépendent de France Télécom ! Les centres d'appels
emploient au total 183 000 salariés, soit 8,4 % de plus qu'en 2001. Ce qui
représente 0,74 % de la population active en France. Si l'on est loin des 3 à 5
% annoncés il y a encore trois-quatre ans, nul ne peut désormais douter du
poids de cette activité sur le tissu social français. Les régions Ile-de-France
et Nord-Pas-de-Calais arrivent en tête de l'embauche avec respectivement 1,70 %
et 1,31 % de la population active travaillant dans les call centers. Un peu
plus loin, Cesmo identifie l'Aquitaine, le Centre et la Lorraine. Beaucoup plus
imperméables à la prégnance de cette activité dans le tissu social : la
Franche-Comté (0,08 % de la population active) et l'Auvergne (0,06 %).
Basse-Normandie et Corse arrivent également en fin de classement. La précarité
des emplois demeure une réalité dans la profession : les CDD représentent 27,71
% des emplois, l'intérim 16,04 %, les contrats de qualification 6,21 %. Cesmo
ajoutant à cette liste de statuts précaires, un ratio de 4,19 %, sous la
désignation "autres". Bref, la moitié des emplois recensés dans la profession
ne relèverait pas de CDI.
Trente-huit pour cent des sites en Ile-de-France
En 2002, la liste des 10 premières régions
d'implantation reste inchangée : l'Ile-de-France rassemble 38,37 % des centres
d'appels, Rhône-Alpes 8,80 %, le Nord-Pas-de-Calais 7,29 %, la Région PACA 6,37
%, l'Aquitaine 4,99 %, les Pays-de-la-Loire 4,93 %, le Centre 4,80 %,
Midi-Pyrénées 4,07 %, la Lorraine 2,69 %, la Bretagne 2,56 %. Certaines régions
améliorent leur position, parfois sensiblement. A commencer par la première
d'entre elles, l'Ile-de-France, qui l'année dernière abritait 32 % des sites
(38,4 % en 2002). Etonnant dans la mesure où toutes les études et analyses des
professionnels du secteur ont ces derniers mois laissé deviner un important
mouvement vers la province. Cette conclusion au paradoxe appelle toutefois deux
nuances. Primo, la "cartographie" de Cesmo, par-delà son réel intérêt, n'obéit
pas à des règles méthodologiques suffisamment strictes et inscrites dans la
durée pour laisser s'établir des comparaisons implacables d'une année sur
l'autre. Deuxio : s'il est vrai que l'on a enregistré l'année passée de
nombreuses ouvertures de sites (et de gros sites) en province, la
classification régionale faite ici par Cesmo repose sur le nombre de sites et
non sur le nombre de postes. Or, il est fort probable que de nombreuses
entreprises, convaincues par le discours ambiant sur le CRM, auront ouvert un
centre de relation clientèle. Ce, comme c'est la plupart du temps le cas pour
les centres internalisés, en leurs murs. L'Ile-de-France demeurant, de loin, le
premier creuset géographique national pour les entreprises, les conclusions de
Cesmo ne sont pas absurdes.
Le secteur bancaire sur-représenté à l'ouest et sous-représenté à Paris
En queue de peloton : le
Limousin, l'Auvergne, la Franche-Comté et la Corse, qui abritent moins de 1 %
des call centers français. A noter la forte progression de la région Centre, où
sont installés 4,8 % des sites, contre 2,9 % en 2001. Cesmo a également étudié
la prégnance des secteurs d'activité traités dans les différentes régions.
Ainsi, le secteur bancaire bénéficie d'une sur-représentation sur l'ensemble du
cordon littoral ouest de la France, du Nord-Pas-de-Calais à l'Aquitaine et
d'une sous-représentation en Ile-de-France. Cas de figure sensiblement
différent pour l'informatique et les télécoms, sous-représentés dans le
Nord-Pas-de-Calais et "normalement" représentés sur l'ensemble du territoire
exceptée l'Ile-de-France où ce secteur d'activité bénéficie d'une
sur-représentation. Cette forte présence de l'informatique et des télécoms dans
et autour de la capitale s'explique sans doute pour la partie informatique par
le bassin d'emploi régional et la forte concentration de diplômés high-tech,
pour les télécoms par la présence historique en Ile-de-France des premiers
grands centres d'appels des opérateurs GSM. Pour ce qui est de la distribution
et de la VPC, on ne sera pas étonné de constater une sur-représentation dans le
Nord-Pas-de-Calais et en Picardie. Le cordon méridional étant le moins
perméable au développement des activités liées à ce secteur. Enfin,
l'outsourcing, considéré par Cesmo comme un secteur d'activité, s'avère
sous-représenté en Ile-de-France. Ce qui traduit bien le mouvement massif de
migration des sociétés d'externalisation vers la province, en tous cas hors de
Paris. Deux autres régions semblent abriter une moindre proportion
d'outsourcers : l'Alsace et PACA. L'outsourcing est en revanche très présent
dans le Centre, en Rhône-Alpes et en Midi-Pyrénées.
Les gros centres se retrouvent dans l'informatique-télécoms et l'outsourcing
La dimension moyenne des sites est aussi fonction
des secteurs d'activité. Les petits centres (moins de 20 agents) sont ainsi
sur-représentés dans l'e-commerce et Internet (72 %), la chimie-industrie (58
%), la santé-pharmacie (56 %), les biens d'équipement (55 %). Quant aux grosses
structures (plus de 120 agents), on les retrouve dans l'informatique et les
télécoms (36 %), chez les outsourcers (30 %) et dans l'automobile et les
transports (22 %). Quels que soient les secteurs d'activité, force est de
constater que le marché demeure très franco-français. Selon Cesmo, l'Hexagone
compte moins de 1 % de centres paneuropéens. La moitié des sites multilingues
étant concentrée sur l'Ile-de-France. Autre constat : les call centers sont
majoritairement pluridisciplinaires. 54 % d'entre eux se voient confier quatre
missions ou plus. Le tissu des centres d'appels s'avère assez sensiblement
dominé par une mission d'accueil. 81 % des entités favorisent la réception
d'appels. 65,6 % des structures approchées par Cesmo ont une vocation
d'information et 54,5 % une mission d'accueil. La fonction commerciale est
également importante puisque 37 % des centres traitent de la prise de commande,
32 % de la prise de rendez-vous et 23 % de la télévente. Le traitement des
réclamations concernant 46,6 % des centres d'appels, la hot-line 35,9 % et le
SAV 32,8 %.
Le multicanal peine à convaincre
Cette
pluridisciplinarité constitue-t-elle un facteur propice au développement des
approches et des technologies multicanal ? Pas si l'on en juge du taux
d'équipement des centres d'appels en matière de gestion multicontact. Selon
Cesmo, à peine 15 % des centres d'appels sont aujourd'hui en mesure de gérer
une relation multimédia (voix, mail, chat, co-browsin...). Dans le palmarès des
équipements intégrés par les centres de contacts, les solutions multicanal
arrivent même en queue de liste, deux fois moins présentes que les logiciels de
planification ou que les outils prédictifs. Et, si l'on en croit Cesmo, la
révolution n'est pas pour demain puisque seulement 5 % des personnes
interrogées disent vouloir investir dans des outils de gestion multicanal.
L'automatisation des contacts à plus faible valeur ajoutée semble en revanche
gagner du terrain puisque près de 50 % des responsables interrogés disent avoir
intégré un outil de gestion des e-mails. Alors qu'ils sont moins de 45 % à
disposer d'un logiciel CRM. Le CTI paraît pour sa part convaincre de plus en
plus les patrons de centres d'appels : plus de 60 % des sites sont aujourd'hui
équipés. De même que 60 % sont équipés de SVI, l'étude ne précisant pas le taux
de recoupement entre ces deux ratios. 25 % des responsables interrogés disant,
en outre, vouloir investir dans le CTI. Enfin, et sans surprise, l'ACD figure
au premier rang des solutions technologiques adoptées par les centres d'appels.
Près de 85 % d'entre eux en sont dotés. On aimerait bien savoir comment
fonctionnent les 15 % restant.
Outsourcers : fortes intentions d'investissements technologiques
Le niveau d'équipement des
centres d'appels est relativement peu indexé sur les secteurs d'activité. On
notera toutefois le retard accusé par la distribution-VPC, moins bien dotée que
tous les autres secteurs en termes d'ACD, de SVI, de CTI et de logiciels CRM.
C'est par ailleurs dans le télémarketing et chez les outsourcers que l'on
annonce le plus franchement la volonté d'investir dans les technologies
(respectivement 49 et 43 % des responsables interrogés). Ceci s'expliquant sans
doute par un moindre niveau d'équipement au sein des sociétés
d'externalisation. Le secteur de l'informatique-télécoms déclarant à seulement
24 % envisager des investissements dans les outils techniques. Les
investissements futurs des patrons de centres d'appels devraient également
porter sur des projets d'extension, et sur la formation. Entre 38 et 43 % des
personnes interrogées par Cesmo affichent en effet une volonté de développement
sur ces deux éléments. En matière d'extension de services existant, ce sont les
sociétés de télémarketing et d'outsourcing qui se disent les plus prêtes à
consacrer des budgets. Sur la formation, on constate une très forte demande
dans le secteur de la banque informatique, où plus de 60 % des responsables
interrogés manifestent des velléités d'investissement. La création de sites
concernerait 15,5 % des responsables ayant répondu à l'étude. Les intentions
sont en revanche plus clairement exprimées en matière de renouvellement des
positions : près de 30 % des sondés déclarant vouloir ici investir. Les plus
demandeurs étant en l'occurrence les banquiers et les assureurs, ce qu'on peut
sans doute expliquer par leur antériorité dans les call centers. Quant aux
projets d'outsourcing, ils ne recueillent que 9,7 % des intentions. Les plus
demandeurs étant ici les patrons de sociétés de télémarketing, il faut
comprendre le terme d'outsourcing dans son acception la plus large.
Méthodologie
En partenariat avec centres-appels.com et l'AFRC, le cabinet conseil Cesmo a contacté entre février et mars 2002 plus de 2 000 managers de centres d'appels, à partir d'une base de 4 000 noms qualifiée par le centre de formation SupMédiaCom. Cesmo a également bénéficié d'informations fournies par les agences de développement économiques.