Le lecteur-client au cœur de l'entreprise
Pourquoi avoir choisi de distinguer service client et prospection ?
Chez Bayard Presse, le lecteur est aussi un client.
C'est notre premier capital. A ce titre, nous le plaçons au cœur de la démarche
de l'entreprise. Le téléphone constitue un vecteur formidable à la fois pour la
fidélisation et la conquête au sein d'une entreprise de presse. Mais nous avons
opté pour une distinction dans l'exploitation des activités de réception et
d'émission. Si elles reposent sur une même technologie, sur un même
référentiel, elles recouvrent des spécificités sensibles.
Comment s'organise le service client de Bayard Presse ?
Il est pris en
charge par un premier centre d'appels, baptisé "Bayard Presse Contact", BPC
dans la maison, créé il y a six ans et installé au siège de Bayard Presse, dans
le 8e arrondissement de Paris, avec une belle vue sur la Seine. Ce sont sans
doute les plus beaux bureaux de l'entreprise. Ce service est dédié au conseil
et au traitement des réclamations. C'est un levier clé dans notre politique de
satisfaction de la clientèle et de fidélisation. Bayard Presse Contact est
accessible du lundi au vendredi de 8 h 30 à 19 h et emploie 18 personnes, en
majorité des femmes, qui, puisqu'il s'agit d'un travail dense, avec une
relative pénibilité, travaillent six heures par jour.
Quel est le trafic arrivant sur la plate-forme ?
Le service a nettement monté
en puissance depuis sa création. En 1998, nous en étions à 380 000 appels
traités ; la trajectoire 1999 devrait nous mener vers les 450 000 appels. Pour
référence, Bayard Presse compte 4,5 millions d'abonnés en France. Notre
objectif est de traiter 94 % des appels. Nous sommes en moyenne à 93-94 %. Nous
nous sommes également fixé comme critère d'exploitation un décrochage dans les
15 secondes, soit avant la quatrième sonnerie. En moyenne, la durée d'un appel
arrivant sur Bayard Presse Contact est de 2,30 minutes. Durée à laquelle il
faut ajouter un temps moyen de 30 secondes consacré à la codification des items
sur l'écran des téléconseillères. Celles-ci reçoivent entre 80 et 100 appels
par jour. Par ailleurs, à partir du 1er juillet, nous allons sous-traiter les
pics de saisonnalité et les à-coups chez Com'Plus, à Tourcoing. Avec trois
conditions : d'abord, ce prestataire ne devra en aucune manière traiter plus de
25 % du trafic annuel ; ensuite, nous assurons la formation des téléconseillers
; enfin, nous assurons la gestion technologique des flux, distribution,
reroutage, en nous réservant les demandes les plus complexes.
Quel est le profil des personnes travaillant sur le service client ?
Elles sont salariées de Bayard Presse en CDI. Elles doivent aimer le contact,
être capables d'empathie et d'un grand équilibre, d'une grande vivacité
d'esprit, faire preuve de curiosité et avoir de la mémoire. Les
téléconseillères reçoivent une formation à l'outil Hermès Pro de Vocalcom avec
lequel nous travaillons et une formation au comportement au téléphone :
courtoisie, accueil, traitement et résolution des problèmes. A cette formation
initiale s'ajoute une formation permanente, délivrée tous les deux mois. Chaque
téléconseillère arrête en accord avec ses encadrants deux points sur lesquels
elle doit améliorer sa prestation jusqu'à la session prochaine de formation.
Par ailleurs, une fois par an, nous avons recours aux services d'une société
extérieure pour une formation plénière sur un thème donné. L'un des enjeux est
de faire en sorte que les demandes de conseil soient plus nombreuses que les
réclamations. Entre 1996 et 1998, nous sommes passés de 40 % à 30 % de taux de
réclamation.
Bayard Presse Contact est-il déjà aux 35 heures ?
Le groupe a signé un accord loi Aubry dont l'application est
prévue pour le 1er juillet 1999. Les salariés ont gagné 22 jours de repos
supplémentaires et l'entreprise doit recruter 55 personnes, soit 6 % du
personnel. Sur ces 55 nouveaux collaborateurs, deux seront affectés au service
client. Nous croyons beaucoup aux 35 heures. Et, pour un centre d'appels, nous
pensons qu'il s'agit d'une opportunité réelle. Pour les téléconseillères, les
22 jours récupérés seront ainsi répartis : sept jours à prendre en période de
forte activité, soit de juillet à février, et 15 jours à prendre en période
plus calme, de mars à juin. En gros, il y aura davantage de vacances durant la
période la plus "creuse".
Les téléconseillères sont-elles polyvalentes ?
Elles sont en mesure de traiter tout type de
demandes et ce, sur l'ensemble des titres. Néanmoins, le recrutement et la
formation répondent à un souci d'expertise et de personnalisation du contact.
Nous avons affaire à des publics qui surinvestissent dans la relation client :
un public de mères, un public catholique et un public senior. C'est pourquoi
nous avons réparti les compétences et les affinités par marchés : presse jeune,
presse catholique, presse senior.
Qu'en est-il du télémarketing et de la télévente ?
Ces activités sont regroupées au sein du service
Interlignes de Bayard Presse, qui existe depuis 20 ans. Interlignes constitue
un canal de recrutement majeur pour le groupe. Pour le quotidien La Croix par
exemple, le centre d'appels est le premier vecteur de fidélisation, devant le
marketing direct et le réseau terrain. Interlignes génère pour l'ensemble des
titres du groupe 10 000 abonnements et 60 000 réabonnements par an. Le service
émet environ 400 000 appels annuels dont 30 000 dans le cadre d'études menées
pour les divers titres de Bayard Presse. Il s'agit d'un service rentable pour
l'entreprise puisqu'il génère un chiffre d'affaires de 23 millions de francs
dont 8 millions réalisés en "extérieur". Nous avons en effet intégré une
activité dédiée à des clients extérieurs et à des opérations ponctuelles
d'émission en système prédictif.
Quel est le mode de fonctionnement d'Interlignes ?
Nous avons mis en place un
dispositif que je crois unique en France : les télévendeuses (il y a un homme
pour 44 femmes) sont en télétravail dans le cadre d'un CDI, à temps choisi.
Elles s'engagent grosso modo, tous les semestres, à traiter un nombre défini de
contacts, extraits soit de la base de données client de Bayard Presse, soit de
fichiers extérieurs de prospection. Ce qui fait que chacune d'entre elles, en
accord avec l'encadrement, choisit son temps de travail. En général, on
s'oriente vers des solutions en petit mi-temps ou en gros tiers-temps. Et
toutes ces téléconseillères travaillent depuis chez elles.
Interlignes est donc une activité complètement atomisée ?
Nous comptons sur le centre d'appels de Bayard Presse une
quinzaine de positions équipée en Hermès Pro régulièrement utilisées par les
vacataires travaillant pour les clients extérieurs et sur nos opérations
ponctuelles, ainsi que par les télévendeuses d'Interlignes. Si elles
travaillent chez elles, elles passent régulièrement quelques heures sur la
plate-forme, pour des sessions d'émission d'appels en réel, ce qui permet de
programmer de la double écoute et d'organiser des séances de débriefing.
Ce mode de fonctionnement ne pose-t-il pas de difficulté, en termes de maîtrise et de cohérence de l'activité ?
La télévente en
télétravail et en temps choisi n'est possible que dès lors que le niveau
d'implication des vendeuses est très élevé. Nos vendeuses ressemblent à nos
lecteurs : elles connaissent les titres et la culture de l'entreprise, pour
certaines depuis longtemps. La moyenne d'âge sur Interlignes est de plus de 40
ans. Nous misons beaucoup, d'autre part, sur l'animation et la formation. Une
équipe de quatre téléanimatrices organise des réunions régulières chez l'une ou
chez l'autre. Une fois par mois, toutes se retrouvent au siège en réunions
plénières afin d'être informées des nouveautés, des développements en cours.
Lors de ces réunions, des journalistes viennent s'entretenir avec les vendeuses
d'Interlignes. Nous avons également créé, et c'est une autre originalité de
Bayard Presse, une école des ventes interne, dont l'animatrice est chargée de
la formation et du recrutement des télévendeuses. Elle organise par exemple, à
la demande de celles-ci, des formations à la carte, certaines obligatoires,
d'autres facultatives : proposition commerciale, gestion des rappels, gestion
du stress, du temps, lecture active... Enfin, pour en finir sur la formation,
nous avons, comme pour Bayard Presse Contact, recours aux services de conseils
externes.
Et en matière de motivation salariale ?
Le
salaire repose sur une rémunération fixe, une prime trimestrielle décidée en
fonction d'objectifs modulables et sur une commission mensuelle qui représente
le variable le plus important. Nous sommes, en matière salariale, au-dessus du
marché. Là encore, notre souci est d'impliquer nos équipes, de les fidéliser
pour apporter à nos lecteurs le meilleur service.
Le groupe Bayard Presse
Cinquième groupe de Presse en France, première entreprise de presse catholique, Bayard Presse a été créé en 1873 par la congrégation des Augustins de l'Assomption qui en est encore aujourd'hui l'actionnaire unique. Leader sur la presse jeune, la presse senior et la presse nature, Bayard Presse, qui compte une cinquantaine de titres en France et autant à l'étranger (30 millions de lecteurs dans le monde), a lancé en 1998 trois nouveaux magazines : Bel Age, Capital Santé, Maximum. Le groupe a réalisé un chiffre d'affaires 1998 de 2,36 milliards de francs, en croissance de 6,7 %. En France, Bayard Presse compte 4,5 millions d'abonnés.
Biographie
Arnaud Broustet, 38 ans, IEP et 3e cycle de gestion, a toujours travaillé dans la presse et l'édition, en charge du marketing, du marketing direct ou du développement de centres de profit. Après les Editions Masson et les Editions Bottin, il rejoint Bayard Presse, dont il est le directeur du marketing direct depuis cinq ans, occupant également depuis 1997 le poste de directeur adjoint des services commerciaux.