La nouvelle image des Länder de l'Est
Si la France recense de plus en plus d'initiatives traduisant une volonté
générale d'encourager les implantations d'entreprises étrangères, elle n'est
pas la seule. Les études prospectives menées ici ou là quant au développement
des centres d'appels en Europe ne peuvent en effet qu'inciter les autorités
nationales ou régionales à promouvoir leurs infrastructures et conditions
d'accueil. L'Allemagne n'est pas en reste, qui met notamment l'accent sur
l'intérêt que peuvent trouver les entreprises à investir dans les nouveaux
Länder, à savoir en ex-RDA. Héraut de ce prosélytisme économique : l'IIC,
Industrial Investment Council, association créée et financée par le
gouvernement fédéral allemand et les gouvernements des six nouveaux Länder.
30 % de taux d'installation
Grosso modo, le niveau de
développement des centres d'appels en Allemagne est similaire (voire légèrement
supérieur) à celui que peuvent connaître les entreprises françaises. 30 % des 5
000 plus grandes sociétés allemandes disposent d'un centre d'appels, soit
internalisé, soit en outsourcing. 20 % de ce même noyau devraient ouvrir leur
call center dans le courant de l'année 1998. Et une bonne partie des 2 500
entreprises restantes prévoient la mise en place de leur structure à partir de
1999. « Il existe en Allemagne orientale un climat véritablement positif pour
l'implantation de centres d'appels. Une cinquantaine d'entreprises y ont déjà
installé leur call center, parmi lesquelles Dun & Bradstreet, Deutsche Telekom,
IBM ou Allstate Insurance », précise Manuel Hertweck, vice-président du
département Services de l'IIC. En ce qui concerne la croissance supposée du
marché outre-Rhin, Datamonitor fait état d'un taux annuel de 31 %, qui
permettrait à l'Allemagne de passer, de 1997 à 2001, de 65 000 à 148 000
agents. Un essor qui pourrait bien s'expliquer, entre autres, par l'évolution
des modes de consommation en Allemagne. Ainsi, l'assurance directe pourrait
connaître dans les cinq années qui viennent une croissance de 10 % à 20 %.
Quant à la banque directe, qui fédère aujourd'hui 1,4 million d'Allemands, elle
pourrait à terme en séduire de 10 à 11,5 millions. Tout comme la France,
l'Allemagne véhicule à l'étranger l'image d'un pays lourd de contraintes
juridiques, sociales et fiscales. Une image dont l'IIC voudrait bien au moins
réussir à dégrever les nouveaux Länder. Quels seraient donc les atouts
spécifiques de ces six circonscriptions ? Tout d'abord, une situation
géographique qui n'est pas sans effet sur les pratiques culturelles et
notamment linguistiques. Les langues de l'Europe de l'Est sont largement plus
pratiquées en ex-RDA que dans n'importe quel pays de l'Union européenne (17 %
de la population parle le russe). Toujours dans le domaine des ressources
humaines, les nouveaux Länder abritent une importante concentration
estudiantine : 19 pôles et plus de 200 000 étudiants. Des étudiants
particulièrement nombreux et qualifiés et qui, parallèlement, sont souvent sans
emploi : le taux de chômage en ex-RDA va de 14,4 % pour Berlin à 18,8 % en
Saxe-Anhalt. Une situation que l'IIC présente comme une source riche de
potentialité en termes de ressources humaines, précisant que le coût du
travail, dans les nouveaux Länder, est de 25,2 % inférieur à ce qu'il est dans
l'ouest de l'Allemagne.
Un réseau télécom entièrement numérisé
Pour ce qui concerne l'infrastructure des
télécommunications, la Deutsche Telekom a investi depuis 1990 30 milliards de
dollars dans la création, à l'Est, d'un réseau en pointe, entièrement numérisé
depuis la fin 1997. Une donnée technologique sur laquelle viennent se greffer
des baisses de tarifs directement liées à la libéralisation du marché en
janvier 1998. Autre argument développé par l'IIC : le parc immobilier. Le taux
d'inoccupation des bureaux dans la plupart des villes des nouveaux Länder se
situe entre 9 % et 34 %. Quant au prix des locations, il peut n'être que de 6
dollars par mètre carré et par mois et faire l'objet de négociation dans la
plupart des centres urbains.