La fin du tout-venant
En septembre dernier, le site d'enchères décide d'améliorer sa qualité de service à la clientèle en intégrant un nouvel outil de gestion des mails. Du côté ressources humaines, en revanche, des progrès restent à faire, tant sur le plan des salaires que sur celui de la formation.
Ibazar Fondé en avril 1998, racheté tout récemment par son homologue
américain eBay, le site français d'enchères dispose aujourd'hui d'une
couverture mondiale, avec une présence dans 6 pays, dont l'Italie, l'Espagne,
le Portugal, jusqu'au Brésil. Fraîchement réinstallé près du Canal de l'Ourcq à
Paris, l'entreprise affiche des chiffres encourageants, de ceux que l'on
présente à son banquier pour un troisième tour de table : un total de
transactions de 350 millions de francs, 50 millions de pages vues par mois et
une part de marché dans l'Hexagone de 78 %. Si les responsables restent muets
sur le chiffre d'affaires, Herbert Knibiehly, responsable de la coordination
internationale, note que « la commission est de 3,5 % du montant de la
transaction, plafonnée à hauteur de 350 francs. Ainsi, pour un achat de 20 000
francs, iBazar n'encaissera pas plus de 350 francs. Mais nous mettons en vente
20 000 à 30 000 objets par jour pour 700 000 comptes ouverts. » Le modèle
économique de la start-up est basé sur le volume des transactions et non sur la
valeur. Et iBazar est aujourd'hui un acteur important de la Toile, d'autant que
ses clients sont essentiellement des internautes avertis. De ce fait, la hot
line est peu utilisée : environ 50 appels par jour et une seule opératrice. La
majorité des transactions et des demandes se passent via le mail.
DOUZE FOIS PLUS DE MAILS QUE D'APPELS
« Nos membres
sont fortement consommateurs, bien au-delà des habitudes d'e-consommation des
internautes français, note le responsable du web center. La quantité de mails
reçus peut atteindre 6 à 700 dans une journée, alors que le volume des appels
téléphoniques oscille entre 20 et 50. » Chez iBazar, le plateau de gestion de
la relation clients n'impressionne pas par sa taille : une douzaine de postes
de travail. L'équipe, qui compte 12 conseillers plus 2 mi-temps, doit aménager
son planning sur une durée de prestation simplement interrompue de 2 à 9 h du
matin, et effective 7 jours sur 7. Les webcallers s'organisent en deux teams :
un premier pool de 9 h à 18 h et un deuxième de 18 h à 2 h. Avec une surcharge
de travail lorsque la clôture approche, un certain nombre d'internautes
veillant jusqu'à la dernière minute avec l'espoir de décrocher la timbale à
moindre coût. Pour faire partie de l'équipe, pas de grille bien définie, ni de
niveau requis. Seule exigence : une aisance par rapport au média internet et de
la disponibilité. A l'heure actuelle, aucune formation n'est proposée en
interne et la rémunération varie en fonction de l'ancienneté et de la
compétence. L'échelle des salaires se situant entre 8 000 et 15 000 francs brut
mensuels sur 12 mois, sans prime ou stocks options. Pourtant, malgré des
conditions salariales peu avantageuses, « le turn-over est faible et l'ambiance
bonne », affirme le coordinateur international. Soit.
VIGILANCE SUR LE RECEL ET LE FANTASQUE
Le centre est divisé en deux univers. Une
première sphère est dédiée à la validation et au repérage des offres prohibées
par la loi (le téléphone portable fait, par exemple, l'objet d'un volumineux
recel) ou des offres délirantes avec mise en vente à un prix exorbitant. Un
travail en amont qui doit assurer la crédibilité de iBazar auprès des
consommateurs et du juridique. La deuxième entité répond aux mails entrants et
tente de satisfaire la demande des internautes. Le tout sous le regard d'un
team leader, lui-même également webcaller, chargé de veiller à la coordination
des opérations. En septembre 2000, l'entreprise a intégré un nouvel outil de
gestion des mails. A l'origine un Outlook basique moulinait indifféremment
questions et réponses. Puis, il a été décidé d'orienter les demandes en
fonction de leur teneur. Ce, afin de répondre dans un délai plus acceptable
pour le client. Mais cela ne suffisait pas. IBazar a finalement opté pour la
solution d'Akio, intégrant l'analyse sémantique et l'enrichissement
"intelligent" de la base de données. « Nous répondons sous 24 heures, 48 heures
au maximum », indique Herbert Knibiehly. « Akio nous a surtout permis de mieux
gérer les flux par domaine, mais pas d'aller plus vite », estime pour sa part
un webcaller. Les projets de co-browsing ne sont pas à l'ordre du jour. En
revanche, le département développement voudrait créer des passerelles
automatiques entre la base de données clients et les remarques que reçoivent
les webcallers, gérées par le logiciel d'Akio. Cette conjugaison permettrait
une approche plus personnalisée du consommateur. A terme, on se dirige vers une
uniformisation au niveau mondial des bases de données d'iBazar, puis vers un
croisement des bases eBay et de la start-up française. Ce qui pourrait donner
naissance à un fichier volumineux, qui pourrait, pourquoi pas, être
commercialisé à prix d'o...