La Redoute, pionnier pragmatique
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Leader de la VPC en France, La Redoute est l'une des premières entreprises
(si ce n'est la première) à avoir mis en place, dès 1999, des outils de web
call center. Autrement dit à avoir adossé à son activité de commerce
électronique des fonctions traditionnellement dévolues au centre d'appels :
conseil, accompagnement, cross et up selling. En fait, c'est le Web qui est
venu se greffer à un dispositif déjà bien rôdé de canaux de vente : courrier,
Minitel et téléphone. La Redoute fut en effet parmi les toutes premières
sociétés à se lancer dans le Web marchand (plus de 260 000 visiteurs mensuels
sur laredoute.fr). Chez le vépéciste, le e-commerce a d'abord été un moyen de
prendre pied dans les tendances et les nouvelles technologies, d'"en être avant
les autres". Mais aujourd'hui, les ventes par Internet pèsent pour près de 3 %
du chiffre d'affaires de l'entreprise. La solution de web call center
développée par la Redoute, baptisée "Alloweb", a été mise en place en
collaboration avec Matra Nortel pour l'infrastructure technologique, Atos pour
l'intégration et Intracall pour l'hébergement. La Redoute fournissant, pour sa
part, une plate-forme spéciale conçue par Lotus et qui cohabite avec les autres
centres d'appels du groupe. Mais le plus intéressant est l'amplitude des
fonctionnalités de web call center déployées par la Redoute. Non seulement le
vépéciste fait figure de pionnier dans la mise en place de passerelles
fonctionnelles entre son service de prise de commande et son Web marchand, mais
il a d'emblée développé la totalité des fonctionnalités existantes en la
matière : gestion des e-mails, web call back, chat, voix sur IP, co-browsing,
mais aussi SMS et Wap. Une complétude ambitieuse au regard du trafic
directement généré : si les e-mails se comptent par plusieurs centaines chaque
semaine, le web call back ne suscite que 500 rappels hebdomadaires, et le chat
que quelque 500 contacts par semaine. Le web call back serait plus probant :
100 à 200 demandes de rappel par jour. Quant à la voix sur IP, fleuron des
technologies de web call center, elle n'aurait jamais entraîné plus de trois
appels quotidiens. Certes, grâce à l'ASP, pas d'abonnement ou de frais d'accès
au réseau. La Redoute paie "juste" les communications.
LA VOIP VICTIME DE SA PÉNÉTRATION MARGINALE CHEZ LES CONSOMMATEURS
Il
n'empêche, le vépéciste a dépensé une certaine somme dans le déploiement de ces
technologies de web call center. Dans une étude publiée en octobre 2001 sur le
web call center, la société d'analyses sectorielles Eurostaf parle de 2 à 3
millions de francs (voir aussi en page 55). Aujourd'hui, rien ne prouve que ce
dispositif, qui emploie plus de dix personnes, ait été rentabilisé. Car si les
ventes sur Internet sont en croissance pour La Redoute, avoisinant aujourd'hui
les 200 millions de francs, rien de dit que ce chiffre n'aurait pas été atteint
sans call back, sans gestion des e-mails et a fortiori sans voix sur IP. « La
Redoute semble avoir fait un choix financièrement risqué en internalisant une
partie de son web call center, alors que les retours sur investissement sont
incertains », avance Fabien Chiche, consultant chez Eurostaf et directeur de
l'étude. De fait, La Redoute a renoncé courant 2001 à la voix sur IP. Il semble
d'ailleurs que les rares entreprises qui avaient testé la VoIP aient vite
déchanté. A l'instar de Travelprice, qui a également jeté l'éponge cette
année. Pour La Redoute, comme d'ailleurs pour travelprice.com, le renoncement
à la voix sur IP a l'avantage de ne pas entraîner de bouleversements majeurs
dans l'infrastructure technique du centre d'appels. Pour la simple raison que
la Voix sur IP n'était qu'une composante, qu'un canal supplémentaire greffé à
une architecture traditionnelle basée sur un socle téléphonie. Les incidences
ne seraient pas les mêmes pour des sociétés qui auraient fait le choix du tout
IP, comme c'est le cas notamment de certains pure players. Exemple, Capitol.
Cette filiale du groupe Viel, fondée en 1999, spécialisée dans les transactions
boursières on line, a misé sur le 100 % Internet. Pas de PABX donc.
L'architecture, implémentée par Coheris, repose sur une plate-forme NetCentrex
intégrée dans un environnement Lotus. Pour l'internaute, une alternative. Soit
il est lui-même équipé en VoIP. Il utilisera alors un bouton qui tranfèrera son
appel sur un serveur web HTTP déportant le vocal sur le Web. Soit il se servira
de sa ligne téléphonique classique et son appel sera intercepté, accompagné
jusqu'à un gatekeeper (serveur de contrôle) qui établira au plus vite la
connexion avec le téléconseiller (une douzaine sur le call center). « Le nombre
d'internautes équipés pour la voix sur IP reste faible et la stratégie de
développement de l'entreprise a atteint un palier. Le choix d'une solution
interne de web call center s'avère risqué compte tenu du coût de mise en place
par rapport aux retours sur investissement encore incertains. Cependant, dans
le domaine des transactions boursières, les logiques de fidélisation des
clients en ligne étant plus aiguës que dans le reste du secteur bancaire, le
choix de Capitol pourrait, à terme, se révéler payant », souligne Eurostaf dans
son étude. L'absence de PABX permet une plus grande souplesse dans l'agencement
organique et géographique du call center : les téléconseillers peuvent, par
exemple, remplir leur rôle dans le cadre de missions en télétravail, pour peu
qu'on les ait dotés de PC équipés. Par ailleurs, pour les clients, ce système,
de par son ouverture sur les technologies Wap, permet, par exemple, de passer
des ordres en bourse ou de recevoir des alertes par SMS. Mais, si ce type de
call center devait renoncer à l'IP, il lui faudrait investir dans un PABX. Ce
qui représente un investissement lourd. Dont le poids justifie d'ailleurs en
grande partie le choix de certaines entreprises dans le tout IP, le mode
internet revenant moins cher. Greffer de l'IP sur les technologies de
téléphonie classique génère un important surcoût par rapport à un centre
d'appels "traditionnel". C'est pourquoi l'abandon de la voix sur IP ne relève
pas, pour une entreprise, d'un simple aménagement. Se défaire de l'IP a aussi
un prix. Après avoir abandonné ce qui relevait - il faut bien le dire au vu de
son utilisation marginale - du gadget, La Redoute en est à affiner le rôle
respectif de chacun des modes de contact développés dans le cadre d'Alloweb. Il
semblerait aujourd'hui que le mail soit davantage utilisé pour les contacts
d'après-vente, alors que le téléphone soit utilisé comme un vecteur de
réassurance avant-vente. Notamment lorsqu'il s'agit de lever les freins en
matière de paiement en ligne. Les responsables de cette activité chez le
vépéciste semblent pourtant assez satisfaits de l'infrastructure et du service
mis en place. Le taux de transformation traditionnellement généré sur Internet
chez les vépécistes généralistes (1 à 2 % des visites) aurait ainsi été gonflé
depuis le développement des techniques de web call center. Aujourd'hui, il
oscillerait entre 2 et 3,5 %.
Le web call center de La Redoute
- Année de mise en place : 1999. - Nombre de postes : 8. - Effectifs : une demi-douzaine de persones. - Mode d'exploitation : mi-internalisé, mi-externalisé. - Fonctionnalités proposées : gestion des e-mails, web call back, chat, voix sur IP, co-browsing. - Partenaires opérateurs : Matra Nortel Communications, Lotus. - Intégrateur : Atos. - ASP : Intracall. - Technologies : PABX Symposium, Serveur vocal Response Server, Logiciel Internet Voice Button de Matra Nortel Communications. - Coût de mise en place : 2 à 3 millions de francs. - Coût de fonctionnement : prix des communications. - Objectifs : faciliter le service aux clinets, accroître l'interactivité. Source : Eurostaf