Intérim : toujours plus !
Les centres d'appels, un nouveau filon pour les agences intérim ? Les
seules performances de Manpower sont éloquentes : 14 000 missions en 1999, près
de 25 000 cette année ! Selon une étude réalisée par le numéro 2 de l'intérim,
le nombre de centres s'élèverait à 22 000 en 2002, générant un total de 700 000
emplois (contre 200 000 en 2000). La part de marché de l'intérim représenterait
10 % de ce total dans deux ans. Les secteurs à potentiel commencent à être
bien connus : VPC, distribution, informatique, banque, assurance. Certains
opérateurs de téléphonie mobile ont même "institutionnalisé" le recours à
l'intérim. « Pour l'un de nos clients, nous organisons régulièrement des
sessions de recrutement. On propose des lots de 12 candidats pour des postes de
chargés de clientèle, de chargés de recouvrement, de conseillers grands
comptes. Le client valide le recrutement. Après une première période de deux
mois, le contrat est prolongé de 3 à 6 mois, voire un an », explique Maud
Hillairet, assistante d'agence VediorBis Télémarketing située à Paris. Et les
PME commencent à pointer le bout de leur nez, pour des postes soit techniques
(hot lines informatiques, sur le Web), soit commerciaux avec expérience, en
émission d'appels ou encore pour des opérations ponctuelles de qualification de
fichier.
Les outsourcers s'y mettent
Nouveauté, les
outsourcers recourent de plus en plus fréquemment à l'emploi temporaire. « En
trois ans, les prestataires de services ont fait une progression fulgurante
parmi nos clients », affirme Catherine Mathieu, responsable agence Phoning Ile-
de-France du réseau Manpower. Les demandes s'orientent de plus en plus en vers
des profils à double compétence. Minoritaires en nombre de mission, les postes
en émission d'appels ne sont pourtant pas les plus faciles à pourvoir, hormis
les profils type télé-enquêteurs, téléprospecteurs. D'abord, parce que les
candidats expérimentés sont rares, compte tenu de la demande, qui, elle,
s'accentue. « Le nombre de postes de commerciaux sédentaires, capables de gérer
un client, depuis la détection de projet jusqu'à la fidélisation, s'accroît »,
confirme Christel Gamsonré, consultante télémarketing de l'agence téléservices
et centres d'appels de Randstad Intérim. Conscients de leur rareté, les
candidats expérimentés en émission sont très exigeants sur la rémunération
variable. Les profils haute qualification (superviseurs, directeur de
production, responsable de site ou de programme, formateurs télémarketing,
responsable informatique-télécom, chargés de recrutement, chefs de projets...)
sont, eux, dans la grande majorité des cas, recrutés en vue d'une
pré-embauche.
Un différentiel de coût de 15 %
Mais
pourquoi les centres d'appels recourent-ils à l'emploi temporaire ? Tout
simplement parce qu'ils ont des besoins importants en main-d'oeuvre, suscités
par des taux de croissance et de turn-over élevés. L'intérim permet de déléguer
l'essentiel de la procédure de recrutement et la gestion des contrats de
travail, des fiches de paie. Une prestation qui vaut bien le différentiel de
coût (environ 15 %) entre un CDD géré en interne et des ressources en intérim.
D'autant que les entreprises ont souvent des difficulté à recruter directement
en CDD. En face, l'intérim s'organise pour fournir les téléconseillers et des
managers expérimentés. Adecco, Manpower, VediorBis, Randstad ont mis en place
des structures spécialisées, dotées de BDD de candidats et d'outils de
formation spécifiques, qui leur permettent de créer leurs propres viviers. «
Nous fabriquons des téléconseillers expérimentés », déclare Catherine Mathieu.
Dans ce cas, en accord avec le client, l'agence embauche des débutants à
potentiel qu'elle forme. Même philosophie pour le programme de fidélisation
"Vous et Nous" de Randstad Intérim, qui offre la possibilité à ses adhérents,
des profils à potentiel triés sur le volet, de monter en compétence au fil de
leurs missions (formations personnalisées en management ou type expert).
Les salaires de l'intérim
Selon Maud Hillairet de VediorBis, la rémunération horaire des télé-enquêteurs (étudiants à mi-temps le soir) tourne autour de 45 francs brut. Un conseiller clientèle percevra, lui, de 55 à 60 francs brut. Soit 7 500 à 8 000 francs mensuels brut. En télévente et prise de RDV, les primes distribuées à des profils déjà expérimentés se situent dans une fourchette comprise entre 1 500 et 3 000 francs mensuels brut. Mais peuvent atteindre 10 000 francs chez certains éditeurs d'ouvrages juridiques. « Attention à ne pas sous-payer par rapport à la moyenne du marché, vous risquez de perdre vos ressources en cours de route », prévient Christel Gamsonré. Exemple, un simple fixe de 8 000 francs brut en émission d'appels est insuffisant. D'autant que ces profils sont motivés par le challenge induit par un variable. A défaut, ils préféreront une mission plus "confortable" en réception ou accepteront la tâche en attendant mieux...