Eos, le retour
Un petit nouveau chez les outsourcers. Nouveau ? En fait, oui et non. Tant
il est vrai que le nom d'Eos n'est pas inconnu des barons de la profession.
Fondée à la fin du siècle dernier par Charles Emmanuel Berc, Eos Télérelations
a longtemps figuré au rang des acteurs dynamiques du marché, avant de céder aux
perfides sirènes de la bulle webo-spéculative en rejoignant le giron de Fi
System. Aventure fatale. Et nouveau départ pour Charles-Emmanuel Berc, à qui Fi
System a cédé fin septembre tous les droits sur la marque Eos. Le jeune
entrepreneur crée aujourd'hui, "from scratch", Eos Contact Center, société de
gestion de services clients en multicanal (Web, e-mail, téléphone, courrier,
fax, SMS...). Signe des temps, le prestataire opte pour la province et les
petites villes, et pour des sites "à taille gérable" : « Pas beaucoup plus de
100 personnes, pas moins de 50 », résume Charles-Emmanuel Berc. Mais
l'outsourcer se garde une représentation à Paris. Plus qu'un pied-à-terre,
puisqu'il installe 20 postes en "show room" technologique opérationnel dans le
XIVe arrondissement de la Capitale, le tout équipé en Alcatel 4400, en Coheris
Conso+ et en Vocalcom Web Edition, solution permettant au client d'intégrer des
postes en site déporté (c'est le cas d'un des premiers clients d'Eos, éditeur
d'une carte de fidélité pour les salles de cinéma, qui conserve en interne
quatre postes de son service client).
Un modèle économique : le principe de la réversibilité
Le site parisien d'Eos fonctionne
entre autres avec les effectifs de France Télécom e-business, société de
support high-tech dont Eos Contact Center vient de reprendre les actifs,
remportant un appel d'offres qui l'avait opposé à TechCity, Actel et Arvato
(ex-Bertelsmann Services). Mais l'outsourcer ouvre un site de 80 postes à Gray,
petite ville de 7 000 habitants, en Haute-Saône, à 50 km de Dijon. La société
cherchait une commune de taille moyenne, avec un bassin d'emploi élargi de 18
000 à 20 000 personnes, et en situation d'exclusivité pour l'activité à
développer. Si possible dans une région à forte tradition industrielle et
laborieuse. A Gray, l'outsourcer a trouvé des élus à l'écoute et impliqués dans
le projet. Du coup, Eos a fait construire un bâtiment, qui devait être livré en
septembre. Pour ce premier site non parisien, la société a choisi un modèle
juridique et économique assez original, reposant sur le principe de
réversibilité. En tant qu'entité nationale, Eos va ainsi créer une structure
régionale, Eos Contact Center Est (ou Gray) dont elle détiendra la majorité du
capital et où elle s'engagera à fournir 60 % du volant d'affaires. Les parts
restantes pourront être animées et achetées par un partenaire local, pourquoi
pas par un client d'EOS. Une formule qui pourrait même aller jusqu'au rachat
global de l'activité locale par un tiers. « Ce système a l'avantage de la
souplesse et de rassurer les clients quant à la notion et au principe mêmes de
l'externalisation », affirme Charles-Emmanuel Berc. Le site de Gray fonctionne
pour sa part sur du Lucent. Mais si Eos "tient" son business plan, établi sur
une hypothèse à 3,5 millions d'euros de CA généré pour toute activité entre 80
et 110 équivalents temps plein, l'outsourcer pourrait ouvrir un deuxième site,
peut-être au premier semestre 2003. Et peut-être en Vendée. Pour son premier
exercice, Eos Contact Center vise un chiffre d'1,5 million d'euros (en affaires
déjà commandées).