En Europe, le CRM n'est pas logé à même enseigne
Un marché à la fois saturé et soumis à une forte pression concurrentielle,
une offre en matière de produits de grande consommation fortement banalisée,
des clients plus exigeants que jamai... Comment, dans un tel contexte, les
distributeurs inscrivent-ils leurs actions de contact avec leur clientèle ?
Peut-on seulement parler d'une culture ou de pratiques CRM dans la distribution
? Une étude réalisée par Blue Martini Software tente de faire le point sur la
pénétration des politiques et systèmes de GRC au sein de ce secteur, au
Royaume-Uni, en France et en Allemagne. Ce, sur la base d'un questionnaire
soumis aux directeurs marketing, e-commerce et e-business de plus de 150
hypermarchés, grands magasins, magasins de détail spécialisés dans les trois
pays. Pour les rapporteurs de cette étude, le CRM constitue pour les
distributeurs une réelle nécessité économique, ne serait-ce qu'à court terme :
"N'étant pas en mesure de maximiser leurs interactions à travers tous les
canaux de vente, de prendre en compte la valeur réelle de leurs clients,
d'offrir des promotions ciblées, de proposer des opportunités de ventes
croisées ou de ventes incitatives couvrant d'autres produits et services, de
mettre en relief le canal le mieux adapté à la demande et de développer une
stratégie de fidélisa- tion basée sur une qualité de service constante, ils
perdent de l'argent lors de chaque échange avec leurs clients." Premier
constat, plus de la moitié des distributeurs dans les trois pays concernés
s'appuient sur une stratégie CRM : 67 % au Royaume-Uni, 57 % en France, 50 % en
Allemagne. Une démarche qui semble satisfaire ses initiateurs puisqu'ils sont
une grande majorité à en retirer à la fois "de bonnes choses" et "une certaine
valeur ajoutée" (88 % au Royaume-Uni, 84 % en Allemagne, 79 % en France).
D'ailleurs, ils ne sont que 1 % à déclarer vouloir consacrer au CRM un moindre
investissement dans les mois qui viennent qu'au cours de l'année écoulée.
Toutefois, en ce qui concerne les enseignes en France, les promoteurs du CRM
devront encore faire des efforts pour convaincre. Car si, outre-Manche, 23 %
des professionnels n'ayant pas encore fait le pas prévoient de déployer une
stratégie de gestion de la relation client d'ici à 2005, ils ne sont que 2 %
dans l'Hexagone, tout comme en Allemagne. Mais qu'entendent les distributeurs
par CRM ? Quels sont les principaux bénéfices d'une politique de relation
client ? D'abord, l'augmentation des ventes et des revenus (RU : 31 % ; All. :
20 % ; France : 18 %). Ensuite, l'accroissement de la fidélité (RU : 15 % ;
France : 20 % ; All. : 12 %), et une meilleure connaissance des clients et de
leurs besoins (RU : 17 % ; France : 6 % ; All. : 6 %).
Les Français plébiscitent les programmes de fidélisation
Dans ce secteur de la
distribution, les stratégies peuvent se décliner sur différents types de
programme. Les deux approches les plus utilisées étant les programmes de
fidélisation et les programmes de commande en ligne. Suivent, d'assez loin,
l'analyse clients et l'analyse des données transactionnelles, les services
clients ou les promotions. Les distributeurs français étant les plus friands de
programmes de fidélisation : 54 % des entreprises approchées ont initié une
démarche de ce type (40 % des allemandes et 37 % des britanniques). Les
programmes de commande en ligne sont, eux, plus répandus au Royaume-Uni (43 %
des distributeurs, contre 36 % en Allemagne et 25 % en France), ce qui
s'explique certainement par la plus forte pénétration d'Internet outre-Manche.
Concernant la France, il est notoire que le concept de service clients (pris
dans son sens général) ne semble pas passionner les distributeurs : aucun
d'entre eux n'a jugé bon d'investir dans un dispositif de ce type, alors qu'ils
sont 17 % au Royaume-Uni et 16 % en Allemagne. On peut également noter que
l'idée de commander par téléphone ou par courrier a toutes les chances de
rencontrer davantage de répondant en Allemagne (16 % des distributeurs) qu'en
France (7 %) ou qu'au Royaume-Uni (3 %). Si 57 % des distributeurs français
interrogés déclarent réunir des données transactionnelles concernant leurs
clients (73 % au Royaume-Uni, 58 % en Allemagne), ils ne sont plus que 16 % à
analyser ces données en fonction des différents points de contact (RU : 42 % ;
All. : 18 %) et 16 % à les analyser à des fins d'identification des clients les
plus rentables (RU : 50 % ; All. : 22 %). Pour une écrasante majorité des
distributeurs en France (98 %), le mode privilégié d'interaction avec le client
demeure le point de vente. Le centre d'appels et les téléconseillers arrivent
en deuxième position (69 %, contre 76 % en Allemagne et 73 % au Royaume-Uni).
Mais, dans les faits, à peine un tiers des distributeurs en France utilisent le
téléphone pour leurs contacts. C'est moins qu'au Royaume-Uni (52 %) et qu'en
Allemagne (48 %). 74 % des distributeurs français interrogés déclarent que le
CRM multicanal jouera un rôle important dans leurs activités futures et, pour
51 %, les acheteurs choisiront de plus en plus leur lieu d'achat en fonction
des possibilités de recherche de produits et de consultation de leur
disponibilité qui leur seront offertes. Toujours chez les distributeurs
français, 44 % des personnes interrogées considèrent qu'elles pourraient
accroître les taux de satisfaction client et les ventes si leurs équipes
disposaient d'outils leur permettant d'avoir accès en temps réel à des données
clients.