Concilier résultats et culture d'entreprise
Si la formation est envisagée comme un critère nécessaire au bon fonctionnement de tout centre d'appels, son application demeure complexe. Entre le recrutement des bons formateurs, les problématiques de dimensionnement, les questions relatives à la communication, les objectifs de production... il n'est pas de place pour les approches standardisées. Les formations "catalogues" cèdent aujourd'hui le pas aux programmes ad hoc, où les notions de mesure et de résultat ne doivent jamais, en théorie, altérer les fondamentaux identitaires de l'entreprise.
Elément vecteur de la culture d'entreprise, facteur d'expression des
motivations et de révélation des talents, catalyseur des résultats et de la
qualité du service : la formation sur les centres d'appels n'a plus à démontrer
son bien-fondé. Tous les responsables de plates-formes sont aujourd'hui
convaincus de la nécessité de mettre en œuvre des politiques de formation
formalisées, des programmes de sessions systématisés. La formation, dans le
cadre d'un centre d'appels, peut avoir des vocations et des formes diverses.
Initiale ou continue, elle s'adresse à tous les types de personnels présents
sur une plate-forme. Quelle qu'en soit la cible ou la forme, elle est
aujourd'hui considérée comme un canal incontournable de fidélisation. A
l'instar d'autres sociétés, le département boursier de la banque Cortal, doit
fidéliser ses troupes. En l'occurrence, 56 téléconseillers chargés de passer
des ordres d'achat en bourse pour la clientèle de Cortal, et recrutés à bac +
4. « Durant quelques années, nous avons délivré une formation initiale de deux
jours. Ce qui s'avérait nettement insuffisant. Nous sommes aujourd'hui passés à
des sessions de quinze jours : la moitié réservée à la présentation de la
société, des métiers, des services et des produits de l'entreprise ; l'autre
moitié dédiée à la technique du marché et à l'utilisation des écrans. Notre
objectif est clairement de réduire le volant des intérimaires et d'engager un
processus d'embauche. Aujourd'hui, 50 % de nos conseillers sont en CDI, contre
30 % en début d'année 1998 », explique Philippe Ageorges, desk manager.
Le choix du consultant
Pour cette formation initiale,
le département bourse de Cortal a choisi l'internalisation. En règle générale,
l'internalisation est soit le fait des entreprises qui commencent à instiller
des modules de formation à leurs personnels, soit celui de sociétés au
contraire largement rodées. Ces dernières faisant d'ailleurs également très
souvent appel à des consultants extérieurs. Dès lors que l'on décide de
sous-traiter, les premières difficultés apparaissent au niveau de la définition
des critères de choix. Sur le marché de la formation, l'offre est pléthorique.
Le développement des centres d'appels et des métiers directement liés au
téléphone a engendré une génération spontanée de formateurs devenus
spécialistes de la relation à distance. Qu'il s'agisse de consultants
indépendants, intégrés à une entité de formation ou travaillant pour le compte
de plusieurs. Sans compter les nombreuses "formations catalogues" reposant sur
des books standardisés et sur des sessions interentreprises, c'est-à-dire
réunissant des personnels de diverses sociétés autour d'un même thème. Dans le
cadre de son centre d'appels sortants (trois plateaux de 20 téléconseillers),
le Crédit du Nord, déjà très pointu dans sa politique de formation, prépare un
appel d'offres pour ajouter à son dispositif une journée de formation par an. «
Nous recherchons un prestataire très en phase avec nos méthodes et qui ait des
centres d'appels une connaissance non limitée à l'environnement bancaire »,
explique Eric Teston, responsable du télémarketing du Crédit du Nord. La
prestation des consultants ne se limite plus depuis longtemps à des messages
stéréotypés sur "le sourire au téléphone". Les formateurs constituent
aujourd'hui une force de proposition, manifestent une capacité permanente de
veille et une maîtrise des divers marchés.
Le formateur, force de proposition
Pour certains consultants, la prise d'initiative va
jusqu'à l'organisation même des formations. « Dès lors que l'on travaille dans
un climat de confiance avec l'entreprise cliente, dès lors que l'on sait
mesurer les résultats et les progrès de chacun, on peut procéder à l'inverse du
schéma classique. Nous informons, par exemple, le responsable du centre
d'appels de la tenue prochaine d'une formation sur le thème X ou sous la forme
Y, et proposons la liste des personnes pour lesquelles cette session s'avère
particulièrement intéressante », explique Thierry Perney, directeur commercial
de l'Institut de Télémarketing, centre de formation continue de la banque
Cortal. Force radicale ou collégiale de proposition, le formateur doit être
pleinement associé à la définition des modules et des programmes. Son travail
ne se limite pas à la délivrance des pédagogies (pratiques et théoriques), mais
commence largement en amont et se poursuit en aval, dans le suivi des
stagiaires. « Je ne connais pas de bons consultants qui acceptent
d'emmagasiner 22 jours de formation appliquée dans le mois. Nos formateurs
consacrent la moitié de leur temps à l'audit et au suivi. L'objectif est double
: implication et responsabilisation d'une part, contact permanent avec le
terrain d'autre part », précise Franck Diego, directeur de Consulte, filiale du
groupe Adverbe. Technocom (filiale de France Télécom spécialisée dans le
conseil et la formation aux métiers du téléphone) privilégie pour sa part les
consultants seniors (moyenne d'âge de 50 ans). « Les salaires de nos formateurs
atteignent les 3 500 francs par jour », révèle Virginie Bessou, formatrice en
télémarketing chez Technocom. Sur ce marché de la formation, les différences de
rémunérations existent : de 1 500 à 3 500 francs par jour en plafond haut, de
800 à 1 000 francs pour le niveau bas (le plus courant).
Entre 40 000 et 50 000 francs pour un plan sur trois mois
Des rémunérations
qui reflètent aussi certains écarts de prix. Le dumping existe, comme sur tout
marché où la croissance génère un tantinet d'anarchie. En moyenne, pour rester
dans des tarifs "honorables", on peut évaluer la facturation d'une journée de
formation (pour un groupe de huit personnes) à 5 000 francs pour une formation
de base, à 7 000 francs pour de la télévente et à 8 000 francs pour de
l'encadrement. Mais ces indications ne doivent pas faire oublier les
investissements nécessaires en aval ("piqûres de rappel") et en amont. La
formation implique en effet une phase d'audit préalable, qui repose sur un
dialogue avec les responsables du centre d'appels, une observation de
l'architecture fonctionnelle, un état des lieux de l'existant technologique.
Dans le cadre de cette étude, on usera largement des appels mystère, sachant
qu'à moins de trois appels par téléopérateur, le test n'est pas viable. « Il
est également préconisé de travailler sur la base d'un échantillon
représentatif de la population à former, pour mieux évaluer le niveau effectif
et le niveau à atteindre », souligne Marie-Pascale de Matharel, responsable de
la formation de Télé Action. Le coût d'une phase d'audit est extrêmement
variable, entre 5 000 et 25 000 francs en fonction des paramètres : vocation du
centre d'appels, taille, horaires, organisation hiérarchique et géographique...
« L'analyse de l'existant, la formation et le suivi sont absolument
indissociables, estime Franck Diego. C'est pourquoi il est absurde de parler du
coût d'une journée de formation en soi. On ne peut avancer de tarifs que dans
une perspective globale. Imaginons, par exemple, une formation à la vente
additionnelle pour huit personnes travaillant sur une plate-forme de VPC. Si
l'on inclut une journée d'audit suivie de quelques vagues d'appels mystère,
trois jours de formation et des "piqûres de rappel", des appels mystères un
mois et demi après la formation elle-même, on peut estimer l'investissement
pour le vépéciste à 40 000 - 50 000 francs pour une prestation qui s'étalera
sur trois bons mois. »
Communication et responsabilisation
Une politique de formation digne de ce nom
représente un réel investissement pour les entreprises exploitant un centre
d'appels. Investissement financier mais aussi implication totale des personnels
concernés. Une session de formation n'a pas de sens véritable si elle ne
s'entoure d'une communication adaptée en interne. Ainsi, les Editions Lamy
sous-traitent chez divers outsourcers, et notamment chez Phone Marketing,
l'équivalent d'une centaine de téléconseillers. « Dans le choix de nos
partenaires outsourcers, nous insistons fortement sur leur aptitude à
responsabiliser les équipes, à les impliquer dans la culture de l'entreprise et
dans la formation. Lorsque je fais de l'écoute sur un plateau, j'explique aux
télévendeurs que je viens avant tout écouter les arguments du client. Il faut
toujours communiquer, expliquer et ne jamais imposer », souligne Mohamed
Belabed, responsable de la télévente externe des Editions Lamy. Et Virginie
Bessou d'ajouter : « Il est indispensable de créer un concept fédérateur,
d'organiser, par exemple, des réunions de travail sur la notion de service. On
peut également diffuser un message sous forme de cassette vidéo, ou encore
demander au P-dg de l'entreprise de signer un message dans la lettre interne. »
Car communiquer, c'est aussi associer la hiérarchie. Et l'associer à la
formation, c'est d'abord l'y intégrer. Les responsables de centres d'appels,
s'ils ont conscience du poids stratégique de la formation, ont parfois tendance
à limiter celle-ci à la "base", sans impliquer les personnels d'encadrement.
Or, ceux-ci, peut-être davantage que ceux qu'ils chaperonnent, doivent faire
l'objet de sessions régulières de mise ou de remise à niveau. Et pour cause :
dans l'exploitation de la plate-forme, c'est eux qui seront en charge de
l'entretien, de la mesure et de la viabilité de la formation des
téléconseillers. « Nous tenons à la présence physique des cadres lors des
sessions de formation, explique Virginie Bessou. Ils font figure de relais. Ils
peuvent rester passifs durant les séances. Mais en fin de formation, ce sont
eux qui prennent la parole, afin que chacun comprenne que la suite et la
maîtrise des opérations est désormais entre leurs mains. » La présence des
superviseurs, idéalement, est souhaitable. Reste à savoir si elle est appréciée
des téléconseillers. Certains formateurs préféreront les évincer des sessions
pratiques. « La formation est un révélateur. Le risque, lors des travaux
d'application, c'est de faire réaliser à tous que le superviseur est moins bon
que les personnes dont il a la responsabilité », souligne Marie-Pascale de
Matharel (Télé Action). Autre option : celle choisie par l'Institut de
Télémarketing, où l'on ne communique au personnel d'encadrement que les
résultats collectifs des formations délivrées aux téléconseillers. Les
résultats individuels étant réservés aux personnes concernées. « Nous ne
voulons pas entrer dans un travail de production. Il ne faut pas habituer les
responsables de plates-formes à envoyer les téléconseillers en sessions à la
moindre relâche, sous prétexte qu'ils sont plus productifs en période de
formation », affirme Thierry Perney. La communication autour de la formation
est d'autant plus nécessaire que l'on agit ici sur un terrain socialement
sensible. A tel point qu'il est sans doute plus dangereux de mal communiquer
que de ne pas communiquer du tout. Informer un public payé 6 000 francs par
mois qu'on va lui apprendre à être plus productif, c'est sans doute faire
preuve d'une maladresse rédhibitoire. « Les responsables de centres d'appels
ont souvent peur de la communication sur la formation : c'est pour eux un
déclencheur potentiel de revendications sociales », note Anne Bendler,
directrice commerciale de H2A.
Respecter les impératifs du dimensionnement
Autre facteur de réticence - plus défendable
celui-ci - dans la mise en place de plages régulières et fréquentes de
formation : le dimensionnement du centre d'appels. C'est de fait l'élément
perturbateur dans toute programmation. Or une formation se programme, faute de
quoi elle perd de son efficacité, voire de son sens. C'est pourquoi certaines
entreprises, quand elles en ont les moyens, prennent les devants en mettant en
place des équipes de renfort prêtes à se substituer aux téléconseillers en
période de formation (et de préférence en période de faible activité sur le
centre). Une partie de la solution consiste bien sûr à mener la formation sur
site : on évite ainsi des déplacements de personnel et donc du temps. Une autre
partie de la solution consiste à opter pour des sessions en réel : on forme le
téléconseiller non seulement sur son lieu de travail, mais aussi dans un
contexte non simulé. Il n'empêche, il ne s'agit là que de légers palliatifs aux
problèmes de dimensionnement. Une formation implique nécessairement, à côté des
"travaux pratiques", des plages discursives, théoriques et pédagogiques, ainsi
que - c'est essentiel - des tranches réservées au "débriefing". Par ailleurs,
quand bien même le courant passerait parfaitement entre le stagiaire et son
formateur, la productivité ne sera jamais la même entre un contact "ordinaire"
et un contact réalisé "sous" formation. Un écart aussi bien décelable
d'ailleurs sur le plan qualitatif que quantitatif. A ce titre, il sera aussi
latent dans le cadre de télévente que de service clients. Et, paradoxalement,
cette différence dans les résultats ne s'enregistre pas forcément au détriment
du contact "sous" formation. Dans certaines situations, la présence d'un
formateur, la conscience d'être enregistré ou écouté par ses camarades, le fait
de savoir que sa prestation peut faire à tout moment l'objet d'une dissection,
peut au contraire créer un climat de stimulation propice à la productivité ou à
l'optimisation de la qualité de service.
Des résultats triplés durant la formation
Le cas de l'Institut de Télémarketing, centre
de formation continue de la banque Cortal (formation délivrée au personnel
Cortal comme auprès d'autres entreprises, parfois même concurrentes de la
banque), est à ce titre intéressant. « Dans le cadre de nos formations auprès
des collaborateurs de Cortal, nous pratiquons des actions en réel, explique
Thierry Perney, directeur commercial de l'Institut de Télémarketing.
C'est-à-dire que les sessions sont délivrées aux stagiaires dans le cadre même
de leur travail, en réel, sans simulation. Un conseiller financier qui réalise
en moyenne un chiffre d'affaires de 300 000 francs par jour, triple ses
résultats, pour atteindre les 900 000 francs durant sa formation. » Des
résultats qui trouvent trois facteurs majeurs d'explication. Premièrement, la
présence d'un consultant aux côtés du téléopérateur. Deuxièmement, la formation
dont on parle ici ne se fait qu'en appel sortant (alors qu'en "vrai" réel, le
téléopérateur peut-être perturbé par des appels entrants). Troisièmement, un
outil prédictif (dont le personnel ne dispose pas encore en "vrai" réel) est
greffé au dispositif technologique. Une telle croissance de l'activité en
période de formation ne va pas sans poser de problèmes : les résultats
retombent forcément rapidement après que le stagiaire est replacé dans son
environnement véritable. Ne faudrait-il pas dès lors le plonger en formation
permanente ? L'Institut de Télémarketing a choisi une solution médiane : des
sessions de formation aussi fréquentes que régulières. « Toutes les six
semaines, les conseillers financiers repartent pour cinq jours de formation :
une journée consacrée à la théorie et quatre autres en formation action »,
explique Thierry Perney. Pour ce faire, encore faut-il travailler avec des
équipes suffisamment importantes. L'impératif du dimensionnement est sans doute
le paramètre principal dans l'intégration par les entreprises de modules de
formation individuelle à distance. Allégement considérable de la logistique,
souplesse de programmation, suivi hyperciblé : tels sont les atouts de la
téléformation. Aujourd'hui, de nombreuses sociétés délivrant des outils et
sessions de formation ont adopté ce type d'approche, faisant fi des réticences
émises par une partie des consultants.
Former au téléphone par téléphone
« En France, la majeure partie des centres d'appels est
constituée de petites structures, de 5 à 20 personnes. De ce fait, rares sont
les entreprises capables de détacher d'un coup quatre ou huit téléconseillers,
souligne Jérôme Guilmain, directeur de l'agence Ile-de-France de Supporter.
C'est pourquoi nous avons créé une offre en téléformation spécialement adaptée
aux petites plates-formes. Pour constater que les résultats obtenus sont
parfois meilleurs. » Ce type de méthode consiste à programmer des sessions de
formation d'une durée moyenne de 30 minutes et à enregistrer certaines d'entre
elles afin de permettre au stagiaire et à son formateur de travailler de façon
concrète. Sessions que l'on intercalera entre des enregistrements réalisés en
"réel" et sur lesquels on pourra également revenir. Ensuite, un reporting est
adressé à la hiérarchie, avant que le stagiaire ne soit invité, une demi-heure
durant, et toujours par téléphone, à réagir, commenter, porter un jugement sur
sa formation et le rapport auquel elle a donné lieu. Si la téléformation se
caractérise par sa souplesse et la liberté de programmation qu'elle autorise,
elle doit cependant respecter un impératif : conserver entre chaque session un
laps de temps (au moins deux jours) nécessaire à la maturation de chaque étape
et à l'optimisation de la formation. Par ailleurs, cette approche induit par
excellence des "piqûres de rappel" ; l'idéal étant de distiller chaque mois une
session de 30 minutes par individu. « Si l'on ne cultive pas cette technique au
moins tous les deux mois, la téléformation est stérile. Mieux vaut alors opter
pour une formation plus classique en face-à-face », précise Jérôme Guilmain.
Coût d'une séance de téléformation : de 500 à 700 francs la demi-heure par
personne selon les prestataires.
Téléformation et centres d'appels en réseaux
La téléformation s'avère également bien adaptée aux
entreprises organisées en réseau, et qui présentent une infrastructure centre
d'appels atomisée. La chaîne hôtelière Campanile a ainsi opté pour une
formation à distance, confiée à Eos Télérelations. Objectif : dispenser aux
gérants et aux assistants des 350 hôtels que l'enseigne compte en Europe les
techniques de réception et de maîtrise de la réservation téléphonique,
augmenter et standardiser la qualité de service, suivre les acquis dans le
temps et atteindre un niveau de qualité supérieur à 80 % un an après le début
de l'action (niveau de qualité initial : 46 %). Après une formation
individuelle par téléphone, menée en cinq langues, Campanile a enregistré un
niveau de qualité de 86 % et constaté une meilleure homogénéité des services. «
Le téléphone s'apprend par le téléphone. Il a le grand mérite d'amplifier et de
déterminer les caractères de la voix », insiste Charles-Emmanuel Berc,
président d'Eos Télérelations. Mais la téléformation n'est pas réservée aux
appels entrants. Elle se pratique également dans le cadre d'émission d'appels.
Pour ce type de problématique, Eos Télérelations a développé une méthode en
cinq sessions, c'est-à-dire cinq conversations téléphoniques. Le premier appel
est dédié à la définition des règles de vocabulaire et du franchissement des
barrages, le deuxième au questionnement et à la reformulation des questions, le
troisième à l'argumentation sur mesure, le quatrième à la réponse aux
objections, le cinquième à une simulation complète. Le tout étant concentré sur
une période d'un mois.
Vers l'obligation de résultats ?
Que les responsables de centres d'appels optent pour une formation en
face-à-face ou à distance, ils intègrent de plus en plus dans leurs critères
une obligation de résultat. « Il y a encore quinze ans, les formateurs
vendaient des stages. Aujourd'hui, on propose également des audits, du suivi,
une mesure. Demain, on s'engagera sur les résultats », explique Anne Bendler.
Mais les organismes de formation ou consultants indépendants ne sont pas tous
"chauds" pour le principe de l'obligation de résultats. Dès lors que l'on est
capable de définir un état des lieux, de fixer des objectifs et d'adopter des
outils de mesure (et ils existent ), on peut penser que l'engagement devant le
résultat entre dans la norme. Les sociétés de formation sont d'ailleurs de plus
en plus nombreuses à le proposer. Eos Télérelations propose une remise de 15 %
en cas d'objectifs non atteints. D'autres, plutôt que la remise budgétaire,
préfèrent une prime de gratuité sur le suivi ou la "piqûre de rappel".
S'engager sur les résultats, c'est d'abord s'accorder sur l'ensemble des
paramètres induits (état des lieux, objectifs, mesure). C'est ensuite écarter
tous les impondérables, généralement directement imputables à tout ce qui
relève de la dimension humaine d'un centre d'appels. Rien de vraiment simple en
vérité. « On peut penser que sur dix cas de figure, trois rentrent
effectivement dans des critères objectivement acceptables pour un engagement
sur les résultats », note Agnès Chauvet, responsable de la formation chez
Multilignes Conseil.
Ne pas oublier les fondamentaux de l'entreprise
Un ratio qui réduit sensiblement la portée des
discours les plus engageants. Qui plus est, l'obsession du résultat peut
altérer l'essence même de la formation. Celle-ci repose sur la mesure régulière
des acquis, donc sur le temps. Or, il devient difficile d'instituer des
méthodes fiables de quantification des résultats sur la durée. « Nous avons mis
sur pied une série de techniques de mesure très performantes, comme les
ateliers transversaux d'écoute ou la double écoute, explique Roger Lei,
directeur général de la société E-Call Services (entité de formation au sein du
groupe Cofinoga). Mais il est des domaines d'application où l'engagement sur
les résultats n'est pas possible, ni souhaitable. Notamment dans le cadre de
sessions délivrées auprès du personnel d'encadrement, où de nombreux paramètres
structurants sont à prendre en compte. La mesure à outrance, ça peut être
dangereux. » Or, spécialement dans un contexte de télévente, les formateurs,
pour peu qu'ils soient animés par la notion de résultat, peuvent en oublier les
fondamentaux de l'entreprise. « Si elle est intelligemment appréhendée et
dispensée, la formation a le grand mérite de remettre les valeurs et messages
essentiels au cœur des préoccupations et des réflexes », rappelle Mohamed
Belabed, responsable de la télévente externe des Editions Lamy. «
Intelligemment appréhendée et dispensée », c'est-à-dire conçue et menée dans le
temps, fondue dans la culture de l'entreprise et la stratégie du centre
d'appels, affichée comme un fédérateur de premier plan et dépassant largement
le 1 % légal.
Vedior Bis : la formation, valeur ajoutée de l'intérim
En mars 1998, Vedior Bis (635 agences en France, troisième société européenne de travail temporaire) créait à Paris sa première "agence télémarketing". Avec une finalité première : aider les entreprises à recruter du personnel pour la mise en place ou le développement de leur centre d'appels. « Notre objectif n'est pas de se limiter à une mise à disposition de personnels pour le compte des entreprises. Nous voulons apporter aux sociétés un réel service, en leur proposant un vivier de personnes formées et capables de répondre au mieux à leurs besoins spécifiques », explique Virginie Faury, responsable de l'agence télémarketing de Vedior Bis. Pour se donner les moyens de ses ambitions, la société d'intérim a passé un accord avec Technocom, filiale de France Télécom spécialisée dans le conseil et la formation aux métiers du téléphone. Un partenariat qui fournit à Vedior Bis la possibilité d'offrir à ses clients un service à valeur ajoutée : les consultants de Technocom apportent d'une part leur savoir-faire en matière d'audit, de diagnostic, de recommandations en matière de dimensionnement et de profils de recrutement, d'autre part leur expertise en terme de formation. Celle-ci s'organise sur deux axes majeurs : une formation ad hoc pour répondre aux demandes spécifiques des entreprises ; une formation permanente, qui alimente le vivier de Vedior Bis en ressources humaines et lui permet d'adopter une stratégie pro-active. « Aujourd'hui, nous sommes en mesure d'aller trouver les entreprises et de leur dire : "Nous avons tant de téléconseillers qui correspondent à vos besoins" », souligne Virginie Faury.
Crédit du Nord : 10 heures de formation hebdomadaire
En créant sa direction banque à distance, le Crédit du Nord s'est d'emblée trouvé confronté à une problématique de formation. Les personnels travaillant sur les plateaux d'appels entrants (24 conseillers clientèle) et sortants (60 téléconseillers) ont été recrutés, sur la base du volontariat, au sein des services administratifs centraux et du réseau de distribution de la banque. « La moyenne d'âge est de quarante ans. Il s'agit d'une population qui n'a pas été formée, éduquée au traitement de la relation clients à distance avant son intégration, ni au ccomportement au téléphone », souligne Eric Teston, responsable du télémarketing. Un manque très rapidement comblé : le Crédit du Nord a en effet mis en place une politique de formation des plus soutenues. Formation initiale tout d'abord : cinq jours consacrés à la découverte des produits et du média téléphone (avec "piqûre de rappel" d'une journée un mois plus tard). Formation continue ensuite. Pas moins de huit à dix heures de formation chaque semaine pour l'ensemble du personnel. Chaque jour, les téléconseillers se voient délivrer une session d'une heure et demi : écoute d'enregistrement, jeux de rôles, "débriefings"... généralement orchestrés par groupes de 10. Une fois par mois, le responsable du télémarketing procède à des entretiens individuels afin de définir avec chacun ses objectifs d'optimisation dans la qualité du service. « Les téléconseillers intègrent le centre d'appels pour une période de 24 mois. Mon rôle est de leur apporter une bonne formation afin de les doter des meilleures armes pour intégrer d'autres services », souligne Eric Teston.