Anyway : réorganisation pour optimiser le Web
Sécuriser le consommateur est particulièrement crucial en matière d'achat
de voyage sur le Web. La machine a-t-elle vraiment pris en compte ma demande ?
Le paiement à distance est-il bien parvenu à destination ? Outre les réponses à
ces questions, le client a besoin de recevoir confirmation des horaires. Même
poussée jusqu'à son aboutissement (la vente), une relation Web suppose un
contact téléphonique. Anyway, filiale de Brokair, elle-même filiale du Groupe
Transat AT, tour-opérateur canadien, vend des voyages exclusivement à distance.
Les ventes sur le Net sont notamment en forte croissance. Peut-être plus que
dans d'autres secteurs, dans le tourisme, Web et téléphone sont deux médias
indissociables. « Nous menons un projet de développement Internet très
important et une réflexion de couplage avec le téléphone, révèle Olivier
Kervella, directeur général d'Anyway. En effet, les flux de téléphone sont de
plus en plus liés à des prévisites de notre site Internet. Beaucoup de clients
achètent directement en ligne. Les téléconseillers les rappellent
systématiquement pour vérifier que tout va bien. » Le site web d'Anyway permet
de véritables réservations en ligne. Il est, en effet, directement relié aux
GDS (Global Distribution Systems ou systèmes informatisés de distribution) :
Sabre, Worldspan, Galileo et Amadeus. Créés par l'ensemble des compagnies
aériennes, ces centres serveurs distribuent l'information concernant les
disponibilités des vols. Pour la prochaine haute saison, Anyway prévoit un
couplage téléphone-Web au plus tard fin mars 2000. « Nous recherchons une
plate-forme qui permette de localiser la "position" du client dans notre site
», révèle Olivier Kervella. Concernant le CTI, l'agence de voyages a
présélectionné Turbosabre, un système mis au point spécialement pour les agents
de voyages par le GDS Sabre. Si la filiale de Brokair réalise un million de
francs de chiffre d'affaires par semaine via l'Internet et 75 millions de
francs par an par le téléphone, la finalité de son centre d'appels ne se limite
pas à la vente à distance. Le plateau est aussi le lien principal avec ses
clients. Anyway n'effectuant pas de prospection, les appels sortants sont
uniquement émis vers les professionnels du voyage et les clients, pour le suivi
des réservations. « Nous avons effectué des tests en prospection, mais les
résultats ne se sont pas révélés de nature à nous convaincre de poursuivre dans
cette voie, précise Olivier Kervella. En effet, la démarche de partir en voyage
est personnelle. Elle ne peut être provoquée. » Le plateau reçoit 360 000
appels par an, d'une durée moyenne de 2 minutes et demi et en émet de 10 à 15
000 par an (hors rappels des clients ayant acheté sur Internet). Les pics sont
consécutifs aux campagnes de publicité (affichage dans le métro et presse). En
cas de débordement, si le temps d'attente risque d'être long, un message de
dissuasion est diffusé, invitant les candidats au voyage à renouveler leur
appel. Le service clients est ouvert de 9 h à 19 h, 6 jours par semaine. Situé
dans le IIIème arrondissement de Paris, le plateau compte 26 positions et
emploie 20 personnes en basse saison. Avant le début de la prochaine haute
saison (début avril à fin juillet), les plages d'ouverture seront étendues 24
heures/24 et 7 jours/7 (notamment en raison des connexions Web) et sept postes
seront créés. En outre, chaque été, des agents saisonniers sont employés. L'été
dernier, 37 personnes ont travaillé sur le plateau.
ANYWAY RECRUTE DES PROFESSIONNELS DU VOYAGE
« Il est compliqué de recruter,
constate Olivier Kervella. Nous recherchons des agents qui possèdent déjà une
expérience dans des centres d'appels. Or, dans le secteur du voyage, la vente
par téléphone est récente en B to C. Le vivier d'agents expérimentés est donc
numériquement faible. Nous embauchons des agents de voyages chez qui nous
pressentons une prédisposition à la vente par téléphone. Régulièrement, nous
nous trompons. Un agent peut être bon dans une relation en vis-à-vis et piètre
vendeur à distance. » Pour recruter, Anyway utilise toutes les possibilités
existantes : annonces dans la presse professionnelle du voyage, via la branche
spécialisée de l'ANPE et avec l'aide de sociétés de travail temporaire,
notamment Manpower Voyage. « Nous avons embauché des professionnels du
téléphone pour des postes d'animateurs du plateau, relate Olivier Kervella.
Mais le métier d'agent de voyages est très technique. En conséquence, ces
animateurs ne parvenaient pas à prendre l'ascendant sur les professionnels du
voyage. Ces recrutements se sont révélés être des échecs. » L'efficacité exige
des compétences techniques. Elle est examinée en trois points : connaissance du
métier et de ses outils ; capacité de dialogue ; transformation de la vente. «
Si nous trouvons des personnes compétentes pour satisfaire les deux premiers
points, le troisième exige des qualités plus rares, ajoute Olivier Kervella. Il
n'est possible de le mesurer qu'au terme d'une saison. Nous regardons le
chiffre d'affaires réalisé et le niveau d'après-vente. Pour transformer l'appel
d'un client potentiel en achat, l'agent de voyages effectue d'abord un travail
de marketing : il cherche le produit le plus en adéquation avec les souhaits de
l'appelant. Puis il essaie de le convaincre que sa proposition est optimale. »
Les voyages sont souvent des formules comprenant vol + hôtel + location de
voiture. Devant la complexité des systèmes et des produits commercialisés,
Anyway a choisi d'internaliser. « Nous ne pourrions pas sous-traiter la vente.
Car ce travail exige trois à quatre ans d'expérience, en raison notamment de la
complexité du GDS, outil créé il y a 20 ans, qui nécessite la maîtrise de
codifications. Le système devrait se simplifier, en particulier les interfaces
qui deviendront graphiques. Cependant, lorsque notre service sera ouvert 24
heures sur 24, nous envisagerons d'externaliser la partie assistance du client
sur Internet. » Les téléconseillers suivent une formation spécifique à la
relation client à distance, délivrée par la société SDTE. Elle comprend la
gestion des conflits, les réflexes de qualité et l'argumentaire de vente.
Organisée en interne, une formation continue concerne les outils informatiques
et les produits de voyages. De plus, deux animateurs de plateau commentent les
performances des téléopérateurs et amènent chacun d'entre eux à progresser.
Trois incentives complètent le salaire de base
« Un agent, chez Anyway, est comparable à un entrepreneur individuel », considère Olivier Kervella. En effet, sa rémunération comprend le salaire de base (7 500 francs brut) plus trois incentives basées sur le volume, les objectifs personnel et collectif. Les objectifs sont négociés. Les agents peuvent consulter un tableau indiquant où en est chacun. Avec les primes collectives, tous ont intérêt à ce chacun atteigne son objectif. Le salaire moyen tourne autour de 10 à 11 000 francs et peut atteindre 12 000 francs brut par mois. « C'est plus que ce que touche le personnel en agence », affirme Olivier Kervella.
Le choix d'un numéro unique
Un Numéro Indigo unique permet de joindre le plateau d'Anyway. « Nous avons essayé une formule avec plusieurs numéros, dédiés aux appels renouvelés par les clients, explique Olivier Kervella. Cette solution s'est révélée trop compliquée à communiquer vers le public. » Un taux de transformation des appels en vente ne permettant pas de financer un Numéro Vert a justifié en son temps le choix d'un Indigo. « Nous réétudions cependant la question, révèle Olivier Kervella. En effet, d'une part les appels liés au Web concernent des prospects très avancés ou des clients. Ils augmentent donc le taux de transformation. D'autre part, nous étudions les offres des opérateurs alternatifs. Enfin, l'ouverture prochaine de nouveaux locaux dans le même quartier complexifie notre problématique téléphone et informatique. Nous réfléchissons à des liaisons plus rapides d'accès aux bases des tour- opérateurs. » Revendeur de leurs produits, Anyway dispose d'accès on line à leurs "stocks", d'où la mise en place de liaisons spéciales.