[#NRF2018] "J'ai hâte de tester un nouvel e-commerce capable de séduire la génération Snapchat", Catherine Barba
Catherine Barba, fondatrice et CEO de Peps Lab Innovation in retail et fondatrice de WinforumNY, revient sur les tendances du retail en provenance des États-Unis à la veille du Retail's Big Show de New York.
Qu'attendez-vous cette année du Retail's Big Show?
Plus que jamais, j'aimerais voir se transformer les espaces de commerce, qu'ils soient physiques ou numériques, en des lieux d'écoute du client, d'échange, de vie. Du coup j'attends de découvrir cette année de nouveaux possibles pour le retail, notamment:
- des technologies intelligentes, apprenantes, capables de délivrer aux clients des propositions et messages parfaitement personnalisés, sur mesure, et dans le ton de la conversation, comme avec un proche;
- des solutions retail tech qui simplifient radicalement l'expérience d'achat, ou qui permettent enfin d'avoir une vue client unique, réconciliant online et magasins;
- de nouvelles marques direct to consumer capables de devenir iconiques, parce qu'elles ont des produits uniques, un ton inimitable, une véritable obsession du client, une culture de la data, un activisme sur les media sociaux...;
- ou encore des exemples de magasins et de centres commerciaux modernisés ayant teste des expériences sensorielles, immersives, ludiques ou pédagogiques inédites.
- Quelles sont les grandes tendances que vous percevez dans le retail?
J'attends avec impatience la nouvelle génération de sites e-commerce, qui n'auront rien à voir avec ceux d'aujourd'hui. Les architectures e-commerce à base de fiches produits et de tunnel d'achat -ces catalogues tristement lisses et sans émotion- ont fait leur temps! J'ai hâte de tester un nouvel e-commerce capable de séduire la génération Snapchat, qui sera, j'imagine, très conversationnel, social, divertissant et en video live, comme ce qu'est en train de construire Popshop Live aux États-Unis.
Il y a une autre tendance que j'observe ici, dans le retail comme dans tous les secteurs, qui est cette nouvelle vague d'entrepreneurs 'humanistes' pour qui la performance, l'innovation, la création de valeur seront autant de leviers au service du bien commun -les américains parlent de 'business with purpose'. Je crois en effet que nous aspirons tous aujourd'hui à vivre l'économie autrement, à avoir un nouveau rapport au travail où il est possible de vivre en cohérence avec ses valeurs, l'autonomie, le lien humain, l'utilité sociale... Cette quête de sens et d'équilibre signe notre époque.
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- Vous organisez un événement, "la NRFrench Party", le dimanche 14 janvier, réunissant près de 250 retailers au Consulat de France à New York, quelles sont les ambitions de cette soirée?
C'est l'occasion unique de rassembler la délégation française, qui assiste en masse au salon NRF. On aura le privilège d'être accueillis par notre consule Anne-Claire Legendre, qui est très impliquée sur les sujets d'innovation, et d'écouter les prédictions de Pano Anthos, président de l'accélérateur retail de New York XRC Labs sur les tendances retail 2018. Je suis impatiente aussi d'assister à l'échange qui s'annonce exceptionnel entre Regis Schulz, CEO de Monoprix, et Laurent Desegur, qui dirige le Lab Innovation de Walmart (un Français, il faut le souligner!) sur les différences France-États-Unis en matière de transformation numérique du retail, de connaissance client, d'investissements dans l'IA... le tout modéré par Paul Strachman, VC expert de ces sujets. Du contenu donc, mais aussi du partage autour de notre sélection de 16 start-up françaises et américaines à découvrir sans faute et bien sur la fête, avec le concours 'Devialet blind test', qui nous fera danser jusqu'à minuit!
- Vous avez reçu l'insigne de la Légion d'honneur en décembre qui souligne votre engagement auprès de l'écosystème digital français, comment recevez-vous cette distinction?
C'est une distinction qui m'honore, m'oblige et m'engage. Je vais continuer à mettre mon énergie au service de la transformation numérique de nos entreprises traditionnelles, du développement de l'esprit d'entreprendre en France, et bien sûr des femmes et de la mixité.
- Quelle est votre vision de l'écosystème digital français?
Il est extrêmement dynamique! Et les entrepreneurs français ont plus que jamais une carte à jouer pour faire rayonner la France aux États-Unis. Cette génération d'entreprenants m'enthousiasme car ils ne cessent d'interroger ma propre capacité à regarder le monde autrement, à oser m'en saisir à pleines mains pour le transformer. Innover et croire en l'avenir, c'est contagieux.
- Quels sont vos projets en 2018?
Vous me connaissez, j'en ai des tas! Côté innovation et retail, je vais notamment participer à un nouveau fonds d'investissement basé à New-York, destiné à financer les startups retail tech qui fixent un nouveau cap pour le commerce: outils et services pour les marques et retailers, marques direct to consumer, plateformes et nouveaux modèles de distribution. Leur point commun: obsession du client et excellence de l'exécution. Et le 21 mai prochain, j'organiserai à New York la troisième édition du Women in Innovation Forum NY, encouragée par le succès rencontré en 2016 et 2017 auprès d'un public américain (pourtant largement abreuvé de summits, symposiums et autres conférences sur les femmes). Cette année j'ai une nouvelle ambition pour ce forum: nous irons au-delà du seul sujet des femmes, parce qu'il ne s'agit pas de créer un girls' club ou de nouveaux silos, et qu'au fond le véritable enjeu est bien la mixité, la diversité, l'ouverture à ce qui n'est pas soi. C'est de l'intelligence collective et de la collaboration que jaillit l'innovation au service du bien commun.
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