Une alternative : les solutions PCBX
Parallèlement aux offreurs de solutions globales (matériel et logiciels),
d'autres prestataires proposent aux PME des systèmes uniquement logiciels qui
s'interconnectent aux autocommutateurs du marché. Vocalcom se présente ainsi
comme « le plus ancien éditeur de solutions PCBX français », si l'on en croit
la formule de David Magidas, directeur France. Viser le segment des PME est
naturel pour cet éditeur de la suite Hermès Pro. « C'est là que réside notre
développement commercial. D'autant qu'une partie de l'équipe est issue de cet
univers », ajoute-t-il. Pour lui, ces petites et moyennes entreprises réclament
des solutions prêtes à l'emploi, ce qui serait le cas pour la suite logicielle
de Vocalcom qui, d'après David Magidas, « répond à 90 % des préoccupations des
PME en matière de centre d'appels ». Non seulement ce marché est intéressant
en termes de volume, mais également en matière de développement. Selon
Vocalcom, 75 % de ses clients réalisent une extension du nombre d'agents de
leur call center dès la première année. La solution PCBX de Vocalcom convient à
un centre d'appels de 4 à 250 postes et serait compatible avec tous les
autocommutateurs du marché, dans le cas où un tel matériel existerait déjà chez
le client. En ce qui concerne le coût d'une telle solution logicielle, David
Magidas estime que la suite Hermès Pro revient environ à 20 000 francs par
poste : « A comparer avec les 70 000 francs minimum par agent que coûtent un
PABX avec CTI. » Pour le directeur France de Vocalcom, le PABX n'a pas été
conçu pour les applications de centres d'appels. Il doit servir beaucoup
d'utilisateurs avec peu de lignes, alors que le call center réclame le
contraire : plus de lignes que de postes, pour pouvoir organiser les files
d'attente, utiliser le SVI, etc. De plus, toujours selon David Magidas, les
PABX s'interfaceraient mal avec les réseaux d'entreprise en IP (Internet
Protocol). C'est aussi l'avis de François-Xavier Pons, consultant chez Cesmo :
« Les solutions PCBX avec CTI natif sont très performantes. Mais elles
supportent mal la mise en réseau et un nombre trop important d'appels entrants.
Difficile de faire du débordement sur d'autres centres ou du call center
virtuel avec un PCBX. Mais, pour une PME qui n'a aucun existant, c'est une
alternative intéressante aux systèmes classiques. » Pour mieux servir ce
segment des PME, Vocalcom vend à la fois en direct (cinq commerciaux) et en
indirect. L'éditeur essaie aussi d'accompagner au maximum ses clients PME
facturant des journées de consulting à un tarif moindre que ceux des grands
intégrateurs. « Beaucoup de PME débutent dans le centre d'appels et sont
appelées à faire un certain nombre d'erreurs. A nous de les aider à y remédier
», explique David Magidas.
UNE SOLUTION DÉCLINÉE PAR MÉTIERS
Vocalcom évoque une installation en trois à cinq jours,
idem pour le temps de formation des agents. Le segment PME compte pour les deux
tiers dans le chiffre d'affaires de l'éditeur d'Hermès Pro, qui entend bien
continuer à travailler avec les patrons de PME pour faire évoluer son produit.
« Ce sont eux qui enrichissent nos solutions. Ils nous font faire des choses
surprenantes », s'enthousiasme David Magidas. Autre prestataire en PCBX, MCO a
créé une offre multiplate-forme orientée PME, en version client/serveur ou web.
Ce système intègre à la fois les fonctions de téléphonie et de CRM pour un coût
d'environ 7 000 francs par poste, hors frais de matériel téléphonique. La
solution packagée pour les PME ne nécessite pas d'intégration et se décline par
métiers (santé, logement, collectivités publiques, etc.) grâce à des scripts
prêts à l'emploi. Cette "surcouche métier" fait monter le coût par poste à 10
000 francs. « Ce budget peut augmenter si on doit procéder à une intégration
au système d'information existant ou si l'on doit personnaliser la solution »,
remarque Lionel Pons, P-dg de MCO. Comme ses concurrents équipementiers, Lionel
Pons pense que les PME veulent un interlocuteur unique pour leur centre
d'appels et une solution clés en main. La création de ces scripts par secteur
permet de mutualiser les coûts. La suite logicielle Easy Media convient à un
centre jusqu'à cinquante positions. Quant à Easy CTI, il permet d'effectuer la
passerelle avec les applications CRM (lien natif avec Carthago). L'installation
du système demande deux semaines. La société Girus, client de MCO, travaille
dans l'ingénierie et les services pour l'énergie et l'environnement. Elle est
basée à Vaulx-en-Velin, près de Lyon, et emploie 70 personnes pour un chiffre
d'affaires de 30 millions de francs. Le centre d'appels emploie trois personnes
et s'occupe principalement d'assistance aux clients. Cinq postes sont équipés
du logiciel de MCO qui tourne sur un PABX Alcatel 4200. « Nous avons eu des
contacts avec trois sociétés : MCO, Com 6 et Vocalcom. Les deux autres outils
nous ont semblé plus lourds à installer et pas assez packagés pour une PME »,
estime Bernard Fiaux, directeur général, qui a consacré un budget de 80 000
francs à cette solution de centre d'appels, non sans avoir hésité au moment du
choix car MCO était « nouveau sur ce marché ». « Mais le contact avec Lionel
Pons, le P-dg, a été bon », détaille Bernard Fiaux. Déjà équipé d'un PABX pour
le central téléphonique de son entreprise, le P-dg de Girus avait deux
exigences principales : la souplesse et un budget maximum de 100 000 francs.
LA SAGA DU PCBX
Grâce à ce système, Girus peut faire
monter des fiches issues de sa base de données client à l'écran et disposer
ainsi de l'historique des contacts. Ce centre d'appels peut devenir un avantage
concurrentiel car ce secteur des services en énergie et environnement est très
peu équipé de ce type d'outils de GRC. « Cette installation a eu indéniablement
un impact en termes commerciaux », analyse Bernard Fiaux. Autre prestataire de
PCBX, NetCentrex, dont l'offre "entreprises" est baptisée Saga. Ce PCBX est
formé de plusieurs composants : commutation, serveur vocal interactif, ICR
(intelligent call routing) pour le choix de la file d'attente, ACD pour diriger
l'appel en fonction des compétences des agents ou vers le superviseur, CTI pour
le lien avec les applications CRM. Cette plate-forme intégrée cible les
centres d'appels de 4 à 72 positions. Son coût est d'environ 200 000 francs
pour huit agents, soit 25 000 francs par licence, prix dégressif en fonction du
nombre d'opérateurs équipés. « A partir du moment où l'on dédie des agents au
traitement des contacts clients, on économise au moins deux salaires, ce qui
permet d'amortir le système en un an », note Eric Hassid, directeur marketing.
NetCentrex ne travaille qu'avec les sociétés qui ont mis en place une stratégie
de ser-vice client ou qui l'envisagent. Pour ce système clés en main, le
prestataire doit prévoir deux jours de paramétrage plus une journée pour
installer les postes des agents et une autre pour la formation du superviseur.
Cette solution fonctionne avec « n'importe quel autocommutateur du marché »,
dixit le fournisseur. NetCentrex envisage l'arrivée prochaine de solutions
logicielles hébergées à distance selon le modèle ASP (application service
provider). « Je crois à l'hébergement technique des centres d'appels », affirme
Carine Ziol, product marketing manager. A l'argument qui reproche une moindre
fiabilité à ce système de consultation à distance, dépendant de la bonne marche
du réseau, Carine Ziol répond redondance des serveurs. « En fait, cette
solution est plus sécurisée qu'un PABX ! », affirme-t-elle. Entre les
fabricants de matériel qui lorgnent sur le marché des PME via leurs offres
packagées et les éditeurs de solutions logicielles qui tentent de prendre pied
dans les grands comptes, la lutte s'annonce sévère. Sans doute au bénéfice des
PME qui voient l'éventail de solutions s'élargir.