SMS : un média de marketeur
Le SMS est devenu un média à part entière. Il tend à s'imposer auprès des
services marketing comme un outil plus ou moins performant d'acquisition et de
promotion (entre 5 et 20 % de retours selon les campagnes). A condition,
toutefois, de ne pas l'envisager comme unique canal d'interaction avec ses
prospects ou encore ses clients. Il ne peut jouer en solo. « C'est un élément
d'une large palette d'outils », reconnaît Jean-Philippe Gay, directeur
marketing des services clients d'Orange. Même point de vue du côté de
ScreenTonic, une société de conseil en marketing mobile : « C'est un média qui
n'a pas vocation à être isolé. Il est d'autant plus efficace lorsqu'il est
combiné. » Mais comment expliquer, alors, que les services clients ne l'aient
pas massivement intégré ? Eux qui ont tendance à centraliser l'ensemble des
canaux d'interaction avec les différents publics de l'entreprise. « La question
se présente plus aujourd'hui pour les opérateurs de téléphonie mobile que pour
les entreprises », constate Alexandre Mars, P-dg de PhoneValley, une société de
conseil, elle aussi, en marketing mobile. Les opérateurs comme Orange, par
exemple, utilisent les SMS pour informer sur leurs nouveaux services. « Quand
nous faisons de l'information par SMS, c'est aussi pour nous dans une
perspective de fidélisation », explique Jean-Philippe Gay. Une problématique
bien connue des services clients.
Un degré élevé de personnalisation
« Nous croyons fortement au mariage du centre
d'appels et des SMS. Ils ont un gros potentiel dans des usages de confirmation
de commandes, de rendez-vous, d'annonces, ou encore d'alertes », affirme Benoît
Corbin, Dg de la jeune société Ocito, elle aussi positionnée sur le créneau du
marketing mobile. Pour le cabinet d'études Cesmo Consulting, 12 % des centres
d'appels auraient l'intention d'adopter le SMS à moyen terme. Mais, avant
d'officialiser l'union, il faut réussir les fiançailles. L'exemple de Darty est
éloquent. Le SAV du distributeur d'électroménager blanc et brun aurait testé,
au niveau régional, l'envoi de SMS pour indiquer à ses clients la disponibilité
de leurs produits en point de vente. Malheureusement sans lendemain. Impossible
de connaître les raisons de cette rupture. Raisons techniques, financières ? Il
est vrai que le coût du SMS peut paraître prohibitif. Le prix à l'unité est de
0,15 euro. Les sociétés spécialisées (les "brokers") proposent des tarifs
dégressifs entre 0,7 et 0,13 euro en fonction des volumes. Les entreprises qui
cherchent toujours plus à personnaliser leurs services souhaitent, avant tout,
s'inscrire durablement dans une dynamique de profits. Entre les deux options,
le choix est vite fait. De toutes façons, « ce ne sont pas les responsables de
centres d'appels qui prendront la décision d'adopter les SMS. C'est une vraie
problématique de marketing direct », juge Benoît Corbin. Le SMS permet
néanmoins un degré de personnalisation beaucoup plus élevé. Ce qui peut
facilement l'inscrire, encore une fois, dans des stratégies de gestion de
relation client. « Le SMS est un élément éminemment privé. Les messages que
l'on reçoit sont des messages pour soi », confirme, prosaïquement, le
représentant de ScreenTonic.
Un relationnel limité
A
son actif, entre autres, la campagne SMS à destination des clients du programme
fidélisation des Galeries Lafayette. Les dernières promos, des avantages en
exclusivité, une date d'anniversaire à souhaiter... autant de messages
pertinents à partir du moment où ils sont désirés. Ce que les acteurs du marché
appellent "l'opt-in", l'accord du destinataire. Sans cet accord, point de
salut. La logique relationnelle des SMS atteint alors ses limites. « Nous n'en
abusons pas car ils peuvent être considérés comme intrusifs », explique
Jean-Philippe Gay chez Orange. Au sein de la filiale mobile de France Télécom,
les envois ont été arrêtés à deux SMS par mois et par abonnés. Pourtant, une
fois le consentement du client acquis, nombre de possibilités semblent
offertes. Non seulement parce que, comme l'affirme Didier Kuhn, « on trouve
toujours une façon pertinente d'adresser le client ou le prospect avec ce média
». Mais aussi parce que le destinataire identifié peut-être contacté
immédiatement où qu'il soit. Le message peut - et c'est le but - susciter un
intérêt et, donc, créer de l'interactivité. Avec 38 millions d'utilisateurs fin
2002 (source ART), « le téléphone portable est en permanence allumé »,
remarque, pour sa part, le P-dg de PhoneValley. Des utilisateurs facilement
atteignables car - en apparence - disponibles. Un usage dont les services
clients peuvent, là aussi, tirer parti. Sauf que voilà, le SMS reste limité
dans son contenu. Avec 160 caractères maximum, c'est aux messages et aux
services qu'il véhicule d'être pertinents. Un vrai travail de marketeurs.
Et déjà les messages multimédia...
Les MMS (Messages Multimedia Services) sont les prétendus successeurs des SMS. Ils permettent d'envoyer textes, sons, photos et vidéos. Selon Ericsson : « Il sera possible d'utiliser les MMS comme un service clients utilise le mail avec des images/sons en pièces jointes. » Mais leur démocratisation n'est pas pour demain. Les abonnés mettant, selon les avis, entre 12 et 24 mois pour changer de téléphone portable. De plus, le cabinet d'analystes Datamonitor se veut moins optimiste que les opérateurs télécoms. Il estime le marché à 4,9 Md$ en 2006, alors que le secteur envisage de réaliser de 25 à 30 % de ses revenus grâce aux messages multimédia d'ici 2005.