Recruter, c'est savoir attirer
Pour un peu, on aurait presque envie d'y postuler, à ce poste de
téléopérateur. L'annonce, il est vrai, est alléchante : "Si le tourisme vous
fait rêver, si le contact client vous passionne, si dépasser vos frontières
vous motive, alors venez communiquer votre enthousiasme et votre dynamisme au
sein d'une équipe jeune et tournée vers la satisfaction client". On s'y sent
déjà au Club Med, puisque c'est de cette société qu'il s'agit. On s'imagine
alors, sous quelques cocotiers d'un Eden exotique, à jouer au parfait gentil
organisateur, l'esprit toujours en alerte pour servir quelques blagues potaches
à des touristes heureux. La réalité est, un rien, plus sordide. Ce sera la
Seine-Saint-Denis, Saint-Ouen plus précisément, et le centre d'appels
paneuropéen de ce spécialiste des villages vacances. Autant dire qu'il faut
positiver lorsque l'on réalise une annonce d'offres d'emploi pour les centres
d'appels. Voire même sublimer. Et axer sa communication autour de valeurs comme
le dynamisme ou l'évolution de carrière pour appâter des candidats. « Dans la
relation client, on travaille sur l'humain - c'est ce fameux sourire à distance
-, mais ses structures productives, elles, sont les dignes héritières du
taylorisme industriel. Ce n'est pas un hasard si on parle d'unité de
production. Attirer des candidats vers des postes de téléopérateurs ou de
chargés de clientèle tient, dans ce contexte, de la mission quasi impossible »,
explique Jean-Marc Farini, consultant spécialisé en recrutement et en
formation. Le constat est amer. Mais le consultant force le trait à escient : «
Tout dépend, bien sûr, du secteur, de la région et du type de structure. Le
pire pour recruter étant, a priori, d'avoir le statut d'outsourcer avec des
plateaux dédiés à l'émission d'appels en B to C et d'intervenir sur la région
parisienne...»