Que fait Arvato Media Services France avec TPS ?
Depuis la cession du service clients de TPS, les téléconseillers sont dans le flou. « On passe d'une logique de centre de coûts à une logique de centre de profits, rétorque-t-on chez l'outsourcer. Ce qui n'est pas visible pour les collaborateurs. » Mais eux s'estiment en pleine galère
Pas facile d'être téléconseiller de nos jours. Après la reprise du service
clients de TPS par Arvato Media Services France (AMSF) en juillet dernier (voir
Centres d'Appels n° 38, p. 12), les agents naviguent en eaux troubles. « On ne
voit personne, confie Louis Turenne, un téléconseiller, transfuge de TPS. C'est
la débandade, il n'y a pas d'organisation. » Des inquiétudes que feint
d'ignorer l'outsourcer. « Cela ne reflète pas la réalité », résume Frédéric
Fournier, responsable du département ressources humaines chez AMSF. L'un des
rares responsables à être présents sur le site de Malakoff. « Nous tenons à
assurer une transition correcte pour les salariés. Nous prenons le temps
d'analyser en profondeur », poursuit-il, sans entrer dans les détails
concernant l'organisation, le management ou encore les chiffres de production.
Bref, une "réalité" qui a du mal à se "refléter". L'outsour- cer s'estimant en
ordre de marche. « TPS nous a demandé de remonter le taux de qualité à 80 %.
Depuis la mi-septembre, nous sommes parfaitement dans les clous », indique
Philippe Clogenson, directeur du développement d'Arvato Services. Du côté du
donneur d'ordres, le « recul n'est pas assez suffisant » pour se prononcer sur
la prestation d'AMSF.
Une installation en région parisienne voulue depuis des mois
« Je suis peut-être parano, mais j'ai l'impression
qu'ils le font exprès. Ils jouent sur la démotivation pour épurer », s'indigne
le téléconseiller. En trois mois, sur un effectif de départ de 300 personnes,
26 agents auraient quitté les plates-formes, dont la majorité en démissionnant.
« Notre turn-over est moins important que celui de TPS à son époque », rétorque
le responsable RH. Toutefois, les tentatives pour revenir sur les engagements
négociés lors de la cession d'activité vont bon train. Notamment sur la
promesse de ne pas modifier les contrats de travail. En octobre dernier, les
conseillers de fidélisation ont même engagé un arrêt de travail d'une
demi-journée pour une remise en question des primes sur appels sortants.
C'est-à-dire du rattrapage clients. L'outsourcer en venant petit à petit à
réduire le nombre d'appels en émission dévolus à chaque collaborateur. Une
ambiance des plus troublées donc. « C'est un véritable brûlot social. A la
place de Bertelsmann, je n'y serai jamais allé », confie un concurrent de la
place parisienne. Oui, mais voilà, la reprise du centre de relation clients de
TPS constitue pour l'outsourcer un véritable point d'ancrage en région
parisienne. Depuis des mois, voire des années, il cherche à se doter d'une
"vitrine". « Ce que racontent les autres ne me concerne pas », répond le
directeur du développement. Et ce que racontent les salariés ?