Pour une relation donneurs d'ordres-fournisseurs socialement responsable
Il arrive parfois que l'originalité vienne se nicher dans des accords
secondaires. Ainsi, celui relatif à la santé au travail et à la prévention des
risques professionnels dans les télécommunications, signé par la CFDT, recèle
une petite surprise. L'article 4, qui traite du recours à la sous-traitance et
à l'intérim, pourrait se révéler être une piste de réflexion pour l'avenir. En
prônant un comportement socialement responsable des donneurs d'ordres, il
investit le champ, désormais très à la mode, de la moralité - ou de la
déontologie - des entreprises. C'est ainsi qu'est rappelé “le recours
structurel ou conjoncturel à la sous-traitance n'a pas pour motif de transférer
la responsabilité sociale en matière de conditions de travail, notamment pour
les activités à risque. [Le présent accord] recommande aux entreprises qui
recourent à la sous-traitance, de privilégier dans leurs appels d'offres les
prestataires offrant des garanties de respect des textes en vigueur, notamment
en termes de sécurité. “On pourrait bien sûr considérer cet article comme un
vœu pieux. Mais il indique une piste que les partenaires sociaux ont sans doute
intérêt à creuser s'ils veulent encadrer la sous-traitance. Cette idée est
chère à Nicole Notat, ancienne secrétaire générale de la CFDT, partie créer une
agence de notation sociale, Vigeo. Autre initiative, celle du syndicat Connect
Royaume-Uni qui a signé un accord - vraisemblablement une première mondiale -
avec le géant des télécoms BT dans le but de réglementer la délocalisation, à
l'échelle mondiale, des emplois dans les centres d'appels ainsi que ceux de
l'industrie de fabrication des logiciels. L'accord prévoit que les parties
s'entendront sur les mouvements de délocalisation.
L'engagement BT - Connect
Par ailleurs, l'employeur s'engage à n'effectuer
aucun licenciement du fait d'une délocalisation mondiale, et garantit une
protection de carrière aux adhérents de Connect. BT s'astreint également à se
comporter de manière socialement responsable envers ses employés et ses
partenaires commerciaux dans les pays en voie de développement. Dernière
piste, celle du syndicat UNI (Union Network International) qui regroupe, au
niveau mondial, les fédérations des services. Cette organisation tente, à
l'heure actuelle, d'élaborer, en partenariat avec le syndicat européen des
employeurs, l'ETNO, une charte européenne des droits sociaux des salariés des
centres d'appels. “Un accord sur des normes fondamentales est aujourd'hui
nécessaire au moins au niveau européen et particulièrement dans le cadre de
l'élargissement”, fait valoir une pétition de la CFDT.