Notre matière première, ce sont les hommes
Quelle est la vocation du centre d'appels de Cofinoga ?
Roger Lei. - Son champ de compétence est très étendu. Nous y
traitons en fait la totalité des opérations qu'une structure de ce type est
susceptible d'aborder. Cofinoga travaille avec un réseau de 150 entreprises. Le
centre d'appels de Mérignac a pour vocation de gérer à distance les
relations-clientèle de l'ensemble de ces partenaires, ainsi que les nôtres
propres. Depuis les opérations de création de trafic jusqu'à la base de
données, en passant par les opérations de fidélisation, les abonnements, les
clubs... En fait, nous traitons tout ce qui entre dans les habitudes de
consommation des ménages. C'est pourquoi, d'ailleurs, nous préférons parler de
centre de gestion de la relation-clientèle que de centre d'appels.
Gérer les relations-clientèle pour le compte de 150 entreprises, cela induit une importante force de production...
Nous comptons en
tout plus de 4 millions de clients. Le centre fait travailler 1 800 salariés,
dont un millier en relation directe avec les clients. Nous enregistrons environ
1,2 million de contacts par mois. Actuellement, le centre s'étend sur une
surface de 26 000 mètres carrés.
Comment s'agence la répartition des activités ?
Nous avons longtemps travaillé sur la base d'une
organisation par métiers. Aujourd'hui, nous avons fait le choix de la
multicompétence. Le centre abrite des plateaux de 30 à 80 personnes, qui
regroupent eux-mêmes des équipes polyvalentes de 8 à 15 collaborateurs. Chacun
de ces groupes est placé sous l'autorité d'un responsable et d'un coordinateur.
La réunion de plusieurs de ces groupes forme ce que nous appelons une unité de
gestion, véritable micro-société dédiée à un segment de clientèle ou à un
partenaire. Cette approche ne complique-t-elle pas les calculs de
dimensionnement du centre ? Cofinoga fête ses 30 ans cette année. Le centre de
gestion existe quant à lui depuis 1973. Nous pouvons sans doute nous prévaloir
de disposer d'un des centres d'appels français les plus importants en termes de
force de production et de couverture d'activités, et d'avoir acquis une grande
expertise. Notre pilotage en matière de dimensionnement repose sur une longue
expérience, mais aussi sur la maîtrise des outils que nous utilisons, tant au
niveau de l'ACD que du CTI. Le paramétrage des équipes est également le fruit
d'une historisation des relations avec chacun de nos clients. L'objectif du
centre de gestion est de traiter des volumes très importants d'appels tout en
conservant un contact personnalisé avec nos interlocuteurs.
Comment traduisez-vous, concrètement, la notion de service ?
Nous travaillons à 70 % en réception d'appels. L'émission relève
d'opérations classiques de télémarketing : vente, enquêtes de satisfaction ou
recouvrement, par exemple. Mais il nous arrive de rappeler les clients, suite à
des demandes particulièrement pointues, ou dans le cadre de dossiers complexes.
Cependant, notre objectif est de satisfaire le maximum de contacts en direct.
Ce, quelle que soit la durée des appels, qui reste extrêmement variable, de
1,30 minute à un quart d'heure. Le concept d'unité de gestion que je viens
d'évoquer repose sur la multicompétence. Nous avons recensé une liste de 200
motifs principaux de contacts. Il s'agit pour nous d'apporter un service au
client, autrement dit de traiter sa demande au plus vite. Dans 95 % des cas, la
demande est satisfaite dès le premier contact.
Quelles sont les incidences de cette approche sur votre politique de ressources humaines ?
Elles sont directes. Nous ne pourrions pas délivrer de service
vraiment qualitatif si nous n'étions pas en mesure de fidéliser nos salariés.
En l'occurrence, les chiffres parlent d'eux-mêmes : nous connaissons un turn
over inférieur à 2 %, alors que des taux de 30 à 40 % sont loin de faire
exception dans ce secteur. Nous considérons que la matière première d'un centre
de gestion, ce sont les hommes, autour desquels nous investissons beaucoup.
De quelle manière ?
Nos axes d'investissement sont
divers et complémentaires. Nous avons créé ici, à Mérignac, notre propre pôle
de formation, l'Université de la gestion à distance qui décline toutes les
activités susceptibles d'être développées chez Cofinoga. Le fonctionnement de
cette université est inclus dans le périmètre de nos activités certifiées Iso
9002. Pour nous, un centre d'appels est générateur de véritables métiers, qui
méritent et nécessitent l'instauration de cycles de formation, à l'instar de
toute autre profession.
Les entreprises disposant d'un centre d'appels seraient de plus en plus nombreuses à rencontrer des difficultés dans le recrutement ? Est-ce votre cas ?
Le centre de gestion de
Cofinoga est le premier employeur de la région bordelaise dans le domaine des
services. Nous recrutons 150 personnes par an. Nous recevons beaucoup de
candidatures spontanées. Il nous arrive également d'avoir recours aux petites
annonces et, plus rarement, à des cabinets spécialisés. L'instauration de
notre pôle de formation nous permet de nous attacher, dans le recrutement
initial, à des critères d'ordre relationnel : aptitude à travailler en équipe,
confort dans la relation à distance, aisance au téléphone... A partir de là,
nous recherchons des personnes à des niveaux de compétence et de formation très
larges. Une fois recrutés, nos collaborateurs reçoivent une formation initiale,
de quatre mois, par exemple, pour les attachés de clientèle. La formation
s'inscrit dans un processus d'intégration à l'entreprise et à la culture
d'entreprise. Nous consacrons au moins 5 jours par personne et par an à la
formation, ce qui représente 45 000 heures et un budget de 8 millions de
francs. Nous travaillons bien sûr parfois avec des étudiants. Mais uniquement
dans le cadre d'actions en one shot, très ponctuelles. La population
estudiantine représente en fait moins de 0,5 % de nos effectifs.
Que pourrait vous apporter la création d'une convention collective propre aux professions du téléphone ?
Rien. Nous sommes régis par
la convention collective des professions financières. En revanche, nous
regardons de très près tout ce qui peut aller dans le sens d'une amélioration
de la qualité du travail pour nos collaborateurs. Depuis le 1er janvier 1998,
nous appli- quons, dans le cadre de la loi Robien, les 35 heures payées 39. Ce
qui va nous permettre de créer 183 emplois supplémentaires.
Vous arrive-t-il de sous-traiter certaines tâches ?
C'est rare. Le
recours aux sociétés extérieures se limite au cadre d'opérations ponctuelles
liées, par exemple, à des campagnes de communication. Nous pouvons, par
exemple, externaliser une partie du premier niveau de réception, ou encore
confier à une entreprise de télémarketing des actions de télévente. Par
ailleurs, nous sommes en train de mettre en place une offre de service en
sous-traitance à destination d'entreprises désireuses de se doter d'un centre
d'appels, d'une structure de gestion à distance des relations avec leur
clientèle.
N'avez-vous jamais été tentés par une implantation à l'étranger, au Royaume-Uni par exemple ?
Encore une fois, nous
sommes très attachés à l'aspect qualitatif de notre service, ainsi qu'aux
questions relatives aux ressources humaines. Ce qui ne veut pas dire que nous
ne nous intéressons pas aux tendances et aux mouvements du marché à l'échelle
internationale. Nous nous déplaçons beaucoup à l'étranger, nous regardons de
près ce que l'on y fait. Ce que nous constatons, c'est que l'intérêt actuel des
entreprises choisissant de s'implanter en Europe du Nord est essentiellement
lié à des facteurs d'ordre fiscal. J'estime que cela ne suffit pas à justifier
une décision d'exportation des activités. Les centres d'appels constituent une
activité créatrice d'emploi, non-polluante et à forte valeur ajoutée. Pourquoi
ne pas en faire profiter nos régions ?
Pour observer les pratiques à l'extérieur des frontières françaises, quel jugement général portez-vous sur les évolutions de ce métier ?
La dimension technologique
contribue bien sûr à changer en permanence les approches et les savoir-faire.
C'est pourquoi nous sommes à l'affût des progrès techniques et investissons
beaucoup d'argent dans ce domaine. Le développement d'Internet, la percée de la
téléphonie mobile, les progrès importants dans la gestion des bases de
données... tout cela nous intéresse au premier chef. Mais la difficulté
consiste à assembler au mieux ces différentes techniques pour optimiser la
personnalisation des relations-clientèle, tout en étant en mesure de développer
une grande force de production. C'est là qu'est le challenge.
Le groupe Cofinoga
Société financière, filiale à 51 % des Galeries Lafayette, à 44 % de Cetelem et à 5 % de la BNP. Leader français de la carte privative avec plus de 4 millions de porteurs, l'entreprise emploie 2 300 personnes et a réalisé en 1997 un résultat net de 372 millions de francs. Activités : cartes privatives, fidélisation de la clientèle, financement sur le lieu de vente, prestation de services pour le compte de grandes entreprises, produits financiers, produits de loisirs.
Biographie
Roger Lei, 35 ans, diplômé de 3e cycle en commerce international à Sup de Co Marseille, a démarré sa carrière en tant que responsable de zone puis de l'international dans une entreprise d'agro-alimentaire. En 1991, il intègre Cofinoga, à l'international, comme chef de division, manager, sous-directeur puis directeur. Depuis 1995, il occupe chez Cofinoga les fonctions de directeur de la qualité et des études.
L'équipement du centre
Le serveur CTI est équipé de Passageway Telephony Services (Lucent Technologies) et d'un gestionnaire de réseau Novell. Les postes de travail sont équipés de la version cliente de Passageway, de l'interface de téléphonie assistée par ordinateur Sofiphone et du logiciel middleware Sixthsense commercialisés par Lucent. Des applicatifs "maison" pour l'automatisation du courrier et des fax viennent en complément. Les appels sortants sont gérés par le logiciel Centenium d'EIS.