Motivation, comment nourrir la flamme
Comment suscite-t-on au quotidien l'implication de ses troupes ? Ambiance de travail, méthodes de management, politique de rémunération, possibilités de promotion... Tous les leviers pour insuffler le feu sacré aux encadrants et aux téléconseillers.
Vos téléopérateurs sourient-ils au téléphone ? Ont-ils à cœur de remplir
leur mission ? D'atteindre leurs objectifs et faire progresser leur équipe ?
Comment réagissent-ils face à la difficulté ? Une certitude : la motivation ne
se décrète pas. Elle ne s'obtient pas non plus à coups de carotte et de bâton.
« La motivation est le résultat d'une politique de management dont le but est
de faire coïncider les objectifs de l'entreprise et de ceux qui y travaillent
», résume Jean-François Guillot, vice-président directeur général de
Téléperformance France. Quand les deux coïncident, le travail a un sens pour
les salariés. Il peut même devenir un plaisir ! Pour l'opérateur ou le cadre
mobilisé (et heureux de l'être), le sentiment d'effort est faible quel que soit
le niveau d'implication demandé (prospects réticents, clients difficiles ou
surcharge d'appels). En revanche, quand les voix "perdent le sourire", quand
les retards, l'absentéisme et le turn-over deviennent des maux endémiques,
c'est que la démotivation ronge déjà les esprits. Gare à la contagion ! Comment
garder la flamme (et tuer dans l'œuf les signes avant-coureurs d'une baisse de
moral) ? Les managers savent que le sentiment d'appartenance est le premier
socle de l'implication. Or, ce n'est un secret pour personne, un grand nombre
de prestataires de services ont des modes de fonctionnement très hiérarchisés.
Un type d'organisation qui ne favorise guère la communication et le management
participatif. « Nous cherchons à retrouver les conditions d'un centre d'appels
intégré en entreprise », confie Isabelle Escousse, directrice des ressources
humaines de Teletech International. Pourquoi ? D'abord parce que la proximité
avec le métier de l'entreprise est grande. La cellule est intimement intégrée à
l'organisation, ses acteurs perçoivent leur utilité dans le système (toujours
le sens !).
Se situer dans une chaîne
La plupart des
prestataires le disent : la mise en condition idéale d'un équipe dédiée gérée
sur leur plateau passe par une phase d'information approfondie sur le métier,
la stratégie de l'entreprise pour laquelle ils vont travailler. « Dans la
mesure du possible, nous conseillons à nos clients d'ouvrir leurs portes pour
que les opérateurs puissent visualiser la valeur ajoutée de leur mission »,
affirme Jean-François Guillot. Dans le même esprit, Multilignes incite ses
clients à fournir des éléments visuels (affichettes, produits...) pouvant
servir de décor à leur équipe dédiée hébergée dans les locaux de leur
prestataire. « Il faut que le téléopérateur se sente dans l'ambiance du produit
», renchérit Aurélie Tessarech, directeur de clientèle chez Multilignes, qui a
récemment mis en place sur le site de Tolbiac de Multilignes un environnement
"produits laitiers" pour une marque alimentaire. Autre atout de l'organisation
intégrée : elle ouvrirait de plus larges perspectives d'évolution, vers
d'autres fonctions de l'entreprise (marketing, commercial...). « Et puis, les
salariés d'une cellule interne sont en général en CDI et bénéficient de la
convention collective du secteur d'activité de leur entreprise, souvent plus
favorable que celle des prestataires de services », observe Isabelle Escousse.
Ceux-ci ne sont pas pour autant condamnés au minimum syndical. Chez
Multilignes, l'accès aux avantages du comité d'entreprise est ouvert à tous,
quel que soit le nombre d'heures travaillées. « Il est difficile de mesurer
l'impact de cette décision, mais nous pensons que cette large ouverture
contribue à forger un sentiment d'appartenance, particulièrement à l'égard
d'une population d'étudiants », commente Aurélie Tessarech. Le système de
rémunération incite également à s'ancrer chez le prestataire. A partir d'un
cumul de 200 heures jusqu'à un palier de 800 heures, le taux horaire oscille
entre 40 et 50 francs, voire 60 francs (avec primes). Une façon de récompenser
la fidélité. Mais ne nous voilons pas la face, certains problèmes sont
quasiment aussi aigus dans les deux types de structures. Comment faire adhérer
aux buts de l'entreprise ou d'un service (plus de chiffre d'affaires, moins de
clients perdus...) quand le contenu du poste est pauvre ? Comment susciter un
minimum d'intérêt sur un poste extrêmement répétitif, comme de la prise de
commande ? Un processus taylorisé, au sein duquel chaque intervenant n'est
qu'un rouage sans visibilité sur le résultat final de son travail, démotive.
D'où la volonté d'enrichir les postes en diversifiant les opérations. Exemple :
prendre 20 ordres de commandes par heure est vite usant. « On peut réduire ce
ratio à 10 et introduire dans le poste des tâches non téléphoniques », propose
la responsable ressources humaines de Teletech International. Une piste qui
permettrait de gagner en qualité et en productivité... En créant des pôles de
compétence par marché, Europ Assistance a affecté des équipes spécialisées à
ses clients. Ce qui a permis d'améliorer la productivité et la qualité de
service. Mais problème : comment se doter d'une capacité de réaction lors des
pics d'appels tout en évitant la lassitude des chargés d'assistance ? « Nous
avons créé un pôle polyvalent qui accueille à tour de rôle les équipiers
spécialisés à raison environ d'une semaine par mois », explique Carole
Hauchecorne, directeur des ressources humaines et de la communication interne
d'Europ Assistance. Une autre façon d'éviter l'usure des managers (et la baisse
de qualité de leur encadrement) consiste à "faire tourner" chaque jour les
superviseurs sur plusieurs missions.
Animer au quotidien
Ainsi, sur le site Maaf, géré par Téléperformance
France, les cinq encadrants assument, à raison d'un jour par semaine, les
écoutes et briefings, la vérification de la qualité des informations entrées
dans la journée, l'encadrement de la cellule réception d'appels (3,5
personnes). Le management sur le terrain - dont la sacro-sainte discipline -
est exercé, lui, à raison de deux jours par semaine. Au jour le jour, le
manager dispose d'outils qui lui permettent de décliner et suivre ses objectifs
par poste de travail. Ces indicateurs qualitatifs et quantitatifs constituent
autant de repères pour piloter son activité. Motiver et s'automotiver. En
réception d'appels, les indicateurs les plus couramment suivis sont : le nombre
d'appels arrivés, ceux pris et la durée d'attente (taux de qualité de service).
En émission, il peut s'agir du nombre d'entretiens-découverte positifs, de
ventes additionnelles et/ou encore de la qualité des rendez-vous pris en
avant-vente... Certaines entreprises, comme Cofinoga, ont doté leurs managers
de systèmes de pilotage de l'information qui permettent au niveau le plus fin,
de savoir en temps réel où en est chacun des membres de l'équipe dans
l'atteinte de ses objectifs. Cet outil détecte ainsi les dérives et propose des
plans d'action pour rétablir la situation sur le moment. Il indique même des
pistes pour former les chargés de clientèle en difficulté. Mais attention à ne
pas se polariser sur "la technique". « Quand les indicateurs sont dans le
rouge, il est déjà trop tard », estime Valérie Galand, responsable de secteur
chez Cofidis. Qui est très attentive aux signes "larvés" de démotivation comme
le retrait. D'où la nécessité pour le manager de suivre les progressions de ses
collaborateurs, via des écoutes et des entretiens d'évaluation. Puis de les
former régulièrement. « Tous les conseillers suivent une formation de trois
jours par an. Partager des méthodes communes est un facteur de cohésion et
d'efficacité », souligne Valérie Galand. La formation ne porte pas forcément
sur le cœur du métier (détecter un potentiel, vendre, gérer des réclamations au
téléphone...). Tout ce qui peut faciliter le travail, améliorer le confort de
l'opérateur est un facteur d'implication. En prodiguant une formation à la
dactylographie (40 heures + logiciel d'entraînement), Teletech a permis à ses
téléconseillers de se concentrer sur la conversation. Depuis qu'ils ne
s'énervent plus sur les touches de leur clavier, ils sont plus efficaces. Les
cadences sont passées de neuf contacts par heure à douze. Et les adresses
comportent moins d'erreurs. Gagnant-gagnant ! Un système de rémunération, qui
décline individuellement ou par équipe les objectifs à atteindre, permet
d'orienter les efforts dans le sens désiré par l'entreprise. L'introduction
d'une dose de variable fondée sur l'évaluation de critères quantitatifs et
qualitatifs (dont aspects comportementaux) est la formule la plus couramment
utilisée. Chez Taxis Bleus, la prime de qualité de service dépend des
performances mensuelles des opératrices. Celles-ci sont évaluées par leurs
superviseurs sur la base de quinze critères pour les plus chevronnées d'entre
elles et seulement sept pour les "débutantes". Car, sur les plateaux des Taxis
Bleus, l'évolution se fait de façon cumulative. A leur arrivée, les jeunes
femmes commencent par prendre des commandes, puis au second niveau prennent en
charge également les confirmations. Au troisième niveau, les
"aides-disponantes" gèrent en plus des anomalies émanant d'appels clients.
Enfin, "les disponantes" prennent le relais auprès des chauffeurs, dont elles
sont également les interlocutrices en cas de problème. Chacun des critères
(voir encadré p. 51) est noté par une lettre de A (très bon) à E (médiocre),
convertie en pourcentage de 100 % à 0 %. Par exemple, pour le critère 6
(rapidité en prise d'appel), la note C sera attribuée pour une performance de
100 appels par heure (hors heures très calmes pendant la nuit). Pour un
indicateur qualitatif comme l'amabilité, on prendra en compte l'utilisation des
formules de politesse (Monsieur, Madame, SVP, merci, "un instant je vous prie"
à la place du "ne quittez pas"...) et le sourire dans la voix. Certains
critères, comme l'efficacité, sont mixtes : ils associent du quantitatif (temps
moyen de conversation) et des observations réalisées par les superviseurs sur
les plateaux. In fine, une moyenne est calculée sur l'ensemble des critères,
qui indique la position dans une fourchette de 250 à 1 000 francs. « On note
que plus le profil est élevé, plus la prime est importante : les disponantes
perçoivent en général les 1 000 francs », résume Erick Teboul, responsable du
centre d'appels des Taxis Bleus. Une façon de motiver les moins expérimentées à
"grandir" ? « Un bon système de rémunération doit être fondé sur des critères à
la fois opérationnels - qui reflètent bien les objectifs de la mission - et
faciles à comprendre pour les salariés », ajoute Carole Hauchecorne. Exemple :
Taxis Bleus a instauré une prime d'assiduité de 2 000 F par trimestre. Une
absence injustifiée coûte 1 000 francs. Clair, non ? A contrario, les usines à
gaz trop complexes "n'informent" pas les salariés sur ce que l'on attend d'eux.
Leur impact sur la motivation risque fort d'être limité... « Pour chaque
mission, nous définissons des indicateurs de succès, mesurons les performances
par du reporting classique, des études mystères et des enquêtes de satisfaction
client », détaille Jean-François Guillot. Au total, le variable ne dépasse pas
10 %. Car, chez Téléperformance, on préfère faire évoluer un cadre qu'accroître
la part de sa rémunération variable.
Responsabiliser
« La reconnaissance monétaire n'est pas la plus importante, je pense que le
besoin de considération peut être satisfait autrement », renchérit Aurélie
Tessarech. Chez Téléperformance, on met son point d'honneur à associer les
encadrants opérationnels au projet de création d'un centre d'appels et au plan
marketing annuel du centre (analyse quantitative et qualitative du trafic, plan
d'action et conséquences organisationnelles). De la même façon, mieux vaut
responsabiliser ses téléopérateurs plutôt que les "contrôler". Comme ces
superviseurs stakhanovistes qui ne quitteraient leurs chères statistiques que
pour mettre la pression sur les plateaux. « Pour motiver efficacement une
équipe, il faut entretenir une grande proximité qui permet de sentir et
comprendre les comportements », explique Catherine Fanien, directrice des
ventes directes de l'organisme de crédit Abbey National France. La personnalité
du chef d'équipe est vitale : du bon sens - "toujours partir des faits" -, une
grande qualité d'écoute et de communication, de la réactivité constituent les
qualités de base. Au quotidien, la mission principale des responsables consiste
à animer (évaluer, former...) le petit groupe de quatre conseillers sous leur
responsabilité. Mais ils sont aussi censés prendre quelques appels de nouveaux
clients. Ou comment ne pas perdre le contact avec le métier - et les
difficultés - de leurs troupes. Faire participer favorise l'implication. «
J'ai pour règle de faire animer les réunions hebdomadaires par les conseillers
à tour de rôle », raconte Valérie Galand. Quelle façon plus concrète
d'impliquer ? Même politique chez Abbey National, qui organise des points sur
l'activité chaque semaine. Les conseillers sont invités à s'exprimer de façon
très large sur les remontées d'une campagne TV : les profils des appelants
sont-ils intéressants ? Quelles remarques font-ils sur les produits ? L'offre
concurrente est-elle évoquée ? L'intérêt est double : cela permet de faire
remonter des informations capitales pour le marketing et d'impliquer les
conseillers. Mais attention, certains managers pratiquent les réunions "vidages
de sacs" pour apaiser les tensions. Inconséquents ou cyniques, ils se
contentent parfois d'écouter d'une oreille distraite les remarques, sans
modifier leur comportement. De telles attitudes ne trompent personne : très
vite, les subordonnés choisissent le retrait. Sans cohérence, point de
résultat. La motivation est un système. Un minuscule grain de sable peut
immobiliser une belle machine bien huilée. Que penserait un salarié
nouvellement promu à qui son supérieur hiérarchique "oublierait" de dire
bonjour lorsqu'il le croise ? Les petites injustices - une différence de
traitement à l'intérieur d'une équipe - anéantissent les effets de tous les
beaux outils destinés à forger une cohésion. Enfin, mesurer les performances
individuelles est essentiel. Mais bâtir une politique de management sur la
compétition casse tout élan collectif. A la base, « la cohésion naît de la
qualité du recrutement », rappelle Aurélie Tessarech. Pour s'assurer de la
qualité de l'affectation des ressources humaines, Multilignes a mis en place
une base de données qui recense tous les téléacteurs en indiquant les missions
réalisées, les résultats et le type de personnalité (émission ou réception).
Dans ces conditions, chercher à faciliter la vie de ses troupes n'est plus un
crime de lèse-manager : les téléopératrices de Teletech Toucy (Yonne) ont
souvent une double vie. Epouses de vigneron, d'agriculteur, elles participent
activement à la vie de l'exploitation lors des vendanges ou des vêlages. Le
prestataire de services s'arrange, dans la mesure du possible, pour que leur
emploi du temps soit compatible avec leurs obligations. La plupart des
prestataires sont d'accord sur ce point : 100 % de leurs superviseurs et
l'immense majorité de leurs responsables opérationnels sont issus de la base.
Ils connaissent parfaitement les contraintes et difficultés des personnes
qu'ils animent, pour avoir vécu ces mêmes problèmes. C'est vrai..., même si ce
n'est pas toujours une politique délibérée.
Ouvrir de nouveaux horizons
Les métiers des centres d'appels sont encore jeunes et
il n'est pas toujours évident de trouver la perle rare à l'extérieur ! Il
n'empêche, cette situation de croissance a un avantage : permettre à des
éléments à potentiel de grimper rapidement les échelons de la hiérarchie.
Certains en ont fait un système de management. Chez Multilignes, un manager est
pénalisé s'il ne consacre pas assez de temps à la formation. Ou si ses
collaborateurs ne progressent pas au sein (et au-delà) de leur équipe. « Un
responsable, qui atteindrait ses objectifs avec seulement quelques-uns de ses
collaborateurs, ne maintient pas la cohésion dans son équipe », ajoute
Jean-François Guillot. Chez le numéro un français des téléservices, la filière
ascendante la plus courante débute par des postes de téléacteur junior, puis
senior (9 à 6 mois), puis un poste de superviseur (au bout de 6 mois),
responsable d'unité opérationnelle (tailles de sites variables). « Au-delà, le
parcours peut se poursuivre jusqu'à un poste de responsable de centre d'appels
ou des fonctions de développement commercial au siège », ajoute son
vice-président. Les évolutions sont aussi transversales. Un téléopérateur peut
commencer au téléphone, sur des demandes peu complexes, puis prendre
progressivement des appels plus difficiles à traiter. L'évolution se fait en
changeant d'"outil", en passant, par exemple, sur Internet. Et puis, il y a une
vie en dehors du port d'attache d'origine. « Avec certains de nos clients, nous
avons mis en place un système prévisionnel de gestion des carrières sur des
profils spécialisés dont ils auront besoin au moment d'intégrer l'activité dans
leurs locaux », explique Isabelle Escousse. Un appel d'air pour les salariés
concernés...
La motivation par l'émulation
Comment motiver une équipe d'une trentaine de téléopérateurs chargés de prendre des rendez-vous pour 380 commerciaux entreprise de la Maaf (produits auto et risque industriel) ? « Il n'y a pas de recette miracle, il faut réussir à créer un climat convivial et humain, car le téléphone est un métier très dur », avance Nathalie Duret, responsable du site dédié à Maaf Assurances chez Téléperformance France. Il n'empêche, la structure tient une comptabilité très publique des résultats individuels. Avec la bénédiction, semble-t-il, des intéressés. Chaque jour, depuis 20 mois, une grille affiche pour chacun d'entre eux le taux de contacts utiles, le taux de rendez-vous et le taux d'accords - (nombre de rendez-vous divisé par le nombre de contacts utiles) multiplié par 100. « Un téléopérateur prend entre sept et treize rendez-vous par jour, une fourchette qui varie en fonction du degré de saturation de la cible », explique la responsable. Chaque semaine, trois à cinq personnes sont récompensées pour leurs performances. Celles-ci sont évaluées en fonction des critères affichés... et d'autres facteurs gardés secrets parmi lesquels figurent la qualité des rendez-vous décrochés (appréciations des commerciaux), le comportement dans l'équipe, l'absentéisme et les retards. « Au niveau de la semaine, on cherche plus à récompenser des progrès que des exploits », souligne Nathalie Duret. A la fin du mois, toutes les fiches individuelles sont examinées pour désigner le "meilleur" - qui a décroché un VTT en avril - et cinq autres gagnants, gratifiés d'un chèque-cadeau. « L'intérêt d'un système permanent, qui associe des indicateurs quantitatifs et des données comportementales, est de construire dans la durée », souligne Nathalie Duret. Ce qui n'est pas le cas des challenges coup de poing qui récompensent des coups d'éclats parfois préjudiciables à la qualité des rendez-vous pris.
Les Taxis Bleus n'ont plus le blues
« Dans l'ancien système, le superviseur était perçu comme un surveillant qui faisait des écoutes de façon punitive », résume Erick Teboul, responsable du centre d'appels des Taxis Bleus (70 téléopératrices). Un contrôleur qui ne dialoguait avec ses téléopératrices qu'en cas de problème. Ces dernières se plaignaient de n'être ni écoutées, ni épaulées dans leur travail. Et puis, l'égalité de traitement au sein des équipes laissait à désirer. Résultat, les jeunes femmes s'étaient installées dans une position de retrait minimaliste. Le turn-over avoisinait les 30 %. Question : un gendarme peut-il devenir un coach ? Réponse : oui, à condition d'opérer une petite révolution mentale. Le management de proximité s'apprend. Et il commence par des petits gestes simples comme dire bonjour le matin, être présent sur les plateaux ou prendre sa pause avec les opératrices. Ou encore éviter de faire des remontrances individuelles en public. C'est encore informer : sur le contenu concret du poste et sur la vie de l'entreprise (d'où la création du journal interne "Les Taxis Bleus, bonjour"). En pratique, fin 1997, le superviseur s'est familiarisé avec l'animation de réunions et des entretiens individuels. « Lors des évaluations qualitatives qui ont lieu deux fois par mois, le but est de mener une double appréciation des appels enregistrés par la personne intéressée et son manager », déclare Erick Teboul. Symboliquement, les deux personnes sont installées côte à côte et ne sont pas séparées par un bureau. L'occasion aussi de commenter la prime individuelle de qualité de service (de 250 à 1 000 francs par mois), fixée par le responsable sur la base de critères qualitatifs. « Avant, elle était balancée sur la fiche de paie sans la moindre explication », se souvient-il. De quoi laisser le champ libre aux soupçons d'arbitraire !
Cinq conseils pour réussir ses opérations d'incentive
- Privilégier les mécaniques ludiques qui "stimulent" dans la bonne humeur. Exemple : mettre en jeu des billets de loteries ou des places de cinéma. Ou encore : éclater un ballon gonflable quand on a signé ! - Attention à la façon de présenter le challenge. Mieux vaut dire : "Tous ceux qui auront atteint tel niveau d'objectif gagneront la prime" que "Les dix meilleurs l'emporteront", une formule qui incite à la rivalité. - Gare aux effets pervers des incentives trop "durs" (incitation à dépasser des objectifs purement quantitatifs sur une courte période). Ils peuvent déboucher sur de la vente forcée et des rendez-vous commerciaux de piètre qualité. Et dégrader l'ambiance. - Profiter des remises de prix pour créer un petit événement (comme un pot) qui réjouira tout le monde. - Varier les formules - et les dotations - pour ne pas créer d'accoutumance et donc perdre en efficacité. Pour cette raison, prévoir des périodes "sans".
Critères de prime de qualité de service chez Taxis Bleus
1) Ponctualité. 2) Pauses (20 minutes pour 6 heures travaillées). 3) Compréhension et respect des procédures (fiabilité de la prestation). 4) Attitude commerciale. 5) Amabilité en prise d'appel. 6) Rapidité en prise d'appel. 7) Efficacité en prise d'appel. 8) Amabilité en confirmation. 9) Rapidité en confirmation. 10) Efficacité dans le traitement des anomalies en confirmation. 11) Rapidité dans le traitement des anomalies de dispatch. 12) Efficacité dans le traitement des anomalies de dispatch. 13) Autonomie. 14) Rapidité et efficacité dans le traitement des demandes de parole. 15) Relation avec les chauffeurs.