Microsoft, une réorganisation orientée client
Afflux d'appels consécutifs à la sortie de nouveaux produits ou à
l'actualité des salons, réponses aux problèmes techniques que rencontrent
clients particuliers, développeurs, responsables informatiques de grands
comptes, mais aussi questions venant des distributeurs : c'est à cet ensemble
de requêtes hétéroclites que le call center de Microsoft doit faire face. Il
compte actuellement plusieurs numéros d'appels (standard, service client,
accueil technique "utilisateur", accueil technique "premier" et accueil
technique "priority") et emploie au total une cinquantaine de personnes. Le
nombre de postes est légèrement supérieur, ceci afin de pouvoir anticiper tout
accroissement de la demande. Les postes de travail sont spacieux et équipés de
façon indifférenciée. « Cela offre une grande souplesse pour l'adaptation du
besoin en expertise, déclare Philippe Perennez, responsable de l'assistance
technique, du service clients et des systèmes d'information. Les personnes
peuvent changer de fonction sans changer de bureau. » L'accueil technique,
accessible par trois numéros qui correspondent à différents contrats de
maintenance, enregistre les coordonnées de l'utilisateur, dont la saisie fait
apparaître la fiche client.
4 350 Appels par jour
L'appelant donne ensuite la référence du produit, qui est contrôlée. La
garantie simple permet deux appels. Le téléacteur vérifie donc le nombre
d'appels déjà effectués, puis transfère la demande vers l'équipe d'assistance
disposant de l'expertise technique requise. Un CTI permet à la fiche du client
de suivre l'appel lors de son transfert vers l'agent technique. Au-delà de la
garantie, deux contrats de supports sont proposés : contrat "priority" et
contrat "premier". L'accueil technique emploie 21 personnes, dont trois au
niveau "premier", et reçoit 1 800 appels chaque jour, d'une durée moyenne de 2
minutes. Avec un numéro d'accès diffusé dans les publications de Microsoft, le
service clients reçoit 600 appels par jour et emploie 12 personnes. De son
côté, le service partenaires en emploie 10 et reçoit quotidiennement 450
appels, qui durent de 8 à 9 minutes en moyenne. Le plateau comprend également
un accueil général (standard), dont les huit répondants reçoivent 1 500 appels
par jour d'une durée moyenne de 2 minutes environ, reroutés vers le service
technique, le service client ou les "Microsofties" (les salariés de
Microsoft). En fonction de l'actualité, le centre d'appels connaît des pics :
nouveaux produits, communication particulière orchestrée par Microsoft, mais
aussi salons, par exemple. Au moment des fêtes de fin d'année, le nombre
d'appels est plus important tandis que l'été connaît un léger tassement. Le
site reçoit également du courrier et des e-mails. Les services clients,
partenaires et contrat sont ouverts de 9 h à 18 h, 5 jours sur 7 et
l'assistance technique utilisateur de 9 h à 19 h du lundi au vendredi, de 10 h
à 18 h le samedi et les jours fériés. En dehors des heures d'ouverture, les
utilisateurs sont invités à se connecter sur le Web où des informations peuvent
les aider. Un SVI est en projet avec France Télécom. Lorsque le service clients
détecte un potentiel commercial, celui-ci est enregistré et traité ailleurs.
Un projet de "skill matrice"
Microsoft a pour projet la
mise en place de "skill matrice" (matrice de compétence), c'est-à-dire la
segmentation du service clients avec une organisation en audience : clients
particuliers, développeurs, responsables d'achats entreprise, responsables
informatiques, grands comptes, distributeurs, enseignants... La plate-forme ne
comptera plus qu'un numéro d'appel d'ici décembre 1999. A ce numéro unique sera
ajoutée une clé distincte pour chaque audience qui permettra de joindre
directement l'expertise utile. La nouvelle organisation implique des profils
spécifiques pour répondre à chaque interlocuteur, donc une approche
correspondante au domaine du client et non pas aux produits de Microsoft. Les
routages d'appels se feront soit au moyen d'un SVI, soit par un opérateur. «
L'appelant sera orienté vers la personne compétente, explique Philippe
Perennez. Actuellement, un agent du service client a une connaissance complète
de l'offre Microsoft. Il répond quel que soit le demandeur. Bientôt, ce dernier
sera mis en relation avec un spécialiste de l'offre qui correspond à son
besoin. » Les téléacteurs sont des informaticiens recrutés à niveau bac + 2.
Avant de rejoindre leurs postes, ils suivent un cycle de formation sur les
produits, les programmes et services et reçoivent une information générale sur
Microsoft, les procédures et règles de chaque département. Ce cycle dure de
deux à trois semaines selon les équipes. De plus, Microsoft a mis en place un
système de formation continue. Les téléacteurs reçoivent des informations quasi
quotidiennes par écrit, également transmises oralement par les responsables des
équipes qui en vérifient la bonne compréhension. Enfin, pendant les pauses
déjeuner, les téléacteurs peuvent, s'ils le souhaitent, se rendre à des
workshops. Ces ateliers les informent sur les fonctionnalités des nouveautés
qu'ils ont aussi la possibilité d'utiliser. L'objectif est de développer leur
intérêt sur ces produits, leur connaissance et compréhension de Microsoft. Des
sessions obligatoires d'une heure trente sont en outre organisées par les chefs
de programme tous les 15 jours.
Sous-traitance à France Télécom
Le centre d'appels est installé dans l'"Hôtel centre
d'appels" de France Télécom à Bagneux. Auparavant, les différents services
étaient situés dans des lieux distincts et assurés par plusieurs entreprises,
dont Microsoft. « Nous avons eu la volonté de tout regrouper dans un bâtiment
pour que l'information soit unique et plus performante, explique Philippe
Perennez. Cela nous permet aussi de délivrer des formations homogènes, de les
optimiser et de réduire les coûts pour une plus grande qualité du service. »
Microsoft a choisi de collaborer avec un opérateur de télécommunication, en
l'occurrence France Télécom, « afin de suivre les dernières évolutions des
technologies de téléphonie et de communication réseau, précise le responsable
du service clients. De plus, la structure telle qu'elle existe actuellement
permet de contrôler la qualité, la satisfaction du client, et de maîtriser les
coûts. »
Bientôt le Web
Le centre d'appels est équipé d'un PABX Symposium Nortel, géré par France Télécom. Il utilise la technologie TAPI Microsoft, un pop-up développé avec Nortel pour la mise en œuvre du CTI de Clarify, le logiciel de front office de support technique qui permet d'enregistrer et suivre toutes les demandes d'assistance technique. Le logiciel de service clients a été développé en interne. Les opérateurs peuvent accéder au serveur Microsoft qui centralise toute l'information dont les téléacteurs ont besoin : base clients, produits... Microsoft prévoit la mise en place d'un couplage Internet/téléphone dans quelques mois.
Un contrôle indépendant de satisfaction
« L'objectif majeur est la satisfaction du client », déclare Philippe Perennez, responsable de l'assistance technique, du service clients et des systèmes d'information. Un suivi quotidien est réalisé par une société indépendante pour l'ensemble des filiales européennes de Microsoft. Les coordonnées des clients ayant appelé dans la journée lui sont envoyées. Elle en rappelle un échantillon et effectue des interviews. Les questions portent, par exemple, sur le produit, le traitement du problème, le temps d'attente, le délai de prise en charge, les compétences du technicien ou ses capacités à communiquer. Au total, de 18 à 24 questions sont ainsi posées. L'objectif est que 40 % des clients se disent globalement "très satisfaits" et 90 % "satisfaits" ou "très satisfaits". Chacun peut suivre sa propre performance, consulter le détail des données le concernant, y compris les commentaires formulés par les clients, et ainsi chercher à s'améliorer. L'identité des clients reste anonyme, seul le secteur est indiqué. De plus, Microsoft fixe des éléments contribuant à la satisfaction des clients : 90 % des appels doivent être pris en moins de 60 secondes. Les abandons doivent représenter moins de 5 %.