Les télécoms à l'heure des regroupements
L'observatoire international des coûts énergétiques NUS publie la 18ème
édition de son étude annuelle sur le prix des télécommunications dans le monde.
Une analyse qui rend compte de l'état et de l'évolution des prix dans 14 pays
et qui reflète l'accélération du mouvement général de concentration entre les
différents acteurs du marché. Au mois de mai 1999, Olivetti a pris le contrôle
de Telecom Italia, premier fournisseur télécom de la péninsule transalpine. Une
transaction estimée à 438,7 milliards de francs, venue solder une bataille
acharnée au cours de laquelle Deutsche Telekom, quatrième groupe de
télécommunications en Europe, a proposé une fusion avec Telecom Italia.
Proposition rejetée qui a, au passage, ruiné puis brisé les rapports existants
avec France Télécom. En octobre 1999, MCIWorldcom, deuxième fournisseur de
télécommunications longue distance aux Etats-Unis, a renchéri face à l'offre de
Bell South concernant l'acquisition de Sprint Corporation, troisième opérateur
américain sur les longues distances. La transaction, estimée à 776,2 milliards
de francs, est pour l'heure en phase expectative et le dossier est à l'étude
auprès de l'administration de régulation. Mais il est probable, selon NUS, que
MCIWorldcom sera invité à revendre les actifs Internet de Sprint pour être
autorisé à finaliser ce rachat. Mais la prise de contrôle la plus fracassante
de l'année reste sans conteste celle de Mannesmann, premier fournisseur de
téléphonie mobile en Allemagne par Vodafone, son homologue britannique. Montant
de la transaction : 1 336,5 milliards de francs. L'administration européenne a
finalement donné son accord à condition que la nouvelle société offre aux
concurrents un accès équitable à son réseau international à balayage et se
sépare de la division Orange de Mannesmann. Orange qui vient justement d'être
racheté par France Télécom pour 328 milliards de francs. Une acquisition
majeure pour l'opérateur français qui accède ainsi à une position de premier
plan sur le marché britannique, deuxième marché des télécommunications et
Europe. Le problème majeur qui se pose désormais aux principaux acteurs
internationaux du marché reste celui de la taille critique. Deutsche Telekom,
France Télécom et Telefonica ont pris les premières mesures pour réunir les
conditions nécessaires à leur compétitivité. L'Allemand et l'Italien se sont
récemment séparés de certains secteurs d'activités pour se garantir des
liquidités en vue d'acquisitions futures. Deutsche Telekom est entré sur le
marché britannique en achetant One2One, quatrième exploitant britannique de
téléphonie mobile, et sur le marché français en rachetant Siris, second
fournisseur français de services téléphoniques pour les entreprises.
Baisse significative du prix des appels internationaux
France Télécom, de son côté, a récemment pris une participation dans l'allemand
MobilCom AG, troisième exploitant de téléphonie mobile outre-Rhin. « Ces
opérations ne propulseront pas ces sociétés au niveau de Vodapfne/Mannesmann de
MCIWorldcomSprint ou d'autres super-exploitants, mais elles constituent des
actions stratégiques qui vont dans la bonne direction », remarquent les auteurs
du rapport NUS. Mais l'objet majeur du rapport NUS est la comparaison des coûts
des télécommunications dans les 14 pays étudiés. Appels internationaux d'abord.
Dans un grand nombre de pays, on enregistre une baisse, supérieure à 38 % pour
7 pays sur 14 et qui peut atteindre 66 % en Allemagne. Les Etats-Unis font ici
exception, avec une baisse très faible (2,7 %), se classant au quatrième rang
des pays étudiés les plus onéreux. A titre de comparaison, le prix d'un appel
international varie quasiment de 1 à 10 selon les pays et de 1 à 4 pour les
pays de l'Union Européenne. La France figure au 10ème rang des pays les plus
chers pour les appels internationaux avec une baisse de 39 %.A
Appels nationaux : de fortes disparités
Le prix des
appels locaux connaît une tendance à la hausse, à l'exception de l'Australie et
de la Suède. Une hausse qui peut être importante comme c'est le cas en
Allemagne, où les consommateurs ont enregistré une augmentation de 17,7 % alors
qu'ils avaient bénéficié en 1998-99 d'une baisse de 36 %. De manière générale,
les écarts de prix sont considérables puisqu'ils vont d'un appel gratuit au
Canada à environ 92 centimes en Australie. Dans la plupart des pays, le prix
des appels nationaux connaît une baisse sensible, notamment en Italie où elle
dépasse les 42 %. Les Etats-Unis faisant exception avec une hausse de 2,9 %.
mais on note également ici de fortes disparités entre des pays comme l'Afrique
du Sud (4 francs) et le Danemark (72 centimes).
Evolutions récentes en France : internationalisation et baisse des prix
Selon NUS, il existe en France environ 35 sociétés offrant des services de télécommunications. Mais, malgré l'arrivée de la concurrence et l'assise qu'ont trouvée aujourd'hui certains compétiteurs, France Télécom traite toujours 99 % des appels locaux et plus de 80 % des appels nationaux et internationaux passés en France. Cette domination s'explique entre autres par le fait que l'opérateur historique propose un service complet : communications vocales, données, Internet. Alors que la plupart des concurrents, s'ils sont en train de construire des offres élargies, ne proposent pour l'heure que des services restreints. La dimension internationale est également au coeur des préoccupations des opérateurs. Alors que les sociétés de télécommunications les plus importantes deviennent des fournisseurs de services internationaux complets, France Télécom est en quête d'axes d'expansion. Après avoir racheté près de 30 % de Mobilcom en Allemagne, l'opérateur vient de racheter le britannique Orange pour la bagatelle de 328 milliards de francs. Pour ce qui est des petits opérateurs, tout porte à croire, selon NUS, qu'ils vont continuer à oeuvrer en faveur de l'instauration de meilleurs prix.