Les centres de repli à la rescousse
Quand on ne peut pas remettre le centre en marche, une seule solution : utiliser un centre de repli. Pour qu'il puisse devenir opérationnel en quelques heures, il faut prévoir à l'avance la configuration de ses logiciels et le transfert des sauvegardes.
La société Sogeris gère un centre d'appels de secours situé à Montrouge
(Hauts-de-Seine) avec une capacité pouvant aller jusqu'à 330 personnes. Pour
pouvoir assurer une substitution quasi immédiate à une plate-forme en panne, ce
centre de secours possède les copies des outils informatiques du client, qui
seront chargées sur ses ordinateurs le jour venu. Il dispose aussi du
paramétrage des autocommutateurs et des ACD, avec les mêmes numéros et les
mêmes fonctions. Si l'autocommutateur du client est sensiblement différent de
celui utilisé par le centre de secours, une interface particulière sera créée
permettant d'émuler, par exemple, du Lucent sur un PABX Nortel. Pour
fonctionner, le centre de secours doit disposer de la base de connaissances du
centre d'appels d'origine. Cela peut être assuré de deux façons. Soit on fait
transférer les sauvegardes au moment de la panne, ou encore, lorsqu'il s'agit
des activités critiques pour l'entreprise, on effectue de façon permanente, par
Internet ou bien grâce au réseau Numéris, une copie en temps réel des disques
durs du serveur du centre d'origine sur les disques durs du centre de secours.
Ainsi équipé, le centre de secours peut aussi servir d'unité de débordement en
cas de surcharge du centre d'appels du client. « Le débordement, c'est aussi
une forme de sinistre et nous le traitons comme tel », remarque Loïc de
Montgolfier, directeur général de Sogeris. La plate-forme de Sogeris compte une
quinzaine de clients pour la partie centre d'appels. Aucun n'a encore eu à
subir un sinistre réel. Ce qui ne les empêche pas de prendre la question au
sérieux et de s'appliquer à maintenir un haut niveau de préparation pour parer
à toute éventualité. Comme Norwich Union qui en a fait sa priorité. « Nous
sommes fortement sensibilisés aux questions de sécurisation des centres
d'appels. Notre premier plan de secours date de 1995 », témoigne Remi Vecina,
directeur des systèmes d'information et réseau chez Norwich Union. L'an
dernier, Norwich a lancé un appel d'offres pour un nouveau site de repli.
Contrat remporté par Sogeris, aussi bien pour le centre d'appels que pour le
site informatique. « Il n'y a pas beaucoup d'offres de repli sur le marché
proposant à la fois de la téléphonie et de la sauvegarde informatique, explique
Remi Vecina. Et, parmi celles-ci, Sogeris a beaucoup investi dans la
téléphonie. Je pense qu'il a aujourd'hui une longueur d'avance sur les autres.
» L'architecture informatique de Norwich est assez complexe. Elle comprend un
ordinateur AS400 en France ainsi qu'un mainframe et un autre AS400 en
Grande-Bretagne, tous connectés par une liaison spécialisée. Une quinzaine de
serveurs micro supportent les applications critiques des statistiques, de la
gestion des campagnes marketing, de la messagerie. En cas de panne, les
fichiers, la base de données SQL et les communications de ces serveurs seront
transférés vers cinq serveurs du même type chez Sogeris.
REDÉMARRER AU BOUT DE DEUX HEURES
Quant à la téléphonie, « nous avons ici une
contrainte forte, celle de reprendre les activités en deux heures en cas
d'incident », commente Remi Vecina. Les 60 postes destinés à la réception
d'appels seront repris dans une configuration dégradée sur 30 postes chez
Sogeris. Externalisés dans une filiale, les 20 postes dédiés à l'émission ne
sont pas concernés. Un prestataire externe effectue des sauvegardes trois fois
par jour vers son site. Chez Norwich, on réfléchit à la création d'une
configuration de sauvegarde en miroir, portant la cadence à un enregistrement
tous les quarts d'heure. Le contrat avec Sogeris prévoit que, en cas de
sinistre, les postes du centre d'appels doivent redémarrer au bout de deux
heures. Pour les postes informatiques, le délai est de quatre heures. Des
engagements qui sont d'autant plus fiables que Norwich procède à des exercices
réguliers de simulation de sinistre. Tous les trois mois, ses services
réalisent un exercice technique de basculement avec la recharge des sauvegardes
sur les postes de Sogeris, le démarrage des systèmes et la connexion aux
serveurs distants en France et en Grande-Bretagne. L'objectif : vérifier que
tous les matériels, logiciels et autres bases de données sur le centre de repli
restent compatibles avec ceux de l'entreprise. Et, une fois par an, c'est le
branle-bas de combat : un exercice de basculement grandeur nature, avec le
déplacement du personnel. Trente téléconseillers et quarante-cinq gestionnaires
de dossiers sont cueillis à la gare de Rueil Malmaison, près du centre d'appels
de Norwich, et transportés par cars affrétés vers le centre de Sogeris à
Montrouge.