Le niveau sonore des plateaux en question
Les risques engendrés par une exposition quotidienne au bruit, ambiant et
dans les casques, des opérateurs de centres de contacts ont été mis en lumière
en 2002 par l'INRS (Institut National de Recherche et de Sécurité). Cette étude
réalisée grâce à une “oreille artificielle” avait révélé que de nombreux
plateaux téléphoniques dépassaient la limite légale de 85 dB (voir aussi
Centres d'Appels n° 41). Une version enrichie de cette étude parue en février
2003 concerne vingt-quatre plateaux téléphoniques de seize entreprises, soit
environ 4 500 employés qui représentent un “échantillon représentatif de
l'ensemble des activités de ce secteur”, selon V. Planeau et D. Robinet, les
deux auteurs. Une moitié de l'échantillon est composée d'outsourceurs
employant 400 opérateurs par centre, la seconde moitié est constituée de
centres plus petits (20 à 80 télé- opérateurs). Dans chaque centre testé, les
deux chercheurs de l'INRS ont étudié le niveau maximum de pression acoustique
délivrée par les casques, le niveau de bruit ambiant moyen et la durée
journalière moyenne passée en communication. Un questionnaire sur le “ressenti”
des opérateurs vis-à-vis de leur exposition au bruit a par ailleurs été adressé
à l'ensemble des salariés en relation avec les clients. Principale source
d'exposition sonore des opérateurs : le micro-casque. Deux indicateurs de
niveau de risque ont été employés par l'INRS : le “niveau d'exposition sonore
quotidienne” (valeur moyenne des niveaux de bruit auxquels est exposé un agent
durant sa journée de travail) et le “niveau de pression acoustique de crête”
(valeur maximale du niveau de bruit instantané reçu durant une journée de
travail).
27 % des opérateurs exposés à plus de 85 dB
Les mesures ont été effectuées avec une oreille artificielle équipée d'un
casque semblable à ceux des opérateurs et branché en dérivation sur le poste
téléphonique de l'agent. Des microphones ont servi à déterminer les niveaux de
bruit ambiant moyen de chaque plateau. Résultat : 73 % des installations
testées sont susceptibles de dépasser le niveau sonore légal de 85 dB. Une des
explications de cette mauvaise performance pourrait être un problème
d'adaptation (impédance) entre combinés téléphoniques et casques. « En effet,
plusieurs installations testées dans l'étude utilisent le même casque avec en
amont des postes téléphoniques différents, et les niveaux sonores maximum
constatés varient considérablement, de 6 à 10 dB », expliquent les auteurs.
Autre facteur relevé : la présence d'amplificateurs supplémentaires, pour les
casques sans fil par exemple. D'après cet institut scientifique, 67 % des
centres d'appels testés doivent diminuer leur bruit ambiant, 27 % des
opérateurs sont exposés quotidiennement à plus de 85 dB et 36 % des agents
ayant répondu au questionnaire “méconnaissent ou sous- estiment le danger pour
l'audition lié à l'utilisation des casques téléphoniques réglés à niveau élevé
pendant la journée de travail”. L'INRS préconise une diminution des niveaux
de réglage du volume sonore des postes téléphoniques et une meilleure
information des salariés sur les risques encourus à cause du bruit. Il
conseille aussi aux acheteurs d'équipements téléphoniques de spécifier dans les
cahiers des charges adressés aux fournisseurs que “leur installation
téléphonique doit être compatible en termes de bruit avec la santé des
opérateurs”. Les auteurs de l'étude restent néanmoins optimistes. Grâce à une
meilleure formation des salariés des centres d'appels, concernant l'évolution
des matériels et de l'implication de la médecine du travail, “la proportion de
personnes exposées au-delà de 85 dB devrait diminuer dans les années à
venir”. P. C