Le SIG : un outil de plus en plus utile aux services clients
Depuis quelques mois, les SIG ou Systèmes d'Information Géographique viennent équiper les centres d'appels. Longtemps réservés aux professionnels de la cartographie et de la topographie, ces outils se sont démocratisés et sont désormais adoptés par tout ceux qui désirent une visualisation géographique de leurs données.
Pour le définir simplement et en quelques mots, le SIG est un outil
informatique permettant de représenter et d'analyser toutes les choses qui
existent sur terre ainsi que tous les événements qui s'y produisent. A ce
titre, il est utile aussi bien aux établissements publics (surtout dans
l'environnement ou l'aménagement du territoire) qu'aux entreprises
industrielles ou commerciales. Par ailleurs, soucieux de promouvoir leurs
produits, les éditeurs de SIG ne manquent pas de rappeler que 85 % des données
de l'entreprise contiennent une donnée géographique (adresse, code postal...).
LES FONCTIONS GÉNÉRALES DU SIG
A la base du SIG, il y a
d'un côté les cartes et de l'autre les données. Les premières sont généralement
fournies par l'éditeur ou par une société tierce. Leur prix varie en fonction
de leur précision (région, départements, zone urbaine...) mais dans tous les
cas, leur acquisition grève sensiblement le budget. Quant aux données, ce sont
celles de l'entreprise (fichier de clients ou de prospects...) qui sont
stockées dans des SGBDR (Systèmes de gestion de base de données relationnelles)
mais aussi celles provenant d'organismes extérieurs comme l'Insee ou Dun &
Bradstreet. Le rôle du SIG va être de mettre en relation les deux types
d'information de façon dynamique et intelligente. Car, outre la visualisation
géographique (les dernières versions des logiciels offrent des visualisation en
3D), le SIG apporte des fonctions de calculs et d'analyse. Parmi les plus
importantes figurent l'analyse de proximité (par exemple le nombre de clients
dans une certaine zone) et l'analyse spatiale (la taille des lotissements).
Pour installer un SIG dans son système d'information, nul besoin de changer
toute son informatique. Au contraire, cet outil s'intègre parfaitement (au dire
des concepteurs) dans la plupart des systèmes informatiques existants et
dispose d'une interface plutôt conviviale. Ce ne fut pas toujours le cas. A
l'origine en effet, les SIG ont été conçus pour des mainframes et leur
utilisation était surtout réservée à quelques professionnels avertis. Mais avec
le développement de la micro-informatique, les éditeurs ont adapté leurs
logiciels au PC ce qui parallèlement leur a permis de conquérir de nouveaux
clients et de nouveaux secteurs d'activité. Aujourd'hui, on trouve des SIG pour
toutes les grandes plates-formes informatiques (Unix, NT, Windows 95/98,
Macintosh, Linux...) et ces outils ont une interface avec la plupart des bases
de données des entreprises (Oracle, Sybase, Informix, SQL Server...). Par
ailleurs, grâce à des accords de partenariat conclus avec les grands éditeurs
du marché, les SIG peuvent exploiter (ou être exploités) par des outils
décisionnels (notamment ceux de Cognos et de Business Objects) ou des ERP (SAP,
JD Edwards...). Pour intégrer un SIG dans un système d'information et a
fortiori dans un centre d'appels, les spécialistes reconnaissent qu'il faut
entre deux et douze mois en fonction de la problématique de l'entreprise (ou du
service concerné) et de la complexité du projet.
UN COÛT DE BASE VARIABLE EN FONCTION DE LA COMPLEXITÉ DU PROJET
Les prix d'un SIG
sont très variables. Ils dépendent du nombre de postes à équiper et de la
plate-forme choisie. Pour la plupart des logiciels, le coût de base n'est pas
extrêmement onéreux, avec une entrée de gamme estimée à quelques milliers de
francs pour une version monoposte. Néanmoins, l'addition peut s'élever assez
vite car outre le prix du "moteur", le client doit acheter les cartes puis
faire paramétrer son logiciel et enfin s'assurer d'une bonne intégration dans
son système d'information. La plupart des éditeurs proposent des prestations de
services pour accompagner la mise en place du logiciel. Certains ont une offre
interne tandis que d'autres travaillent avec les grands intégrateurs du marché
(Cap Gemini, Sema, IGS...). Les gros projets peuvent alors atteindre plusieurs
millions de francs. Néanmoins, Guillaume Beauregard, directeur marketing de la
société Géoconcept, estime que les coûts de mise en service devraient baisser
rapidement, accélérant ainsi l'implantation de ce type d'outil : « Le marché
aujourd'hui est encore freiné par le prix des données et l'hétérogénéité des
systèmes d'information des clients. Mais cela va changer car les tarifs des
cartes sont à la baisse et les entreprises ont une informatique de mieux en
mieux structurée. »
DE LA CARTOGRAPHIE AU GÉOMARKETING...
Simple outil de cartographie numérique dans ses
premières versions, le SIG a peu à peu évolué pour offrir de nombreuses autres
fonctions. Outre ses diverses finalités dans les sphères de l'environnement, de
l'aménagement du territoire et plus récemment des télécoms, ce type d'outil est
devenu la base principale du géomarketing. Utilisé par nombre d'entreprises
commerciales et plus particulièrement celles qui officient dans le secteur de
la distribution, le géomarketing consiste à coupler les données internes de
l'entreprise (par exemple, la base de données clients) avec des données
environnementales. Cette liaison permet de restituer, sous forme de cartes, des
informations (densité de population, localisation des prospects...) souvent
plus pertinentes que de simples colonnes de tableau. Les grands centres
d'appels ont donc compris l'intérêt qu'ils pouvaient tirer de tels outils, eux
qui disposent d'énormes bases de données constamment mises à jour mais encore
trop peu souvent exploitées à des fins d'analyse.
...ET AUX CENTRES D'APPELS
Néanmoins, tous les éditeurs le reconnaissent, l'arrivée
des SIG dans les centres d'appels est un phénomène relativement récent, même si
on peut s'attendre à une très forte croissance « Souvent, les centres d'appels
des entreprises viennent à s'équiper sur les conseils d'autres services qui
utilisent déjà le logiciel. Ou bien, c'est une démarche spécifique qui naît
d'un impératif économique : aller plus vite et mieux gérer la disponibilité des
employés », explique Dominique Lequepeys, chef de produits chez ADDE. C'est
pourquoi, les clients sont surtout localisés chez les utilisateurs
traditionnels des SIG, à savoir les administrations (collectivités
territoriales, ministères...) ou les grandes entreprises privées (banque,
assurance, défense, distribution...) Mais la clientèle tend de plus en plus à
se diversifier avec des demandes émanant des opérateurs de télécommunications,
des PME à clientèle géographiquement dispersée, mais aussi de structures plus
"marginales" comme les compagnies de taxi, les ambulanciers ou les pompiers. «
Cela a beaucoup d'intérêt pour les pompiers car ils peuvent ainsi choisir
immédiatement les casernes qui vont intervenir en fonction de la localisation
du sinistre mais aussi trouver le centre hospitalier le mieux adapté à la
pathologie du blessé », précise Fabrice Phelep, ingénieur avant-vente chez
Esri. Mais l'entreprise privée peut aussi gagner à intégrer un SIG dans son
centre d'appels, comme l'explique Guillaume Beauregard : « Pour les centres
d'appels, il y a une réelle valeur ajoutée à investir dans un SIG. Tout
d'abord, par rapport au client à qui l'on donne un sentiment de proximité en
lui apportant une réponse rapide et très précise. Par ailleurs, grâce au SIG,
l'entreprise va pouvoir améliorer l'affectation de ses ressources (réparateurs,
livreurs...) et ainsi gagner du temps. » Fabrice Phelep partage également cet
avis en soulignant le réel atout commercial du SIG : « En couplant les données
du centre d'appels avec les fonctions d'un SIG, les entreprises vont pouvoir
affiner le profil de leurs clients, déterminer précisément la zone de
chalandise et ainsi établir leur potentiel économique. » Un sentiment partagé
par les acheteurs qui malgré leur extrême discrétion, reconnaissent que le SIG
est une véritable arme stratégique vis-à-vis de la concurrence. Comme la
plupart des outils informatiques, les SIG se déclinent aujourd'hui à la sauce
Internet. Tous les grands éditeurs du marché proposent une version
Internet/Intranet de leur logiciel, ce qui peut apporter de nombreux avantages
pour les centres d'appels avec un accès plus facile à l'information (c'est
également vrai pour le client final) et la réduction du coût de mise en oeuvre
et de maintenance du SIG.
SIG POUR CENTRES D'APPELS : UNE OFFRE LIMITÉE MAIS DE MIEUX EN MIEUX STRUCTURÉE
Si le marché des SIG est
vaste (selon le cabinet d'études Daratech, ce secteur a représenté 845 millions
de $ en 1999), le créneau des centres d'appels reste encore peu exploité. Par
ailleurs, la plupart des éditeurs sont étrangers et ne disposent pas toujours
d'une offre pour la France. Actuellement dans l'Hexagone, on retrouve trois
principaux acteurs (Esri, Geoconcept et ADDE), qui ont vraiment adapté leurs
solutions aux call centers. D'autres éditeurs comme Intergraph, fort bien placé
sur le marché des SIG (il est le numéro deux dans le monde) devraient bientôt
suivre cette voie. Enfin, certains acteurs (Asterop notamment) qui se sont
jusqu'ici concentrés sur une approche très géomarketing, commencent à attaquer
le secteur des centres d'appels. Les offres présentées ci-dessous savent toutes
répondre aux besoins des centres d'appels, même si chaque éditeur se targue
d'avoir le meilleur produit. Parmi les critères de choix, il faut retenir : les
capacités d'intégration avec les bases de données de l'entreprise, le tarif du
logiciel (sans oublier les cartes), le temps et le coût du déploiement et
surtout la compétence de l'éditeur dans le secteur d'activité du futur
acheteur.