La vache folle au bout du fil
A situation de crise, réponse de crise. C'était imparable : le gouvernement
a dû ouvrir une ligne téléphonique spéciale pour répondre aux interrogations
des Français sur l'ESB (encéphalopathie spongiforme bovine). Un service confié,
après compétition, à TéléAction par Euro-RSCG Corporate, en charge de la
communication autour de l'"affaire". « Nous avons dans cette histoire un rôle
d'architecte, de formateur, de concepteur de la base de connaissances »,
précise Corinne Julhiet Détroyat, présidente de TéléAction. La société
spécialisée dans la prestation en ressources humaines pour les services clients
a ainsi été chargée de mettre en place dans des délais très coercitifs un
Numéro Vert "vache folle" pour le grand public, ouvert de 8 h à 22 heures, 7
jours sur 7. Le 15 novembre, une première réunion de travail rassemblait autour
d'une même table Euro-RSCG Corporate, TéléAction et les représentants des trois
ministères concernés par l'affaire de la vache folle (Agriculture, Santé et
Consommation). Le 19 novembre, une vingtaine de téléconseillers répondaient aux
premiers appels émis sur le numéro de la cellule interministérielle.
Trafic moyen de 3 000 appels jour
Entre temps,
TéléAction s'est attelé à recruter et former les équipes. Des profils
volontairement choisis hors la sphère des étudiants en médecine ou des élèves
vétérinaires, « pour ne pas verser dans un discours scientifique et favoriser
une approche de vulgarisation », souligne Corinne Julhiet Détroyat. Mais, dans
un galimatias comme l'affaire de la vache folle, la vulgarisation est loin
d'être aisée. Dès le deuxième jour d'ouverture de la ligne, les téléconseillers
se sont retrouvés submergés par un flux difficilement maîtrisable de 10 000
appels (contre 2 000 la veille). Tout avait été prévu : outre le plateau de
e-contact à Montrouge, ce sont les services d'Intra Call Center à Amiens qui
ont été choisis pour la gestion des débordements. Et si après une semaine de
production, le trafic s'était stabilisé avec une moyenne de 3 000 appels
quotidiens (durée moyenne de contact de 4 minutes et demi), nul ne peut
préjuger du rythme et des mouvements du trafic dans les jours, les semaines,
les mois à venir. Et, de fait, une cinquantaine de téléconseillers ont été et
sont spécialement formés à répondre aux questions du public. Un public composé
à 96 % de particuliers, à 60 % de personnes de plus de 40 ans, à 60 % de femmes
et à 70 % de provinciaux. Lorsque les questions posées s'avèrent trop pointues
ou trop inattendues pour une réponse immédiate, les téléconseillers
s'entremettent aux "experts" de la cellule interministérielle et se proposent
de recontacter l'appelant dans les 24 heures. Un trafic sortant qui représente
quand même entre 5 et 10 % de la production. Au fur et à mesure des
interrogations du public et de leur fréquence, TéléAction alimente la "bible"
du centre d'appels, c'est-à-dire la base de connaissances validée par les
autorités scientifiques compétentes. Mais nul ne doute qu'au sein même des
ministères concernés, les réponses ne relèvent pas toujours de l'évidence :
"Quid du Viandox ? Et les gélifiants ?" Pour TéléAction, qui n'en est pas à sa
première opération de crise, le Numéro Vert spécial ESB représente un budget
d'environ 1 million de francs.