La technologie au service de la réactivité
Quel est le mode de fonctionnement des Taxis Bleus ?
Nous sommes en quelque sorte des intermédiaires entre les clients
et les chauffeurs. Ceux-ci reversent chaque mois un loyer à la société. En
contrepartie, ils utilisent la signalétique Taxis Bleus, notre infrastructure
informatique et le système GPS de localisation par satellite ; ils doivent
également se soumettre à une charte de qualité de service. 2 000 voitures
portent les couleurs des Taxis Bleus, exclusivement en Ile-de-France. Notre
call center constitue l'élément central de cette mise en relation entre les
clients et les véhicules. Nous sommes d'ailleurs catalogués par le code APE
comme opérateur téléphonique privé, ce qui témoigne de l'importance de la
plate-forme téléphonique au sein de l'entreprise.
Comment s'établit la communication entre le centre d'appels et les voitures ?
A
chaque appel client, la commande est enregistrée par saisie de l'opératrice. Le
système détermine l'adresse exacte de prise en charge. Puis, en tenant compte
de l'état de la flotte à instant T, il va choisir le ou les meilleurs véhicules
disponibles ou bientôt disponibles avec les plus faibles temps d'approche.
L'information relative à la course est envoyée au chauffeur par transmission de
données pour être affichée numériquement sur écran dans le véhicule. Le
chauffeur confirme qu'il accepte l'offre de course et qu'il se présentera au
point de chargement dans les délais convenus. S'il refuse l'offre, la course
sera confiée automatiquement à un autre chauffeur. L'opératrice annonce au
client le temps d'approche ainsi que des informations relatives aux détails du
véhicule (marque, couleur). L'ensemble de l'opération nécessite en moyenne,
depuis le décroché de l'opératrice jusqu'au terme de la communication, de
quinze à vingt secondes. Aujourd'hui, notre base de données compte quelque 1,5
million d'adresses associées à un numéro de téléphone.
Qu'est-ce que le système de positionnement GPS apporte à la plate-forme téléphonique ?
Il apporte surtout au client une rapidité et une sécurité de
service. Les véhicules perçoivent des signaux de satellites. Le module calcule
par triangulation les coordonnées géographiques des véhicules. Celles-ci sont
stockées dans la mémoire du matériel embarqué dans la voiture. Le site central
rapatrie la position GPS par le système de radio-communication embarqué. En cas
de position erronée, le système rapatrie la dernière position valide
enregistrée en mémoire. L'ordinateur connaît en temps réel l'état de la
circulation par rue, secteur, zone ou ville. Sur le centre d'appels, il est
ainsi possible d'effectuer un suivi permanent des voitures. Par ailleurs, en
cas d'alarme déclenchée par le chauffeur, un suivi automatique du véhicule est
activé.
Quel est le volume moyen de demandes auxquelles la plate-forme doit répondre ?
Nous recevons de 15 000 à 20 000
appels par jour. Le call center, implanté à Sevran (Seine-Saint-Denis) compte
une centaine de personnes, dont les deux tiers affectées à l'exploitation de la
plate-forme. Une cinquantaine d'opératrices se relaient 24 heures sur 24, sept
jours sur sept. Les commandes proviennent à 75 % du grand public et à 25 % des
abonnés (parmi lesquels on compte aussi des particuliers). Pour ce qui est des
flux d'appels, ils sont relativement imprévisibles. Nous sommes en effet
tributaires d'impondérables (climat, manifestations diverses, grèves des
transports en commun...). Mais, de manière générale, le centre d'appels connaît
deux périodes de pics : de 7 heures à 10 heures et de 16 heures à 20 heures.
Votre objectif est-il de traiter la totalité des appels ?
Note ambition est bien sûr de satisfaire le maximum de demandes.
Mais ça n'est pas toujours possible. En période de pics, une opératrice peut
recevoir plus de 100 demandes par heure. La durée moyenne d'un appel, en cas de
bonne disponibilité du réseau, est de 20 secondes. A certains moments, seule
une minorité d'appels aboutit. Et, en l'occurrence, notre objectif est des plus
clairs. Il ne s'agit pas de répondre à tous les appels, mais de satisfaire au
plus vite les appels que notre centre d'exploitation est raisonnablement en
mesure de traiter. Notre système technologique d'exploitation nous permet une
extrême réactivité. A nous de l'optimiser plutôt que de privilégier le volume.
Par ailleurs, en cas de situation embouteillée, nous traitons en priorité les
demandes des clients abonnés. Mais les commandes ne nous parviennent pas toutes
via le téléphone. La réception des demandes se fait également par Minitel ou
par le "Fil Bleu", un système de commande automatique réservé à notre clientèle
d'abonnés.
Disposez-vous d'un serveur vocal interactif, afin d'optimiser le service en période de débordement ?
Nous serons
équipés d'un SVI avant la fin de l'année 1998. Cet outil sera plutôt exploité
en contexte d'appels d'entreprises. Les études que nous avons pu mener montrent
en effet que, pour ce qui est des particuliers, seuls 16 % de nos clients se
disent a priori favorables à l'utilisation d'un SVI. La grande majorité d'entre
eux préfère être mis en contact avec une voix humaine en direct. La commande
d'un taxi, dans l'esprit du public, est un acte rapide. La présence d'un
serveur est plutôt ressentie comme un frein. Néanmoins, en période de pics
d'appels, le serveur vocal interactif peut être appréciable, même pour le grand
public à condition toutefois que le décroché soit toujours le fait d'un
opérateur. Plutôt que de faire attendre le client un certain temps pour, au
final, lui donner une réponse négative, autant l'orienter rapidement vers une
boîte vocale qui délivre des messages de temps à autres et signale la durée
d'attente à prévoir. Pour les entreprises en revanche, notamment pour les
sociétés abonnées, le SVI ne pose pas de problème en soi.
Quel est le type de fonctions requises sur le centre d'appels ?
Nous avons
défini quatre profils de postes, qui correspondent à quatre niveaux de
responsabilité chez les opératrices : depuis la fonction de base qui se limite
à la prise d'appels jusqu'à la fonction la plus responsabilisée, qui englobe la
prise d'appels, la confirmation, la gestion des anomalies et la liaison vocale
avec les chauffeurs. Les opératrices, quelle que soit l'étendue de leurs
compétences, travaillent dans le cadre d'un contrat à durée indéterminée et 36
heures par semaine. Quant à l'encadrement de proximité, il se décline en quatre
fonctions propres : responsable d'exploitation, superviseur, monitrice, chef de
brigade.
Quelle est votre politique en matière de motivation ?
L'essentiel de notre stratégie en termes de stimulation repose
sur une émulation entre des équipes prédéfinies. Les incentives peuvent se
traduire pour les opératrices par l'octroi de primes : primes à la qualité de
service décidées par le personnel d'encadrement, ou primes trimestrielles à la
présence. Depuis que nous avons institutionnalisé les actions de motivation,
nous constatons un sérieux tassement du taux de turn-over. Nous avons en effet
connu des périodes où le renouvellement du personnel atteignait des taux
avoisinant les 30 % chaque mois. Aujourd'hui, le personnel est très largement
fidélisé.
L'équipement du centre
La plate-forme des Taxis Bleus dispose de 250 lignes téléphoniques, de 30 PC sous Windows 3.11, et d'un serveur Silicon Graphics. Pour faire le lien entre les données voix et data d'une part, et le serveur radio de communication avec les taxis d'autre part, le call center dispose d'un serveur Oracle V7 & P148. Au début de l'automne 1998, le centre d'appels des Taxis Bleus devrait se doter d'un CTI Lucent. Enfin, Les Taxis Bleus utilisent le système GPS de localisation par satellite des véhicules.
Les Taxis Bleus
Créée en 1986, l'entreprise fédère 2 000 chauffeurs taxi radio adhérents en région parisienne, qui transportent 10 millions de passagers par an. Les Taxis Bleus ont réalisé en 1997 un chiffre d'affaires de 35 millions de francs et annoncent un chiffre d'affaires prévisionnel de 38 MF pour 1998.