La Hollande, un autre pays pour les centres d'appels
La Hollande est le pays d'Europe où l'on parle le plus de langues
étrangères. Forts de ce constat, les Pays-Bas veulent attirer sur leur sol les
call centers paneuropéens. « Nous sommes une société très internationalisée,
avec un bon enseignement des langues et un bon système d'éducation en général
», rappelle Willem Thöne, de l'Agence pour l'Investissement Etranger des
Pays-Bas. D'après l'Agence, 73 % de la population néerlandaise parle une langue
étrangère, 44 % en parle deux et 12 % trois. Par ailleurs, le nombre de
locuteurs dont la langue maternelle est autre que le néerlandais est
particulièrement élevé. D'après cette même agence, « 96% des managers de
centres d'appels internationaux choisiraient de nouveau les Pays-Bas s'ils
devaient sélectionner un pays européen ». « Techniquement parlant, mettre en
place un call center est une opération simple. Nous avons décidé de localiser
le nôtre en Hollande pour deux raisons majeures : les capacités linguistiques
et le haut degré d'éducation aux Pays-Bas », explique Peter Schuilenga,
responsable européen du support client de Sun Microsystems, cité par l'Agence
pour l'Investissement Etranger. Il y a aujourd'hui environ 500 call centers aux
Pays-Bas dont une centaine de centres internationaux appartenant à des sociétés
étrangères. D'après une étude de KPMG, 18 000 personnes seront employées par
ces centres d'appels internationaux en 2000. Le secteur des centres d'appels
dans son ensemble représentera 120 000 employés à la même date. Les centres
d'appels basés en Hollande travaillent en appels entrants (support technique,
services aux consommateurs) et sortants (ventes et télémarketing).
Déterminer les taxes par avance
C'est Amsterdam qui
concentre le plus grand nombre de centre d'appels, suivie par Maastricht,
Rotterdam, Utrecht, Arnhem/Nujmegen et La Haye. Les principaux opérateurs de
télécoms sont KPN Telecom, Telfort, Enertel, Worldcom, Versatel et Tritone.
D'après Philips Tarifica et Goldman Sachs, le coût des communications longue
distance aux Pays-Bas était d'un peu plus de 0,21 dollar en février 1999 (1,20
franc) contre 0,35 en Angleterre, 0,42 en France et 0,55 en Allemagne. Le
panier moyen des charges sur les télécommunications calculé par Tarifica en
1997 fait ressortir la Hollande à l'indice 100 contre 95 pour le Royaume-Uni,
117 pour la France, 121 pour la Belgique, 123 pour l'Irlande et 137 pour
l'Allemagne. Le panier est calculé en agrégeant les coûts mensuels des paniers
moyens de trois types de sociétés : les multinationales installées dans la
capitale du pays étudié, les sociétés nationales installées dans la capitale et
les sociétés nationales qui se trouvent dans un centre de province. On
considère qu'une multinationale utilise 2 000 minutes d'appels téléphoniques
par mois et par ligne, alors que l'équivalent pour une compagnie nationale est
de 500 minutes. Du côté de la politique de taxes vis-à-vis des sociétés
étrangères, le ministère des Finances hollandais peut proposer une procédure
qui permet de déterminer par avance le montant des charges. Il s'agit pour le
payeur d'obtenir un certificat sur les conséquences futures d'une transaction
ou d'un investissement. Autrement dit, l'inspecteur confirme que la méthode de
calcul des profits susceptibles d'être taxés sera considérée "à la longueur du
bras" et qu'ainsi, aucune correction ne sera possible durant la période
considérée.
Un climat social détendu
En résumé, cette
pratique permet aux investisseurs étrangers d'avoir la certitude que leur
position vis-à-vis des impôts sera inchangée pendant un certain nombre
d'années. La qualité des employés, des réseaux de télécommunications et les
coûts compétitifs sont d'autres avantages. Pour Lars Nieukerke, directeur du
support technique pour Packard Bell Nec Europe BV, « nous connaissons les coûts
par appel pour nos autres centres d'appels en Europe. Quand vous additionnez
tous les coûts pour fabriquer un appel dans les pays environnants, les Pays-Bas
sont clairement en-dessous de la moyenne ». Par ailleurs, le climat social est
bon aux Pays-Bas : le pays a connu le plus bas niveau de jours perdus pour fait
de grève d'Europe. Or, quand on sait que le coût du travail entre pour 70 % des
coûts totaux des centres d'appels, un climat social harmonieux est un avantage
certain. De plus, la flexibilité n'est pas un vain mot aux Pays-Bas. Les
périodes de travail tardives et les astreintes durant le week-end sont
communes. Plus de la moitié des employés de call centers ont des horaires
flexibles. Enfin, pour les sociétés qui privilégient l'outsourcing, les
sous-traitants sont nombreux : environ un quart des centres d'appels
internationaux sont gérés par des fournisseurs de services extérieurs. Bref, la
Hollande veut se présenter comme un eldorado pour les sociétés européennes
décidées à ouvrir un centre d'appels hors de leurs frontières.
Un marché peu réglementé
Selon les pays européens, la réglementation varie sur ce que l'on peut faire en matière d'appels entrants et sortants. Côté appels entrants, les Pays-Bas ont une règle de base : le téléopérateur doit indiquer clairement le prix de l'appel au consommateur. Pour les appels sortants, la Hollande est l'un des rares pays de la Communauté Européenne dans lequel il n'y a aucune restriction sur les appels sortants de télémarketing, qu'il s'agisse de liaisons interentreprises ou vers les consommateurs. Seuls les appels sortants totalement artificiels (voix informatisée) sont interdits. Si un consommateur veut mettre fin à la conversation, l'appelant doit le faire immédiatement. La transaction conclue par téléphone doit être suivie par une correspondance et doit pouvoir être annulée sous les sept jours au minimum. Les consommateurs ont la possibilité de s'inscrire sur des listes spéciales en précisant qu'ils ne veulent plus recevoir d'appels commerciaux.