L'Oncle Sam sur liste rouge
Un jour à ne - surtout - pas oublier pour le télémar-keting. Le 1er octobre
2003, l'Oncle Sam se met sur liste rouge. Gare à celles et ceux qui ne
respectent pas sa tranquillité. Il leur en coûtera 11 000 dollars pour chaque
appel non désiré. Plus de 28 millions d'Américains se sont déjà inscrits depuis
juillet dernier, date d'ouverture de la liste aux particuliers. L'inscription
est gratuite et valable pendant cinq ans. Elle s'effectue via Internet ou par
téléphone. Mis en place par l'Agence nationale de protection des consommateurs
(Federal Trade Commission), le “Do Not Call Registry” pourrait compter près de
60 millions d'inscrits mi-2004. Il concerne les sociétés de télémar-keting et
celles opèrant des campagnes d'appels sortants pour vendre biens et services.
Cette réglementation portée à la signature du Président Bush, le 11 mars
dernier, complète celle édictée en 1994 (voir encadré ci-dessous). Le “Do Not
Call Registry” permet de “stopper nombre d'appels de télémarketing”, mais “pas
tous”. L'émission d'appels est toujours possible pour les organisations
politiques, les œuvres de bienfai-sance, les compagnies aériennes, de téléphone
longue distance et d'assurances opérant au-delà de la législation d'un Etat
américain.
Des exceptions à la règle
Les campagnes
sont également autorisées dans trois cas précis. Premièrement, les sociétés
peuvent appeler dans les dix-huit mois suivants une relation d'affaires avec un
consommateur. Deuxièmement, un appel est possible trois mois après une
sollicitation ou demande d'information de la part d'un particulier. Enfin, la
liste rouge n'a pas d'effet si ce dernier a donné son accord écrit à la société
pour être contacté. En plus de la liste rouge, les sociétés spécialisées
devront, tous les trois mois, mettre à jour leur liste avec les coordonnées
bannies. Un site leur est dédié à cet effet. Elles doivent également respecter
de nouvelles dispositions qui encadrent le “predictive dialer”, l'automate
d'émission d'appels. Ainsi, “il s'agit de s'assurer que pas plus de 3 %” des
appels ne sont abandonnés dans la même journée ou lors d'une même campagne. Les
sociétés doivent paramétrer leur outil afin qu'un appel retentisse durant “au
moins quinze secondes”. Soit quatre sonneries avant de se déconnecter. Enfin,
chaque appel doit aboutir sur un télévendeur en moins de deux secondes suite au
décroché. Des dispositions qui en disent long sur les pratiques du
télémarketing d'outre-Atlantique.
Impacts financiers difficiles à mesurer
Selon La Tribune, la profession intenterait des actions en
justice pour contrer le dispositif. Il faut dire que le secteur semble
sérieusement menacé par le “Do Not Call Registry”. « Cette nouvelle
réglemen-tation peut avoir un effet significatif dont il est difficile de
mesurer l'impact », expliquait Daniel Julien, président du conseil de
surveillance, lors de l'annonce en mai dernier des résultats 2002 de SR
Téléperformance. Pour lui, la liste rouge constitue - avec un euro fort, une
croissance mondiale atone et la guerre en Irak - l'un des critères qui « réduit
la visibilité quant à [son] activité 2003 » aux Etats-Unis. L'outsourcer
français n'a pas souhaité répondre à nos questions. A entendre Christophe
Allard, président du directoire, tout ne serait qu'une question « d'adaptation»
à la nouvelle réglementation. Seule indication notable, près des deux tiers de
l'activité outre-Atlantique de l'entreprise concerne l'émission d'appels. Mais
combien en télémarketing “pur” ? La question est, de son côté, sur liste rouge.
The Telemarketing Sales Rule
Les règles américaines sur la télévente - Telemarketing Sales Rule (TSR) - ont été édictées en 1994. Elles découlent du “Telemarketing and Consumer Fraud and Abuse Prevention Act”. La TSR interdit les pratiques trompeuses et abusives des campagnes de télémarketing. Elle vise à protéger les consommateurs des appels tard dans la nuit. Ainsi, les campagnes d'appels doivent s'opérer entre 8 et 21 heures Elle oblige les appelants à s'identifier et à énoncer “avant de commencer leur entretien”, s'il s'agit d'un appel concernant une vente ou une sollicitation pour une œuvre de charité. Enfin, elle oblige l'appelant à fournir tous les documents concernant le bien ou services qu'il se propose de vendre. Autre point intéressant, elle interdit de mentir sur les termes de l'offre proposée…