L'Inde cherche à dépasser ses schémas industriels
L'Inde mise sur ses jeunes diplômés anglophones, habitués à l'informatique et payés moins cher que leurs homologues occidentaux, pour devenir le coeur mondial des centres d'appels. D'après une étude du cabinet McKinsey, le poids des call centers va se multiplier par huit d'ici 2008.
Les grands groupes américains ont d'emblée fait fi des moindres
atermoiements en matière de délocalisation. Parmi les pays les plus convoités
par les sociétés d'outre-Atlantique pour les prestations de services, l'Inde.
GE Capital India emploie 10 000 salariés. Ils assurent des tâches de
comptabilité, de contentieux et d'évaluation des crédits pour 80 branches du
groupe américain General Electric dans le monde. La plupart d'entre eux ont, en
outre, suivi des cours de géographie afin de mieux servir la clientèle.
Souvent, ils utilisent des pseudonymes à consonance américaine. Aux Etats-Unis,
quelques fuseaux horaires plus tôt, le consommateur ne peut pas se douter que
son appel a été rerouté vers l'Inde. « Notre objectif financier est de
consolider les opérations de back-office en Inde pour nos clients et de leur
proposer des prestations à un coût très compétitif », promet le prestataire GE
Capital Services India sur son site internet. L'association NASSCOM (National
Association of Software and Services Companies) recense officiellement 208
entreprises d'outsourcing de services clients. Mais elles pourraient bien être
beaucoup plus nombreuses. Les principaux centres d'appels se sont établis à
Gurgaon, Hyderabad, Ahmedabad, Chennai et Mumbai. S'appuyant sur une étude
commandée au cabinet McKinsey, le groupement NASSCOM estime que les revenus des
téléservices en Inde seront multipliés par 20 d'ici 2008, pour atteindre 810
milliards de roupies (près de 17 milliards de dollars américains) contre 40
milliards de roupies en 2000. Les effectifs du secteur pourraient alors passer
dans le même temps de 68 000 à 1,1 million de personnes. Mais, pour répondre à
la demande, les prestataires indiens doivent encore améliorer leurs
infrastructures. Les sociétés indiennes de téléservices accusent des taux de
turn-over de 20 à 25 % et doivent gérer la volatilité des salariés. En termes
de formation, le secteur s'attache davantage à mouler des exécutants qu'à
motiver des cadres. D'ailleurs, beaucoup de centres d'appels indiens
externalisent à leur tour un certain nombre de fonctions (RH, finance,
marketing, etc.), limitant ainsi les perspectives d'évolution des salariés.
Poussés par la croissance promise du secteur, plusieurs centres de formation se
sont ouverts en Inde : Sapphire Callnet à New Delhi, North Star Call Center
College à Noida, Karrox à Mumbai, ou encore le Call Center College de
Bangalore... Bientôt, ils pourront peut-être même afficher des spécialisations
différentes. L'assistance psychologique post-attentats, par exemple : selon
l'agence Reuters, un centre d'appels à Bangalore, Phoenix Global Solutions, a
déjà creusé l'idée de se spécialiser dans le conseil psychologique. 50 stations
sont ainsi mises à la disposition des citoyens américains souffrant d'un mal
psychologique.