Jean-Pierre Sueur (Ville d'Orléans) : « Valoriser les métiers des centres d'appels »
Quelle est votre perception du marché des centres d'appels ?
Les centres d'appels constituent un secteur en plein
développement et nous voulons y prendre part. Pas de manière exclusive, mais
dans le cadre d'une politique diversifiée, en nous gardant bien de céder au
"tout centres d'appels" et à la monoactivité. Nous veillons particulièrement au
bon équilibre du développement général en matière de services et d'industrie.
Aujourd'hui, les call centers salarient un millier de personnes sur Orléans et
son agglomération. Nous comptons 15 plates-formes et environ 1 300 positions.
Et ce, dans tous les secteurs d'activité : les télécoms avec trois plateaux
France Télécom, la VPC avec Quelle, la banque-assurance avec Gras Savoye, GMF,
Crédit Mutuel, Crédit Agricole, l'électronique avec IBM, Alcatel et Lexmark. Au
millier de salariés recensés sur Orléans, nous pouvons aujourd'hui ajouter les
300 collaborateurs de CMC et les 300 autres d'Experline.
Et en termes de potentiel ?
Nous estimons le potentiel de nouveaux
emplois à créer à un millier, ce qui, au total, porterait la population
travaillant dans ce secteur à 1 % de la population d'Orléans. Par ailleurs, au
vu notamment du tissu de formation existant, le potentiel de population
susceptible de travailler dans les call centers est d'environ 23 000
personnes. L'activité des centres d'appels peut-elle s'intégrer au centre
ville ? L'implantation de CMC est pour Orléans l'occasion de reconquête d'une
friche industrielle, de création d'une nouvelle entrée de ville à
Fleury-les-Aubrais, au nord de la ville. Mais le fait qu'Experline s'installe
en plein coeur d'Orléans, dans un ancien bâtiment militaire pour la rénovation
duquel nous avons investi 9 millions de francs, démontre la logique
complémentaire de cette stratégie d'implantation. Les centres d'appels ont
autant leur place en centre ville que dans la périphérie.
Quels sont les atouts d'Orléans en matière d'implantation de call centers ?
Il existe une bonne organisation entre la ville, la communauté
de communes, le département et la région. Nous travaillons ensemble, et en
temps réel. Il est capital de répondre très vite aux besoins des entreprises.
Pour Experline, il s'est écoulé seulement six mois entre le premier contact
téléphonique et l'ouverture du call center. Christophe Allard, de SR
Téléperformance, a lui-même déclaré : « Les Américains n'auraient pas fait
mieux ». Nous avons lancé la construction en blanc d'un bâtiment de 3 000 m2,
conçu pour répondre aux besoins des centres d'appels : faux plancher, surfaces
acoustiques, open space et accès fibre optique. Ce bâtiment, situé non loin du
centre d'Orléans, sera ouvert le 1er octobre 2000. Pour l'heure, nous n'avons
pas encore signé avec des entreprises mais nous sommes en contact avec treize
sociétés. On peut donc légitimement penser que deux ou trois d'entre elles
viendront bientôt s'installer chez nous. Nous avons fait des efforts en termes
d'infrastructures télécoms. La mise en place de la ligne de tramway nous a
permis de développer 18 kilomètres de réseau fibre pour les opérateurs. Enfin,
et c'est très important, nous organisons des journées d'accueil pour les
personnels des entreprises désireuses de s'installer chez nous. Nous leur
faisons visiter la ville, rencontrer des responsables qui les renseigneront sur
la scolarité des enfants, sur l'emploi pour les conjoint...
Etes-vous conscient de l'image parfois négative dont souffrent les tâches propres aux centres d'appels ?
J'ai visité le call center
d'IBM à Dublin. C'est une activité pointue, où les conseillers ne sont pas
soumis à des tâches répétitives. Je pense vraiment que la technologie permettra
aux fonctions à faible valeur ajoutée d'être automatisées. En tant qu'élu, je
suis avant tout préoccupé par l'emploi. Il ne s'agit pas de rejeter l'activité
des centres d'appels, mais de valoriser les métiers concernés. Les call centers
de demain seront beaucoup plus "intelligents" que ceux de la première
génération.